COMEDIE Tout mais pas ça ♥♥


 
Tout mais pas ça est une comédie italienne d’aujourd’hui, à voir bien sûr en italien si possible. Elle s’inscrit dans la lignée authentique de la grande époque des années 1950-60. En Italie, il n’y a pas, et c’est heureux, de rupture totale avec cette époque comme en France. Ce type de films a pour mérite en France de donner une vision de l’Italie, à travers une satire à la fois pertinente et sympathique. Ce film réussit à distraire, amuser, et, au fil de l’action, passe progressivement de la quasi-farce à une certaine densité. Chose rare au cinéma, en particulier en France, il offre un beau portrait de prêtre, Don Pietro. Il est très dommage que cette comédie italienne soit peu diffusée en France, contrairement à tant de comédies françaises pas drôles et obscènes qui occupent tant d’écrans.
 
Le titre Tout mais pas ça renvoie au cri du cœur prononcé au début de l’histoire par un brillant chirurgien romain. C’est un intellectuel progressiste, et fier de l’être. S’il exerce consciencieusement son métier de chirurgien, il dispose par ailleurs d’une confortable fortune familiale, qui lui permet de vivre dans un luxe certain. Il n’en a d’ailleurs pas conscience, mais ce fait est indéniable. Le grand intellectuel de gauche en sait beaucoup moins sur les miséreux que le prêtre Don Pietro, régulièrement à leur contact, et qui les aide comme il peut. Le grand progressiste méprise sa femme, sa fille, son gendre, qu’il prend, sans forcément avoir complètement tort, même s’il est très grossier de le faire sentir, pour des imbéciles incultes. Sa grande fierté est son fils. Celui-ci, intelligent, curieux, suit des études de médecine. Mais voilà que ce fils sort la nuit. Un ami masculin l’emmène en scooter à des « réunions ». De quoi s’agit-il ? Ce fils annonce qu’il va lui parler. Le père anticipe une chose qui ne doit nullement choquer son progressisme, et il chapitre donc par anticipation les « imbéciles » de sa famille : son fils va certainement faire son « outing ». Et des gens de gauche n’ont aucun préjugé rétrograde contre l’homosexualité, question de principe. Il fait même répéter la scène de « félicitations » par tous. Et voici que le fils annonce une décision incompréhensible dans son univers mental : il compte entrer au séminaire, afin de devenir prêtre !
 

Tout mais pas ça : un bel hommage à la Foi

 
Le chirurgien est alors persuadé que son fils, jeune et influençable, a été la victime de l’endoctrinement de son père spirituel, Don Pietro. L’homme à grands principes se lance donc dans des intrigues lamentables, peu dignes, risibles, afin de démasquer l’imposteur. Or, tous ses clichés anticléricaux se révèleront faux. Don Pietro a été un délinquant dans sa jeunesse tout au plus, mais il s’est converti, fermement et définitivement en prison. Il exerce consciencieusement son ministère. Les rituels sont ceux du rite ordinaire, pas toujours beaux, mais célébrés dignement et avec esprit de foi. Le film n’est certes pas une œuvre de propagande édifiante. Tous les apprentis séminaristes ne persévèrent pas. Les matérialistes endurcis ne sont pas simples à convertir. Mais l’athée comprend qu’il y a en Don Pietro quelque chose qui le dépasse, et c’est un bel hommage.
 

Hector JOVIEN

 
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