Les déclarations des combattants kurdes peshmergas attestant la présence de troupes américaines en lutte au sol contre les forces armées de l’Etat islamique vont à l’encontre de toutes les déclarations de la Maison Blanche à ce jour. The Guardian affirme avoir pu en vérifier le sérieux en visionnant la vidéo prise le 11 septembre dernier par un combattant kurde montrant quatre soldats américains combattant les forces de l’Etat islamique dans la région de Kirkuk, en Irak. D’autres combattants affirment que des forces spéciales américaines ont été à l’œuvre dans des tentatives de reprise du village de Wastana et du camp de Saddam les 11 juin et 26 août derniers.
Les forces spéciales américaines dépêchées à Kirkuk en début d’année sont censées apporter aux combattants peshmergas en lutte contre l’Etat islamique conseil et soutien, et non un appui armé. Barack Obama, sachant son électorat las de sa politique belliciste, avait annoncé le revirement de stratégie des Etats-Unis sur le sol irakien, avec le redéploiement de 300 conseillers militaires, en assurant qu’il ne signifiait aucunement le retour des opérations militaires.
Des troupes américaines combattent au sol en Irak près de Kirkuk
Un engagé volontaire auprès des combattants peshmergas résume la situation en citant une blague qui circule dans les rangs : « Il n’y a pas de bottes américaines dans le coin, car ils portent tous des baskets. » Pourtant, les frappes contre l’Etat islamique ne se résument pas aux attaques aériennes de la coalition, comme les combattants peshmergas le révèlent de manière détaillée. En février dernier, leurs troupes ont reçu le renfort décisif de quatre snipers américains après la perte de quatre des leurs dans les combats au sud de Kirkuk. Le 20 avril, les troupes américaines ont tiré 47 obus de mortiers contre les forces de l’Etat islamique dans une opération visant à reprendre le village de Dawus al Aloka. Les forces spéciales américaines ont également permis de reprendre Wastana le 11 septembre dernier, selon les peshmergas.
Pour autant, les autorités du commandement central américain à Baghdad nient en bloc ses allégations étayées des combattants peshmergas, assénant à qui veut l’entendre que « la coalition continue à soutenir ses partenaires dans la région dans un rôle de conseil et d’assistance ». Pour certains, tels Aaron David Miller, ancien conseiller auprès de la secrétairerie d’Etat, « le problème relève de la situation sur le terrain ». « Le conseil et l’assistance ont lieu très près de la zone d’engagement et de combat », a-t-il affirmé.
Les peshmergas kurdes aux côtés d’Américains contre l’Etat islamique, en attendant une partition en leur faveur ?
Si la limite entre assistance et engagement militaire au sol est comparable à « la dalle qui constitue à la fois le plafond et le plancher dans un immeuble », alors il se pourrait bien que les Etats-Unis jouent habillement du caractère ténu, sinon ambigu, de cette limite pour jouer des deux côtés d’un même tableau. Les Etats-Unis seraient-il en train d’assurer leur présence sur les deux fronts en vue d’une partition de l’Irak à terme ?
Aaron Miller est convaincu qu’il y aura une augmentation de ce type de missions à la suite des attentats de Paris, le 13 novembre dernier : « Il n’y aura peut-être pas de modification dans l’ampleur de notre déploiement, toutefois le caractère de notre mission pourrait changer, surtout en Syrie. »
Les Etats-Unis envisagent-ils l’après-Bachar al-Assad avec une partition kurde ?