Le 11 novembre au matin le pape François a décidé de retirer Mgr Joseph Strickland de ses fonctions à la tête du diocèse de Tyler, au Texas. Cette décision personnelle du pape (surtout si elle a été prise « in forma specifica ») n’est pas susceptible d’un recours canonique, c’est le fait du prince. Vu le rôle et le pouvoir du pape, qui est un monarque au sommet d’une structure hiérarchique, monarque que nul dans l’Eglise ne peut juger, il ne s’agit pas d’un scandale en soi. Reste le goût amer de l’injustice qu’il est impossible de contester canoniquement, d’autant plus qu’aucune raison de fond n’a été avancée pour justifier cette brutale éviction d’un évêque fidèle, qui ne comptait l’an dernier, pour un troupeau modeste de quelque 120.000 âmes, pas moins de 21 séminaristes. Mgr Strickland a réagi à sa destitution de manière admirablement surnaturelle ; le texte de son premier entretien sur le sujet est intégralement disponible ci-dessous.
Aucun fait précis n’est en effet reproché à ce successeur des apôtres. Il demeure évêque, sans que l’on sache pour l’instant si à l’âge relativement précoce de 65 ans il sera nommé évêque in partibus d’un diocèse sans fidèles ou simplement relégué au rang d’évêque émérite de Tyler.
Mgr Strickland, destitué de Tyler en raison de propos violents ?
On peut énumérer un certain nombre de torts supposés du point de vue de la Rome actuelle : une grande fidélité à l’enseignement traditionnel de l’Eglise, des prises de position nettes sur le refus de la communion aux responsables politiques qui font la promotion de l’avortement (ce qui encourt l’excommunication automatique), les déclarations critiques à l’égard de la confusion doctrinale que sème le pape François, l’ouverture à la messe traditionnelle en opposition au motu proprio Traditionis custodes, l’accueil pendant un temps d’une ancienne Dominicaine du Saint-Esprit, Mère Marie Ferréol, expulsée de sa communauté et de la vie religieuse par une décision similaire émanant in fine du pape François lui-même, mais émaillée de nombreuses irrégularités canoniques.
Il avait notamment tweeté : « Je crois que le pape François est le pape mais il est temps pour moi de dire que je récuse son programme de sape du dépôt de la foi. Suivez Jésus. »
Tout cela avait déclenché une visite apostolique qui avait été menée par deux visiteurs, dont l’évêque émérite de Tucson, Arizona, Mgr Gerald Kicanas. Celui-ci était jadis à la tête de l’association caritative Catholic Relief Services, au moment où celle-ci était accusée par des associations pro-vie de financer des groupes pro-avortement de grande envergure mondiale, comme Population Services International qui diffuse des produits abortifs dans les pays pauvres. Furieux, Kicanas avait justifié le don de 2,7 millions de dollars à ce groupe, en y ajoutant des mesures de rétorsion à l’encontre de ceux qui l’accusaient. Lors de sa tentative avortée de prendre la tête de la conférence des évêques des Etats-Unis en 2010, il avait bénéficié du soutien d’un mouvement arc-en-ciel, le Rainbow Sash Movement.
