La troisième partie – la plus controversée – de l’Instrumentum laboris, où figurent des recommandations sur l’attitude à adopter à l’égard des homosexuels, est arrivée en discussion avant même les circuli minores sur la deuxième partie, dès samedi au synode. Le cardinal Erdö, rapporteur général normalement chargé d’introduire les travaux, n’a pas eu droit à la parole : lui reprochait-on son rapport introductif particulièrement limpide ? C’est le cardinal Baldisseri, secrétaire général, qui a pris la parole à sa place. Cela ne suffit pas à dire que le synode est définitivement acquis au discours « gay-friendly », mais il n’est pas interdit de réfléchir à la manière dont les pressions du lobby LGBT s’exercent et se répercutent.
Dans l’Instrumentum laboris, l’article 8 évoque « la stabilité d’un couple institué indépendamment de la différence sexuelle », et indique qu’il ne peut prétendre à « la même légitimité que la relation conjugale intrinsèquement liée aux rôles paternel et maternel ». « La confusion n’aide pas à définir la spécificité sociale de ces unions affectives », poursuit le texte. Cela laisse à penser très nettement que ces « unions affectives », homosexuelles donc, ont une « spécificité sociale », c’est-à-dire droit à une forme de reconnaissance et à un rôle social.
De même, note Voice of the Family, les précisions apportées dans le rapport final du synode extraordinaire en 2014 sur l’impossibilité d’établir des « analogies, même lointaines » entre le comportement homosexuel et le « dessein de Dieu sur le mariage et la famille » n’ont pas été reprises dans les commentaires qu’y ajoute le document de travail.
Le « coming-out » de Mgr Charamsa est une pression du lobby LGBT
D’aucuns ont pensé que le coming out bruyant de Mgr Charamsa à la veille du synode, avec ses revendications, ses accusations contre l’« homophobie » de l’Eglise et sa mise en avant de son « couple » allaient avoir une répercussion bénéfique sur le synode, montrant aux pères synodaux jusqu’où peuvent aller les demandes du lobby des « droits LGBT ». Une sorte de piqûre d’alerte, si on veut. Ils allaient comprendre à quel point le Vatican lui-même était en proie à des personnes professant la foi et même responsables de sa sauvegarde qui font de la sape.
Ce serait trop beau.
Il ne faut pas croire non plus que la démarche de Mgr Charamsa n’est qu’une anecdote. Le texte publié il y a peu par Riccardo Cascioli de La nuova Bussola me paraît au contraire apporter une analyse juste. Le journaliste voit dans l’épisode Charamsa le dernier épisode d’une stratégie peaufinée depuis longtemps. Uns stratégie qui vise à asseoir le pouvoir du lobby gay au sein même de l’Eglise.
On sait que le sujet de l’homosexualité est entré par effraction dans le synode extraordinaire, par le biais du rapport d’étape signé par Mgr Bruno Forte, et qu’il y est resté contre la volonté des pères synodaux et par manœuvre, le maintien d’un paragraphe sur le sujet ayant été imposé bien qu’il n’eût pas obtenu la majorité requise des deux tiers.
Un synode « gay-friendly » ? Oui, tel qu’on le présente…
Le paragraphe en question restait confus, évoquant surtout l’accueil des personnes. Après de multiples prises de parole – du genre ballon d’essai – de la part des cardinaux ou évêques les plus « avancés » – où l’on allait jusqu’à parler de la bénédiction d’unions homosexuelles (Mgr Gaillot n’étant pas le seul), on a assisté à l’ahurissant spectacle de la « photo de famille » du pape François avec un ancien élève de 67 ans et son jeune petit ami à Washington. On a vu un activiste gay, Mo Rocca, servir de lecteur à la messe pontificale de Philadelphie.
Accueillir les personnes n’est pas approuver leur conduite, dira-t-on. Mais tous ces faits mis bout à bout dessinent une grande image qui va dans un sens bien précis. Et à l’inverse, si le pape avait reçu un couple marié, fidèle et avec de nombreux enfants, tout le monde y aurait vu une manière de saluer son exemplarité. Le simple fait de paraître « normal » – normalement reçu par le pape, normalement photographié, traité comme n’importe quelle famille normale – a certainement été pour le couple Yayo Grassi – Iwan Bagus un encouragement à continuer. Aller de l’avant ! La normalité est précisément ce que recherche aujourd’hui le lobby gay.
Il en va de même pour les fonctions liturgiques. Confier un rôle de lecteur à un homosexuel revendiqué revient à le présenter comme parfaitement acceptable jusque dans sa conduite.
Quelle que soit l’opinion du pape à ce sujet, et sachant bien qu’il condamne en termes clairs le « mariage » gay et l’idéologie du genre, on ne peut qu’être frappé de l’étrangeté de ces « ouvertures ». Le simple fait qu’on s’interroge est un signe : quelque chose va de travers au sein même de l’Eglise.
Les pressions du lobby gay se concentrent sur l’Eglise
Les accusations de Mgr Charamsa doivent dont être prises au sérieux : elles dessinent probablement les campagnes à venir. Il accuse l’Eglise d’hypocrisie – elle qui abrite tant de gays, dit-il –, de dureté, d’incapacité à prendre en compte les gens tels qu’ils sont, avec leur nature propre qui par le fait serait donc bonne.
En somme, l’Eglise est persécutrice et elle fait volontairement souffrir les homosexuels qui sont comme ils sont.
Tout le discours pro-gay est axé sur cette accusation : par le biais de la non discrimination, il cherche à mettre ceux qui invoquent des règles morales en tort, en les invitant à une expression plus humaine, à l’accueil de la différence, au respect des sentiments et de l’amour que se montrent les « gays » tout aussi bien que les hétéros.
Lorsque, ce lundi au Vatican, une conférence de presse dirigée par le P. Lombardi a présenté les travaux du synode du samedi à travers le prisme de ses rapporteurs, c’est ce type de langage qu’on a entendu. Il a été demandé – c’est énorme ! – de ne plus « distinguer entre péché et pécheur » : La différenciation entre péché et pécheur ne fonctionne plus parce que la sexualité fait partie intégrante de la personne. C’est précisément ce que revendique le lobby gay. On a évoqué des « familles de couples de même sexe ».
Cette présentation du débat – qui a lourdement insisté sur les déclarations les plus progressistes – est parfaitement dans la ligne des demandes de Mgr Charamsa. Les pères synodaux vont-ils se laisser manipuler ?