COMEDIE The Square ♥♥


 
The Square, soit le carré en français, est une œuvre d’Art contemporain, à l’existence réelle : il a été tracé sur la voie publique, à proximité immédiate du Musée d’Art contemporain de Stockholm, un espace carré consacré à la « bienveillance », comme le clame le texte grandiloquent et consensuel qui définit sur une plaque de bronze ce concept. Toute personne franchissant les limites de ce carré serait tenue de venir concrètement en aide à autrui. L’Art contemporain tient souvent d’une forme de jeu, d’activité ludique. Mais est-ce vraiment de l’Art ? Il y a de quoi tout de même se poser la question, ce que fait le film, de manière ironique, toujours au deuxième degré.
 
The Square a reçu de manière totalement inattendue la prestigieuse, et très surfaite depuis deux décennies au moins, Palme d’Or du Festival de Calme. Elle a donc échappé au film à la gloire d’Act-Up, 120 battements par minute, l’association militante homosexuelle, et c’est le premier mérite de The Square, assurément. En outre, chose étonnante, le film est réussi. Il joue avec tous les codes de l’Art contemporain, y compris, ce qui n’est pas forcément évident pour qui n’y est pas initié, avec ses « performances » artistiques. Il en résulte aussi que le film ne s’adresse qu’à un public d’adultes avertis, et comprend une scène, mais une seule, brève, à la limite de la décence. Cette idée de bienveillance, typique de la société suédoise « ouverte », et de ses applications concrètes problématiques parfois, irrigue tout le film.
 

The Square, une satire réussie de l’art contemporain et de la société suédoise ouverte

 
Les gens dans le mode réel, sont-ils pourtant si bienveillants ? Le directeur du musée croit l’être, jusqu’à ce qu’on lui vole son portefeuille, avec son téléphone portable. Là, il n’est pas content. Le portable étant à peu près géolocalisé, suivent des aventures rocambolesques. Les malheurs, ou les difficultés s’accumulent ensuite : l’amante d’un soir a l’idée singulière de revenir le voir, et ce durant son travail ; un technicien de surface balaie les graviers d’une œuvre d’avant-garde composée de tas de cailloux ; le culturiste, qui fait littéralement le singe dans une « performance », lors d’un dîner de riches donateurs, prend son rôle tellement au sérieux qu’il les agresse physiquement, en poussant des cris de chimpanzé furieux ; ses fillettes, probablement en vacances, le rejoignent, ce qu’il avait complètement oublié, en père divorcé négligeant, donc doivent le suivre partout, etc.…Il est débordé, et il en résultera une série de catastrophes. Il ne saura rétablir que les tas de cailloux, à l’aide d’une pelle ; malgré les inquiétudes de la conservatrice ni l’artiste ni le public ne s’apercevront de rien, assure-t-il. Si le rythme est un peu lent, et le film aurait gagné assurément à un montage plus serré, The Square propose une satire réussie et de l’art contemporain et de la société suédoise ouverte au-delà.
 

Hector JOVIEN

 
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