Dans un communiqué mis en ligne le 11 novembre, le cardinal Daniel DiNardo, archevêque de Galveston-Houston dont Tyler est un diocèse suffragant, a annoncé, dans le même flou qui semble indiquer qu’aucun reproche concret ne peut être fait à Mgr Strickland :
« Les prélats ont mené une enquête exhaustive sur tous les aspects de la gouvernance et de la direction du diocèse de Tyler par son ordinaire, Mgr Joseph Strickland. A l’issue de cette visite, il a été recommandé au Saint-Père que le maintien de Mgr Strickland dans ses fonctions n’était pas envisageable. Après des mois d’examen attentif par le Dicastère pour les évêques et le Saint-Père, la décision a été prise de demander à Mgr Strickland de démissionner. Après avoir reçu cette demande le 9 novembre 2023, Mgr Strickland a refusé de démissionner. Ensuite, le 11 novembre 2023, le Saint-Père a retiré à Mgr Strickland sa charge d’évêque de Tyler. »
A Rome, Mgr Strickland proclame son amour du pape
Mgr Strickland a participé au « Rome Life Forum » organisé par LifeSiteNews à Rome il y a une quinzaine de jours. D’aucuns spéculent sur le fait de savoir si ses propos au sujet du pape François à cette occasion ont précipité la décision de le relever de sa charge. Lors de sa conférence de feu à cette occasion, marquée par l’hommage qu’il a rendu à la messe traditionnelle, Mgr Strickland avait en effet longuement cité une lettre qu’il a reçue d’un ami ; celui-ci parle de l’« usurpateur de la chaire de Pierre » et utilise quelques autres expressions du même acabit au sujet du pape. Interrogé à plusieurs reprises à leur sujet, aussi bien en privé (et notamment par moi) que lors d’une session de questions du public, Mgr Strickland a précisé qu’il n’adoptait nullement une position sédévacantiste et qu’il avait compris que son interlocuteur parlait d’« abus de pouvoir » de la part du pape François. Mgr Strickland précisait qu’il adhérait en tous points à ce que dit Mgr Athanasius Schneider au sujet du pape François : il proclamait le reconnaître comme pape, l’aimer et prier pour lui.
C’est cet amour de l’Eglise et du pape qui est au cœur de l’entretien que Mgr Strickland a enregistrée avec John-Henry Westen de LifeSiteNews le jour même où l’évêque fut averti de son renvoi de son diocèse. Je vous en propose ici ma retranscription-traduction intégrale de ce texte d’une grande profondeur, d’une grande fidélité et d’une grande foi.
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La réaction de Mgr Strickland à sa destitution dans un entretien avec John-Henry Westen
John-Henry Westen : Mgr Strickland, cela fait à peine six heures que le pape François vous a officiellement démis de vos fonctions dans votre diocèse. Pouvez-vous nous donner vos premières réactions ?
Mgr Strickland : Eh bien, c’est pour moi un jour triste, mais je suis fort dans le Seigneur. Ces deux images derrière moi, le Sacré-Cœur et le Cœur Immaculé de Marie, ces piliers de l’Eglise en ce temps sont, ont été, comme je l’ai dit, les piliers de la force pour moi de bien des manières, et j’espère qu’ils seront les piliers de la force pour chacun d’entre nous. Je m’encourage et j’encourage les autres à prier plus profondément que jamais, à prier pour le pape François, à prier pour l’Eglise, à prier pour notre monde.
Il va sans dire que j’apprécie les prières à mon intention, et j’en ai besoin, et que je prie pour le diocèse de Tyler, pour les nombreuses personnes dont la vie est perturbée par cette affaire. Mais nous allons de l’avant, espérons-le, et je prie pour que nous soyons plus proches que jamais du Cœur Sacré du Christ. J’exhorte les uns et les autres à ne pas avoir le sentiment de pouvoir s’éloigner de l’Eglise.
Nous sommes un seul corps. Nous sommes le corps mystique du Christ qu’est l’Eglise. Telles sont mes réflexions, parmi beaucoup d’autres. Mais ce sont les pensées essentielles : nous continuons dans la foi, nous avançons dans la foi. Oui, pour moi personnellement, c’est une tempête. Je ne peux pas faire comme si ce n’était pas le cas. Il y a beaucoup de questions, tout un agenda vide qui sera, j’en suis sûr, rempli de différentes manières, mais je me réjouis de demeurer un successeur des apôtres.
