Fantômes en Afghanistan : la moitié des soldats payés par les USA n’existe pas

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L’etat-major américain a mené un audit sur les soldats fantômes en Afghanistan et le résultat est alarmant : la moitié des hommes recrutés et formés par les USA n’existe pas physiquement. Ils sont payés par le contribuable US mais n’apparaissent jamais sur le terrain.
 
C’est le SIGAR, l’inspecteur général pour la reconstruction de l’Afghanistan, qui l’a écrit dans une lettre au Secrétaire de la Défense des USA datée du 5 août et publiée vendredi dernier : il y a des soldats fantômes dans les forces armées afghanes (armée et police) que l’Amérique a créées pour remplacer ses propres troupes, en très grande majorité rapatriées sous les mandats de Barack Obama. Des fantômes en pagaille. Plus de la moitié, selon le SIGAR. Il évalue les effectifs de l’ANDSF (forces nationales de défense et de sécurité d’Afghanistan) à 319.595 hommes : près de 200.000, d’après sa lettre, ne seraient que des chiffres sur des états administratifs. La moitié du dispositif qui assure la sécurité de l’Afghanistan est peuplée de fantômes.
 
 

Soldats fantômes d’Afghanistan : ils sont régulièrement payés

 
 Rassurez-vous, ces fantômes sont cependant payés, régulièrement, avec les impôts du contribuable des USA. Où va l’argent, la réponse est à la fois très simple et très compliquée : sur les comptes des soldats fantômes, mais à partir de là, la traçabilité est faible. Le SIGAR a mené particulièrement son enquête dans l’Helmand, une province pachtoune du sud-ouest de l’Afghanistan qui donne sur le Baloutchistan pakistanais, par où les Talibans entrent facilement en Afghanistan et en ressortent tout aussi facilement. L’endroit, peu peuplé, a toujours été fortement tenu par les rebelles islamistes, et les forces armées gouvernementales y sont mal à l’aise. C’est pourquoi sans doute, quand une opération se monte, la moitié des dix mille policiers et des seize mille soldats de la province n’apparaît jamais sur le terrain. Pourtant, le chef de la police de l’Helmand le reconnaît : « Les soldes des soldats fantômes ont été perçues ces huit derniers mois, l’argent a été versé sur des comptes personnels. »
 

La moitié des soldats n’existe pas : risque pour les USA

 
Le gouverneur du Helmand lui aussi a pris note qu’il « y a des soldats fantômes dans les forces de sécurité », mais il n’en a pour sa part rayé des listes que 400. Le SIGAR fulmine mais n’est pour l’instant pas entendu. Déjà en avril 2015, il estimait que les « données imprécises et peu fiables concernant le personnel de sécurité en Afghanistan » pourrait constituer une menace pour la sécurité des USA et le porte-monnaie de leurs contribuables. Les USA ont dépensé près de 70 milliards de dollars pour recruter, équiper, entraîner, loger, nourrir et solder les forces armées afghanes, y compris leurs fantômes.
 
Le Pentagone se refuse pour l’instant à tout commentaire. Le public US ne sait pas notamment si des soldats américains sont morts dans des opérations menées avec des soutiens fantômes. Quel que soit le montant des débours payés pour leur entretien, c’est en effet sur le terrain que le prix des soldats fantômes est le plus élevé.
 

Pauline Mille