Tombes anonymes d’enfants des pensionnats : le Canada doit cesser la culpabilisation collective

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Non seulement aucun corps n’a été trouvé à l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique où on avait prétendu, en 2021, avoir découvert 215 « tombes anonymes » d’enfants. Mais le gouvernement avoue avoir dépensé 8 millions de dollars pour ces fouilles. Non seulement le gouvernement avoue donc avoir dépensé 8 millions de dollars pour rien, mais d’autres fouilles sont entreprises dans d’autres pensionnats, sans plus de succès, comme à Pine Creek, en août dernier.

A chaque fois, les communautés autochtones qui poussent à ces recherches disent espérer que celles-ci ne trouveront rien. Mais on finit par douter qu’elles ne regrettent pas tomber sur quelque charnier qui prouverait que le méchant colonialiste occidental, aidé de l’Eglise catholique mais aussi des protestants, a bel et bien organisé un génocide (et pas seulement culturel) dans ces anciens pensionnats qui ont accueilli environ 150.000 enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis, de la fin du 19e siècle à 1996, date de fermeture de la dernière école.

Culpabiliser le Blanc, mais surtout le chrétien.

 

Kamloops, un de ces pensionnats de l’horreur ?

Il ne faut pas dénier les difficultés et les épreuves qui ont pu se présenter dans ces établissements ouverts et (mal) financés par le gouvernement canadien, soumis à des conditions de vie souvent insalubres, de régulières épidémies, et puis aux impondérables misères de la nature humaine. Mais il ne faut pas non plus omettre les possibilités qui ont été offertes à ces enfants.

Et surtout, et c’est sans doute la pierre d’achoppement, la raison profonde de l’indignation générale, il faut rappeler qu’à travers la scolarisation et l’assimilation, le premier motif de ces pensionnats était l’évangélisation de ces nations païennes, la délivrance du message de Vérité, le seul qui rende réellement libre. Fut-ce, là, le contenu des propos du pape François lorsqu’il visita, en 2022, les territoires des autochtones, après le « scandale » (ou du moins annoncé comme tel) de Kamloops ? Que nenni… Il s’est plutôt accusé, au nom de l’Eglise, d’avoir justement commis pareille infamie, et participa, en sus, à un rituel païen – comme un rembobinage de la cassette.

Et on tente de noircir l’histoire avec ces rumeurs de corps cachés. Qui sont, en réalité, bel et bien un déni de la réalité : il n’y a pas de corps cachés. C’est le déni du vide.

Alors qu’en mai 2021, on annonça partout dans la presse mondiale, comme une faute qu’on avoue d’autant plus fort qu’elle est énorme, la présence des restes de 215 enfants sous le pensionnat indien de Kamloops, le ministère des Relations Couronne-Autochtones se retrouve aujourd’hui, un peu idiot, à confesser qu’il a consacré quelque 8 millions de dollars à tenter de découvrir la « vérité déchirante » sur d’éventuelles tombes anonymes, nous dit le Western Standard.

Car les preuves soi-disant détectées par les radars n’étaient que des perturbations du sol, liées à l’installation d’une fosse septique en 1924… Les recherches n’ont pas continué.

Cerise sur le gâteau : personne ne sait trop ce qui est advenu de la somme rondelette octroyée par le gouvernement. La Première Nation Tk’emlups te Secwepemc a obtenu cet argent « pour le travail sur le terrain, les recherches dans les dossiers et pour sécuriser les terrains du pensionnat », mais n’a souhaité faire aucune divulgation publique à ce sujet. En revanche, dans son dernier rapport, il est toujours question de « la vérité déchirante sur les sépultures anonymes des pensionnats [qui] continue d’être dévoilée »… alors que c’est leur non-vérité qui est précisément révélée au grand jour.

 

Aucun reste humain n’a été retrouvé – les tombes d’enfants anonymes sont une fake news

Mais qu’importe. Saisissant l’occasion, à l’annonce du scandale supposé, la Chambre des communes du Canada avait rapidement décrété en 2021 qu’on était en face d’un « génocide », même si rien ne le démontrait. En terre woke, la suspicion est déjà une accusation. Tambour battant, le gouvernement avait abaissé le drapeau de la tour de la Paix pendant 161 jours, alloué une allocation de 3,1 millions de dollars pour un registre national des décès des élèves des pensionnats et affecté 238,8 millions de dollars au Fonds de soutien communautaire aux enfants disparus dans les pensionnats. Deux ans plus tard, un rapport du comité sénatorial indiquait qu’il était essentiel de « prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre la montée du négationnisme lié aux pensionnats indiens ».

L’idéologie, ça s’impose.

« Toute cette controverse est un scandale, un gâchis et une fraude », avait déclaré en août dernier Conrad Black, le fondateur du journal canadien National Post et ce « mouvement d’auto-flagellation nationale », la honte de Trudeau… Un professeur émérite au Département d’histoire de l’Université de Montréal avait même employé dans le New York Post le mot de « canular », bien que jugé « trop fort », parce qu’« il y a aussi trop de mensonges qui circulent sur cette question ».

D’autant plus que l’Eglise fut une cible idéale pour le chagrin devenu « colère » selon les mots d’Anna Farrow dans le Catholic Herald. Depuis le printemps 2021, plus de 100 églises, pour la plupart catholiques, ont été incendiées ou vandalisées partout au Canada, sans presque que le Premier ministre ne lève le petit doigt parce que c’était « compréhensible » de s’en prendre aux méchants du passé qui ont séquestré, assassiné et enterré secrètement des enfants ! Comment on refait l’histoire.

 

Des meurtres de masse qui n’ont jamais été commis au Canada

Dans tous les autres endroits fouillés, supposés cacher des corps d’enfants maltraités, rien n’a été trouvé. Aucun reste humain n’a été détecté au centre de distribution de la SAQ à Montréal, en mai dernier, où les Mères Mohawk avaient exigé qu’on arrête les travaux de construction en cours pour découvrir d’éventuelles tombes anonymes.

Idem pour le site de l’ancien hôpital Royal-Victoria, à Montréal, où les mêmes estimaient pouvoir trouver des corps d’enfants autochtones ayant été soumis à des expérimentations psychiatriques controversées de la CIA : le géoradar ne livra qu’une paire de bottines en cuir, objet non insolite dans les remblais de l’époque… Idem pour Pine Creek, au Manitoba, ou pour l’ancien pensionnat de Shubenacadie, en Nouvelle-Ecosse.

Toujours rien. Et pourtant le mouvement perdure et le gouvernement continuera à payer. Même si des études fouillées s’attachant à démêler le vrai du faux ont contribué à réveiller quelques esprits, comme le livre Grave Error: How The Media Misled Us (and the Truth about Residential Schools), sorti en décembre 2023, ou le site très documenté « Web Indian Residential School Records » qui montre comment les noms de plusieurs milliers d’enfants prétendument « disparus » selon le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) sont en réalité bien inscrits dans les registres de décès provinciaux…

Jusqu’où peut vivre un scandale fabriqué, sans pièces à conviction ? Jusqu’où ira la fable pour faire accuser la chrétienté, car c’est bien l’enjeu en définitive, d’avoir fait œuvre d’évangélisation, à travers la délivrance de sa civilisation, la seule qui soit surnaturelle, et ce malgré les défauts liés aux hommes et aux femmes qui la composent ? L’humanité sans l’Eglise catholique n’est que barbarie. C’est le retour à icelle que veut le monde d’aujourd’hui – et il ne semble pas que le pape soit vraiment contre.

 

Clémentine Jallais