Comme face à toute réalité, je dois être humble et j’essaie d’aborder cela avec humilité. Saint Jean-Baptiste a toujours été un modèle pour moi. Il faut que le Seigneur grandisse et que nous diminuions. C’est pourquoi j’espère vraiment et je prie pour que tout cela prenne un sens plus profond dans ma vie. Et j’espère que ce sera le cas pour chacun d’entre nous. Ce n’est pas seulement en tant qu’évêques que nous imitons le grand Jean-Baptiste, mais c’est vraiment une question d’être disciples. Nous montrons le Seigneur. C’est toujours le Seigneur. C’est pourquoi la Sainte Vierge Marie est si importante pour nous.
JHW : Je tiens à vous assurer dès maintenant de ce que des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes prient déjà pour vous. Nous avons lancé une pétition de prière pour vous et je crois qu’il y a quelques heures, quand j’ai regardé, elle avait déjà 14.000 signatures. Vous êtes très, très aimé. Et beaucoup de ceux qui vous aiment vont se demander en ce moment même ce que cela signifie pour vous en termes de conditions de vie, en termes de capacité à exercer votre ministère en tant que prélat. Savez-vous ce que cette décision implique pour vous en ce qui concerne votre lieu de résidence et vos activités ?
Mgr Strickland : Eh bien, John-Henry, vous attendez des réponses à vos questions, mais je n’ai pas ces réponses pour l’instant. Cela peut sembler un peu piétiste, mais je crois que c’est tout simplement la réalité : je suis entre les mains du Seigneur, comme nous le sommes tous. Aucun d’entre nous ne sait vraiment de quoi demain sera fait, et je peux vivre cette période comme une occasion de vraiment comprendre que je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais je sais que le Seigneur est avec moi. Je connais la puissance de son amour. Je ressens la puissance de cette prière que vous avez évoquée.
Et bien sûr, je reste un évêque et un successeur des apôtres. J’encourage les gens, comme je l’ai entendu récemment de la bouche de l’évêque Athanasius Schneider, à prier plus profondément que jamais pour le pape François, pour la hiérarchie vaticane, pour tous ceux qui ont l’immense responsabilité de conduire l’Eglise en ces temps.
J’apprécie ces prières pour moi, mais je vous demande d’y ajouter des prières toutes spéciales pour le pape François, le pontife romain. Il a besoin de nos prières. Je sais qu’il nous arrive à tous de ressentir de la frustration. Il nous arrive à tous d’être désorientés, parfois en colère. Mais s’il vous plaît, convertissez tout cela en prière et en demande d’intercession, en particulier celle de la Vierge Marie Immaculée, celle dont la puissance d’intercession est la plus grande, la Mère du Fils de Dieu : l’amour entre le Cœur Immaculé et le Cœur Sacré est un amour qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer.
Nous voulons donc nous en souvenir et prier pour que le pape François puisse être de plus en plus profondément enveloppé par la merveille de cet amour. C’est cela que je ressens. Oui, c’est véritablement ce que je ressens. J’ai dit à maintes reprises que je n’ai jamais eu la grâce d’une apparition, d’une locution, ou de quoi que ce soit de surnaturel de ce genre. Mais j’ai eu la grâce de la prière profonde, du rosaire et de l’adoration eucharistique, les deux piliers de la prière qui sont les piliers que vous voyez derrière moi, les piliers de la vision de saint Jean Bosco : la Vierge Marie Immaculée et Notre Seigneur eucharistique.
J’ai la chance de connaître ces piliers d’une manière très personnelle. Le rosaire s’est mis à vivre pour moi d’une manière tout à fait stupéfiante ; vraiment, je n’ai pas de mots. Il en va de même pour Notre Seigneur eucharistique, réellement présent. Nous savons que nous vivons une époque de questions et de confusions dans la foi et que beaucoup de gens s’en éloignent, que beaucoup de catholiques disent : « En fait, ils ne croient plus vraiment en ces choses-là. » Et trop de personnes haut placées dans l’Eglise agissent, pour le moins, comme si elles ne connaissaient pas vraiment le Seigneur, ni sa Mère. Parce que nous les connaissons, assumons cette œuvre de charité qui consiste à prier pour ceux qui sont désorientés, à prier pour ceux qui ont tourné le dos aux réalités, aux réalités exigeantes de notre foi.
