Sondage : les travailleurs ne votent plus pour les travaillistes britanniques mais pour l’UKIP

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Chez nos voisins britanniques non plus les travailleurs ne votent plus pour la gauche. Dans leurs préférences, le dernier sondage place les travaillistes en troisième position derrière les conservateurs et l’UKIP. Une conséquence du mépris des intellectuels progressistes pour la « populace ».
 

L’UKIP progresse dans les sondages

 
L’élection législative partielle au siège de Stoke-on-Trent, laissé vacant par son titulaire Tristram Hunt, mobilise le patron des travaillistes Jeremy Corbin. Il est venu soutenir son poulain local dans ce premier scrutin important après le Brexit pour prendre le pouls de la population. Jusqu’alors le siège était détenu par les travaillistes, mais il n’exclut pas que les populistes de l’UKIP puissent l’emporter. Le dernier sondage national n’est pas très encourageant pour lui. Il donne 39 % aux conservateurs, 24 aux travaillistes et 14 à l’UKIP. Du jamais vu depuis la dérouillée du premier ministre Gordon Brown en 2010. Surtout, ils placent l’UKIP devant le Labour chez les travailleurs, avec 23 % contre 20 %.
 

Les travailleurs qui quittent les travaillistes sont des « ordures »

 
Il faut dire que les travaillistes, tout en se proclamant le parti des travailleurs et en cherchant le suffrage de ceux-ci, ne cachent plus leur mépris du peuple. Dans une séquence télévisée accablante filmée alors qu’il s’adressait à un public de Londres, Paul Mason, l’un des plus proches soutiens de Jeremy Corbin, s’est laissé aller à des jugements d’une franchise ravageuse : « La plupart des gens de l’UKIP (sont des gens qui) ont glissé des travaillistes à l’extrémisme. Ce sont fondamentalement des ordures (toe-rags, que l’on peut aussi traduire par « raclures, fumiers, paillassons »). Ce sont les types qui vous piquent votre bicyclette. » Et pour ceux qui n’auraient pas compris, il ajoute, à l’image : « Non, sérieusement, c’est bien ce qu’ils sont, ce genre de type qui ont tous les comportements antisociaux. »
 

Un mépris qui choque tous les Britanniques

 
Evidemment, avec de tels adversaires, le porte-parole de l’UKIP n’a pas eu à se donner beaucoup de mal : « Paul Mason a enfin dit tout haut ce que pense depuis longtemps la gauche radicale de ceux qui votent traditionnellement pour les travaillistes, mais qui ont perdu la foi et sont venus à l’UKIP. Pour lui ce sont probablement des ordures parce qu’ils sont patriotes, que l’immigration leur cause du souci et qu’ils soutiennent le Brexit ». Et de répondre du berger à la bergère : « M. Mason et les radicaux des grandes métropoles sont des canailles. Nous à l’UKIP comprenons et partageons les préoccupations des anciens électeurs travaillistes et nous les traiterons toujours avec respect ».
 

Sondage après sondage, les « ordures » votent mal

 
Il est juste de penser que les progressistes, les libéraux, les radicaux des grandes métropoles, quelque soit le nom qu’on leur donne et qu’on les classe à gauche, à droite ou au centre, ont, même s’ils divergent sur les programmes, une mentalité et une vie quotidienne communes. En France par exemple, c’est Macron, après Juppé, qui les représente.
 
L’inspiration qui les anime vient de la gauche. Ils ont une aversion instinctive pour tout ce qu’ils disent ringard, beauf, populiste. Ce n’est pas une question d’argent, mais de snobisme culturel et politique. Ce n’est pas à proprement parler le caviar qui fait la gauche, c’est la certitude de sa supériorité intellectuelle et morale, la conscience d’appartenir à une caste de juges et de prophètes, voire de sauveurs de l’humanité. Dans les années quatre-vingt déjà, Louis Mermaz, alors qu’il présidait l’Assemblée nationale, condamnait la « populace » coupable de voter Le Pen. Aujourd’hui, Paul Mason lui fait écho avec ses « ordures » britanniques. Le temps n’a rien appris aux aveugles du système.
 

Pauline Mille