Une taxe européenne sur l’essence pour financer l’accueil des réfugiés

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Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, lors d’une session du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, le 27 novembre 2015 à Berlin.

 
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a évoqué samedi l’idée d’une taxe européenne sur l’essence, idée qui n’est pas forcément nouvelle, mais qui, en l’espèce, servirait, en cas de besoin, à faire face financièrement à la crise des réfugiés.
 
Le ministre s’exprimait dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung, le grand quotidien de Munich. Le choix n’est pas innocent, puisque la Bavière proteste depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, contre l’inefficacité de Berlin à gérer la crise des migrants, menaçant même de reprendre elle-même le contrôle de ses propres frontières.
 

Financer l’accueil des réfugiés grâce à l’essence

 
Pour bien montrer ce mécontentement, un élu de Bavière, le président du canton rural de Landshut, Peter Dreier, a annoncé avoir envoyé jeudi un autocar avec plusieurs dizaines de réfugiés syriens à bord vers la chancellerie à Berlin pour protester contre cette politique d’accueil d’Angela Merkel.
 
C’est à cette insatisfaction, mais aussi aux autres Etats-membres de l’Union européenne qu’entendait répondre ce samedi Wolfgang Schäuble. « Si les budgets nationaux ou le budget européen ne suffisent pas, mettons-nous alors d’accord pour instaurer par exemple une taxe d’un certain niveau sur chaque litre d’essence », a-t-il proposé.
 
« Ainsi nous aurions les moyens pour une réponse européenne à la question des réfugiés », a-t-il expliqué, en jugeant que « la solution du problème ne doit pas échouer en raison d’une limitation des moyens mis en œuvre ».
 

Encore une taxe européenne

 
Revenant sur les événements de Cologne et de quelques autres grandes villes européennes, le ministre a en outre estimé qu’ils « renforçaient la pression » sur les pays européens afin qu’ils trouvent rapidement « une solution au problème du contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne ».
 
« C’est incontestable », a-t-il encore affirmé.
 
Mais, a-t-il ajouté, « le problème doit être réglé sur la scène européenne ». « Dans le cas contraire, il n’y a pas que l’Allemagne qui en subira les conséquences, comme certains semblent le penser, mais ce sont nos voisins et les pays des Balkans, jusqu’à la Grèce, qui seront massivement touchés. »
 
Or, déplore Wolfgang Schäuble, « les choses vont trop lentement en Europe ». « Je soutiens avec toute la force de mes convictions ce qu’a dit le chanceler : il faut régler le problème au niveau des frontières extérieures de l’Europe. (…) Si le problème n’est pas résolu à ce niveau, il le sera au niveau des frontières nationales, mais ce serait la pire des solutions (…) et l’Europe se trouverait dans une crise plus grande encore. »
 

Face à leur propre politique…

 
On comprend que Berlin, face à l’arrivée massive des migrants en Allemagne, et aux protestations de plus en plus vive que cela provoque auprès de la population, cherche à trouver des solutions, la plus simple étant effectivement de contraindre ses voisins à prendre leur part de ses problèmes.
 
Mais l’honnêteté voudrait que les politiques allemands, comme d’ailleurs leurs collègues européens, admettent enfin qu’ils ont joué, en la matière, aux apprentis sorciers. Et que les solutions qu’ils ont préconisées, à commencer par la pseudo solution turque, ne font qu’aggraver la situation…
 

François le Luc