Tout cela pour dire que je n’ai pas de réponses sur la manière exacte dont cette affaire va se dérouler, mais je sais que je m’inclinerai devant cet autre qui prendra les rênes, d’abord l’administrateur, puis le nouvel évêque qui sera nommé pour diriger le diocèse de Tyler.
J’ai dit que je ne pouvais pas démissionner. Je ne pouvais pas, de mon plein gré, abandonner le troupeau qui m’avait été confié. Mais maintenant qu’une autorité, le pape François, qui a le pouvoir de me démettre de mes fonctions d’évêque, a choisi de le faire, je dois le respecter. Donc, je ne suis plus évêque de Tyler, et cela, je vais devoir le mettre à plat, honnêtement, moi-même, et en quelque sorte tout remettre en ordre pour savoir qui je suis en tant que successeur des Apôtres, sans diocèse local dont je dois m’occuper.
Mais parce que j’aime le Seigneur, j’aime notre foi catholique. J’aime tous les aspects de la foi et je veux soutenir la fonction pétrinienne, le collège des cardinaux, le collège des évêques, tous les prêtres, les diacres et les fidèles, le véritable corps de l’Eglise, les pierres vivantes, les personnes de foi que j’ai rencontrées au cours de ces dernières années en tant qu’évêque, de manière magnifique, dans toutes sortes de situations différentes. Je crois donc que je conclurais cette réponse un peu verbeuse, je suppose, mais nous avons tous de nombreuses questions dans nos vies : la réponse est que nous sommes entre les mains de Dieu. Nous appartenons au Seigneur. L’Eglise lui appartient. Nous avons confiance en cela. Cela nous fortifie. Nous sommes guidés à travers les ténèbres dans sa lumière. Ce week-end, nous prierons à nouveau lors des messes dominicales, en récitant le Credo : Lumière de lumière. Jésus-Christ est lumière née de la lumière. Quelles que soient les ténèbres, il est la lumière. Suivons-le. Viva Cristo Rey.
JHW : L’une des principales questions que se posent les gens en ce moment est la suivante : pourquoi ? Pourquoi cela arrive-t-il alors que le père Rupnik, prêtre abuseur sexuel, alors que toutes sortes de religieuses implorent réparation pour les abus qu’elles ont subis, vient d’être placé dans un diocèse, sans réelles sanctions. Il y a le cardinal Danneels, le cardinal Kasper, tous ces cardinaux connus pour être infidèles à bien des égards, et pourtant aucune sanction n’est prise. Mais vous voilà, vous : un fidèle disciple catholique du Seigneur, un apôtre du Seigneur, l’un des successeurs des apôtres. Et d’ailleurs, s’il fallait deviner lequel, je dirais toujours que vous êtes le successeur de Jean, parce que vous tenez votre tête près de son Cœur plus que n’importe quelle autre personne que je n’ai jamais vue. Avez-vous quelque idée de la raison pour laquelle cela a été fait ?
Mgr Strickland : Eh bien, John Henry, la seule réponse que je puisse donner à cette question est qu’il existe aujourd’hui dans l’Eglise des forces qui ne veulent pas de la vérité de l’Evangile. Elles veulent que celle-ci soit changée. Elles veulent la voir ignorée. Elles veulent se débarrasser de la vérité qui, glorieusement, ne disparaîtra pas. La vérité, c’est Jésus-Christ, son Corps mystique, qui est l’Eglise, toutes les merveilles pour lesquelles les martyrs sont morts et les saints ont vécu pendant près de 2000 ans, depuis que le Christ est mort et ressuscité.
