Syrie : Damas participe aux négociations de Genève, mais à ses conditions

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Salem Al-Meslet, le porte-parole du comité spécial de négociations sur la Syrie, à Genève, en Suisse, le 13 mars 2016.

 
Le gouvernement syrien a confirmé samedi sa participation aux négociations de paix qui devaient débuter lundi à Genève. Mais sous certaines conditions. A savoir, a précisé Damas, qu’il ne serait question ni de l’avenir de Bachar el-Assad, ni de l’organisation d’un éventuel scrutin présidentiel. Des conditions à prendre ou à laisser, a précisé la délégation syrienne arrivée dimanche à Genève, en ajoutant que, si les discussions ne s’ouvraient pas dans les vingt-quatre heures en respectant ses positions, elle repartirait sans attendre.
 
Bien évidemment, le Haut Conseil des négociations, principale coalition de l’opposition qui semble avoir adopté un nom ronflant pour se donner une consistance, a accusé Damas de torpiller, au moyen de cette exigence, les discussions avant même qu’elles ne commencent.
 

Damas participe aux négociations de Genève

 
La question ne semble pourtant souffrir aucune discussion. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, l’a d’ailleurs souligné lors d’une conférence de presse à Damas, en affirmant que l’opposition se faisait des « illusions » si elle pensait pouvoir mettre sur la table des négociations l’avenir du président Assad.
 
Les rebelles, a-t-il ajouté, se trompent lourdement s’ils pensent « prendre à Genève le pouvoir qu’ils n’ont pas pu gagner par les armes sur le terrain ». Cela a, du moins, le mérite de la clarté !
 
Le ministre a d’ailleurs profité de la circonstance pour dénoncer la façon dont l’émissaire des Nations unies, Staffan de Mistura, déjà présenté un ordre du jour évoquant une élection présidentielle en Syrie dans dix-huit mois.
 
Lui demandant de conserver « neutralité et objectivité » sur la question, il a ajouté que « la délégation gouvernementale repoussera toute tentative de mettre cette question à l’ordre du jour. Nous ne discuterons pas avec des gens qui parlent de la présidence. (…) S’ils ont cela en tête, a-t-il ajouté à propos de l’opposition, je leur conseille de ne pas venir à ces négociations. »
 

Quelles conditions pour la paix en Syrie ?

 
Le chef de la diplomatie syrienne a enfin indiqué que, pour les autorités syriennes, la « transition politique » ne pouvait signifier qu’une période permettant l’élaboration d’une nouvelle Constitution et la formation d’un nouveau gouvernement avec la participation de l’opposition.
 
Des considérations dont l’opposition syrienne ne veut pas entendre parler. Pour elle, il faut mettre en place un nouvel organe gouvernemental de transition qui disposerait des pleins pouvoirs exécutifs, en-dehors des autorités actuelles.
 
« Nous sommes venus pour avoir un organisme de transition sans Assad au pouvoir », a ainsi déclaré à Genève Mohamed Allouche, qui dirige le bureau politique du groupe rebelle Djaïch al Islam (Armée de l’islam) – tout un programme.
 
« La période de transition ne peut s’ouvrir qu’avec la chute de Bachar el-Assad ou sa mort », a-t-il ajouté, en des termes – très explicites – qui prouvent que l’idée même de conciliation est inenvisageable.
 
La précision du terme « mort » doit d’ailleurs amener à se demander quel serait l’avenir du président syrien si, par hasard, il quittait effectivement le pouvoir. Les politiques occidentaux, si pressés de le voir partir, si pressants de le faire partir, y ont-ils seulement pensé ? Lorsque l’on écoute un François Hollande, il semble bien que non…
 

François le Luc