Taxe professionnelle : les privilèges d’Amazon au Royaume-Uni face aux commerces de proximité

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La colère gronde au Royaume-Uni où le géant américain de la vente sur Internet a obtenu une baisse de sa taxe professionnelle pour ses neuf centres de distribution dans le pays, au moment même où des milliers de commerces de centre-ville font face à des augmentations sans précédent. De nombreux commerces de proximité – y compris les pubs – sont menacés de disparition alors que la vente en ligne est favorisée. Les autorités choisissent les privilèges fiscaux selon leurs objectifs politiques…
 
Pour l’ensemble des centres de distribution d’Amazon, la facture fiscale chutera de 1,3 % dès le mois d’avril, ont ainsi découvert incidemment les médias, ce qui a conduit à des échanges passionnés à la Chambre des communes. Cela représente la coquette somme de 147.632 livres : une paille par rapport aux 11,3 millions de livres que représente la taxe professionnelle annuelle d’Amazon au Royame-Uni, à ce jour, mais un vrai scandale par rapport au coup de massue qui frappe les enseignes « ordinaires ».
 

La taxe professionnelle d’Amazon chute, celle des commerces de proximité augmente

 
Les fameux pubs, justement, vont devoir faire face à une augmentation de 19 % en moyenne, tandis que des chaînes de distribution plus importantes dans les rues commerçantes des villes verront leur facture fiscale augmentée de 42 %.
 
Le parti travailliste se trouvant dans l’opposition, c’est lui qui a pris la tête d’une révolte qui passionne les tabloïds anglais, assurant que de nombreux commerces qui ont « toujours payé leur juste part en taxes verront la note continuer d’augmenter pendant les années qui viennent ». C’est ce qu’a déclaré l’élu Labour Iain Wright, avant d’ajouter : « Les compagnies en ligne contribuent fortement à l’économie Royaume-Uni mais nous ne voulons pas pénaliser les commerces qui demeurent présents dans les grandes rues de nos villes ». On ne sache pas que la gauche se soit beaucoup inquiétée de parler de baisser des taxes autrement que pour des raisons électorales, mais enfin cela en dit long sur les sentiments populaires face à la lente disparition du lien social avec la montée en puissance du monde virtuel.
 
Ce qui a déclenché le tollé, c’est la révision des valeurs immobilières : par rapport à la dernière il y a sept ans, les valeurs dans le sud-est du pays, dans la plupart des centre-ville et des zones rurales très cotées, ont été fortement revues à la hausse, justifiant des augmentations parfois très importantes des taxes afférentes pour plus de 500.000 commerces, dont nombre en sont à demander son étalement provisoire pour tout simplement continuer d’exister.
 

Les privilèges d’Amazon au Royaume-Uni

 
900.000 commerces, en revanche, vont bénéficier d’une baisse : on imagine bien ce qu’il peut en être dans les zones dites « sensibles », pour reprendre l’euphémisme français. On imagine mal en revanche une baisse de la totalité de la taxe professionnelle, qui rapporte chaque année 25 milliards de livres au Trésor britannique.
 
Vivement contestée par les gros commerçants des centre-ville, cette taxe les met, disent-ils, en position de faiblesse face aux vendeurs en ligne. C’est pourquoi ils en réclament la suppression au profit d’une taxe sur les ventes qui alignerait les deux régimes. Helen Dickinson, présidente du consortium britannique de la vente au détail, rappel à ce sujet que les taxes professionnelles assises sur la valeur immobilière des commerces représentent la taxe immobilière la plus importante du monde développé.
 
En donnant un avantage supplémentaire à leurs concurrents directs comme Amazon, les pouvoirs publics contribuent au contraire à rendre la vie de plus en plus difficile pour ceux qui font vivre des centres commerçants des villes.
 

Anne Dolhein