Encore une fois, le pape François a sans aucun doute la responsabilité de prendre les décisions propres au souverain pontife. Il est le seul à détenir cette autorité, mais de nombreuses forces s’exercent sur lui et l’influencent pour qu’il prenne ce type de décisions. Je sais que cela devient frustrant, mais c’est pour cette raison que nous prions pour le pape, pour lui en tant que fils de Dieu et pour son rôle en tant que Souverain Pontife.
Mais nous devons reconnaître que des forces formidables et puissantes sont à l’œuvre dans le monde. Saint Paul nous rappelle que nous ne luttons pas contre des êtres humains, la chair et le sang : nous luttons contre les puissances et les principautés du mal. C’est une affirmation qui peut paraître très forte, mais je crois qu’elle est vraie. C’est la réalité. Le mal ne veut pas de la vérité de Jésus-Christ. Pourquoi la Rome antique l’a-t-elle crucifié ? Parce qu’elle ne voulait pas de la vérité qu’Il proclamait. On a considéré qu’elle dérangeait. On la voyait comme un défi et une menace pour le pouvoir. Ils la voyaient de toutes les façons dont les gens, malheureusement, la voient aujourd’hui. Et même au sein de l’Eglise, et c’est le grand mystère de notre époque, il y a des gens qui, au lieu de se glorifier de la vérité du Christ, veulent supprimer des portions significatives de l’Ecriture sainte et dire : « Oh, nous nous sommes trompés, ou nous allons tout simplement l’ignorer. »
Les saints ne se sont pas trompés au long de 2000 ans. La doctrine et la compréhension qu’on en a se développent, mais elles se développent dans le sens d’un approfondissement, et non d’une inversion de sens. Mais il y a des forces dans le monde qui veulent inverser la direction, qui veulent changer les enseignements moraux, qui veulent restructurer totalement l’Eglise. Mais admirablement, l’Eglise a fonctionné. Malgré toutes les faiblesses humaines, elle continue d’exister parce qu’elle est sainte, guidée par le Saint-Esprit, et que le Saint-Esprit a développé les structures fondamentales de l’Eglise.
Je conclurais ces réflexions en regardant ce qui se passe dans l’architecture catholique, du moins ce que j’en ai vu récemment. De belles églises ont été construites ces dernières années. Lorsque j’étais au séminaire, on ne construisait pas de belles églises. Ils expérimentaient avec des bâtiments dont beaucoup sont en train d’être démolis aujourd’hui. Je pense que c’est une bonne métaphore de ce qui se passe dans le monde. Nous voulons construire, ou le monde veut construire, quelque chose de différent. Le Christ est la vérité incarnée. Il a révélé qui nous sommes et quel est le dessein pour l’humanité. Ce n’est pas la première fois que les pouvoirs en place veulent rejeter cette vérité. Ce qui est troublant et au moins sans précédent, tel que je le vis, c’est que des gens de l’intérieur de l’Eglise veulent changer l’Eglise et rejeter les vérités fondamentales, mais la réponse est de rester dans l’Eglise.
Franchement, je crois vraiment que le diocèse de Tyler que je servais il y a encore quelques heures, est béni d’avoir de nombreux séminaristes, d’excellents jeunes hommes, forts, qui feraient de merveilleux maris ou de merveilleux pères spirituels en tant que prêtres ; solide sur le plan financier, avec une énorme générosité de la part de la population… Je veux dire, rien, aucun endroit n’est parfait. Aucune famille n’est parfaite, mais le diocèse est en bonne santé et compte des personnes très dévouées dans les bureaux de la chancellerie, et des prêtres tout aussi dévoués dans les paroisses. Je suis très fier des prêtres du diocèse. Je ne vois donc aucune raison à cette situation, si ce n’est que j’ai représenté une menace pour certains des pouvoirs en place en leur présentant la vérité de l’Evangile, qui ne changera pas, et qui ne peut pas changer.
Elle est pérenne, éternelle, glorieuse. Et si vous voulez qu’elle change, alors je suis un problème. Et je pense que c’est la raison. Encore une fois, je ne mets pas tout sur le dos du pape François. Je veux dire : j’ai moi-même l’expérience d’un évêque. Il faut prendre des décisions. C’est lui qui prend la décision. C’est pourquoi je pense que nous devons prier profondément pour lui.
Il est un homme, et moi aussi. Aucun d’entre nous n’a de super-pouvoirs. Nous avons tous le don du Saint-Esprit pour nous guider lorsque nous lui ouvrons notre cœur. Mais il y a des forces que nous devons reconnaître qui sont derrière tout cela, qui poussent à la destitution d’un évêque pour avoir défendu l’Evangile, comme vous le dites.
C’est très intimidant, mais c’est une belle image que j’aime à embrasser : si je peux, d’une manière minuscule, me tenir au pied de la Croix, comme l’a fait Jean, le seul à s’y tenir, je suis béni de jouer ce rôle, comme Jean l’a fait, je considère comme une bénédiction d’avoir ce rôle, comme l’a fait Jean. Ce n’est pas un rôle facile, mais un rôle qui dit que je me tiens au pied de la Croix de la Vérité incarnée.
A bien des égards, le corps du Christ, le Corps mystique de l’Eglise qui est l’Eglise, le corps du Christ, traverse actuellement une passion. Les forces du monde, dans l’Eglise et au-delà, nous l’avons tous lu, beaucoup de gens disent : nous allons enfin éliminer l’Eglise catholique.
Nous venons de fêter hier le pape saint Léon le Grand, et la proclamation de l’Evangile nous a rappelé que les portes de l’enfer ne prévaudront pas. C’est pourquoi, lorsque les gens propagent un faux discours qui semble peut-être attrayant pour beaucoup et qui donne l’impression que l’Eglise assouplit ses enseignements rigides, si ce n’est pas la vérité, cela ne va pas durer ; mais en fin de compte, cela laisse des vies et des familles, et même des sociétés, vides et dévastées.
Je dois donc continuer à proclamer la vérité avec joie et espoir, et avec humour, je l’espère : avec l’espoir d’un avenir lumineux, avec la lumière du Christ qui me guide. Encore une fois, je donne de longues réponses… Je pense en un mot que la raison de tout ceci est que j’ai menacé trop de personnes puissantes qui veulent changer la vérité.
Ils n’y arriveront jamais. La vérité ne change pas. Les Ecritures nous l’affirment. Jésus-Christ est le visage de la vérité. Il ne se transforme pas en un être différent de celui qu’Il était lorsqu’il est mort sur la Croix et qu’Il est ressuscité pour nous. Il est le même Seigneur. Il est le chemin, la vérité et la vie. Et pour ceux qui veulent changer cela, le temps d’un en termes d’histoire humaine, nous devons vivre ce jour, mais c’est un moment qui passera, et la vérité prévaudra.
JHW : Donc, Mgr Schneider, dans sa note sur votre annulation, votre renvoi, votre destitution, affirme :
« Mgr Strickland entrera probablement dans l’histoire comme un “Athanase de l’Eglise des Etats-Unis” qui, contrairement à saint Athanase, n’est pas persécuté par le pouvoir séculier, mais incroyablement par le pape lui-même. Il semble qu’une sorte de “purge” des évêques, fidèles à la foi catholique immuable et à la discipline apostolique, en cours depuis un certain temps, ait maintenant atteint une phase décisive. »
Qu’en pensez-vous ? Vous avez vu un évêque destitué pour avoir refusé d’imposer la vaccination. D’autres évêques ont été révoqués ces derniers temps. Nous avons vu le cardinal Burke, au tout début de ce pontificat, être démis de ses fonctions sans ménagement. Aucune explication n’a été donnée. Il a simplement été démis de ses fonctions. Le cardinal Sarah a été en quelque sorte démis de ses fonctions, même s’il avait, bien sûr, atteint l’âge de la retraite. Mais il a été immédiatement démis de ses fonctions et il y a eu toutes sortes de choses concernant ce qui s’est passé au Vatican sous le pape François et qui ont été très, très troublantes pour les fidèles.
Je sais que vous avez à cœur de prier pour le pape. Voici les mots que Mgr Schneider utilise, des mots dont il affirme que vous-même et d’autres évêques fidèles, annulés ou marginalisés de cette manière, devriez les prononcer. Et voici la citation de la prière qu’il encourage :
« Saint-Père, pourquoi nous persécutez-vous et nous frappez-vous ? Nous avons essayé de faire ce que tous les saints papes nous ont demandé de faire. Avec un amour fraternel, nous offrons le sacrifice de ce type de persécution et d’exil pour le salut de votre âme et pour le bon état de la Sainte Eglise romaine. Vraiment, nous sommes Vos meilleurs amis, Très Saint-Père ! »
Mgr Strickland : Eh bien, je suis d’accord avec cette expression de Mgr Schneider. Je l’ai entendu, j’ai beaucoup de respect pour Mgr Schneider et son histoire, pour moi, résonne d’une foi profonde. Il a vécu une enfance dans une situation que de nombreuses personnes craignent de connaître dans de nombreux endroits du monde, une situation dans laquelle on se réjouissait d’avoir occasionnellement la possibilité de célébrer la messe. J’ai donc beaucoup de respect pour Mgr Schneider. Nous avons des parcours très différents. Nous vivons chacun un peu à l’autre bout du monde. Je dirais qu’en ce qui concerne le pape François, l’une des choses que Mgr Schneider a dites et que j’approuve vraiment, c’est qu’en tant qu’évêque, il est notre frère aîné et que nous avons donc l’obligation de prier pour lui, de prier pour qu’il approfondisse au mieux la foi.
Vous savez, j’avais deux frères aînés, et parfois c’est difficile parce qu’on peut avoir de la colère, toutes les émotions humaines, mais nous devons nous rappeler qui nous sommes. Nous sommes le Corps mystique du Christ et le pape François est la tête de ce corps sur terre, représentant le Christ ; il est le serviteur des serviteurs de Dieu, l’une des anciennes descriptions de la papauté.
J’aime donc que l’on se soucie de lui, que l’on prie pour lui. Et c’est ce que j’entends dans la dernière expression de Mgr Schneider que vous proposez : prier pour lui comme pour un frère aîné. Nous connaissons la vérité et s’il y a une confusion apparente ou un manque d’adhésion à cette vérité de la part d’un frère aîné, nous avons l’obligation, par amour, de prier patiemment et toujours respectueusement, mais clairement avec clarté et charité, et d’y appeler les frères aînés, les frères cadets, tout le monde dans l’Eglise, tout le corps mystique de l’Eglise ; nous avons tous besoin d’être appelés à une foi plus profonde, à nous détourner du péché, à nous détourner de tout faux message, et à adhérer à la vérité qui nous interpelle.
J’exhorte donc chacun d’entre nous à prier de plus en plus profondément la Vierge Immaculée et à se tourner vers le Sacré-Cœur du Christ, en priant pour que sa miséricorde s’étende sur François, sur l’Eglise et sur le monde. Il convient de noter que l’Eglise traverse cette énorme tourmente à un moment où le monde est également en proie à deux guerres majeures qui pourraient s’aggraver à tout moment. Beaucoup de gens meurent et souffrent.
Ainsi, l’Eglise dans la tourmente n’est pas aussi forte qu’elle devrait l’être pour apporter la lumière du Christ au monde. Nous avons donc tous l’obligation, en tant que catholiques fidèles – et j’exhorte à nouveau chacun à être plus fidèle que jamais – de ne pas laisser cette situation empêcher de vivre notre foi catholique de manière vibrante et joyeuse, pleine d’espoir.