DRAME Truth : le prix de la vérité •


 
Truth : le prix de la vérité rappelle l’histoire des quelques jours de virulentes polémiques durant la campagne présidentielle de l’automne 2004, opposant le président sortant George W. Bush au Démocrate John Kerry. Le président George W. Bush avait-il, lors de son service militaire dans la garde nationale aérienne du Texas, puis de l’Alabama, au début des années 1970, manqué à ses obligations militaires au point d’avoir été considéré brièvement comme déserteur – du fait d’absences injustifiées aux entraînements ? Cette désertion aurait été couverte par des pressions politiques fortes des relations de son père, George Bush, qui était alors déjà un homme politique important. Donc non seulement George W. Bush n’a pas été volontaire pour se battre au Vietnam, a réussi à effectuer un service militaire des plus tranquilles sur le sol américain, cela est indiscutable, mais aurait-il encore fait pire ?
 
Des journalistes militants – et c’est un des aspects éthiques du problème, une recherche à charge quasi exclusivement –, conduits par Mary Mapes, entendent trouver les documents curieusement manquants, ce qui est tout de même troublant et authentique, au dossier militaire de George W. Bush. Ils finissent en effet par découvrir des preuves accablantes, du moins le croient-ils. Elles s’avèreront finalement fragiles. Un faux habile aurait été fabriqué par des adversaires politiques du président sortant de 2004.
 

Truth : le prix de la vérité. Une intéressante illustration du travail journalistique

 
Ces journalistes de CBS ont été publiquement lynchés, sans nuances, par des chaînes conservatrices, dont Fox News, accusés d’avoir fabriqué eux-mêmes, ou cru sans aucun examen, un faux grossier. Où est la vérité ? Truth : le prix de la vérité souffre de sa fidélité au livre d’origine, très partisan évidemment, écrit par la journaliste enquêtrice Mary Mapes, licenciée de sa chaîne pour faute. Il est fortement sous-entendu que ces documents étaient vrais, simplement vraisemblables et non authentifiables avec certitude absolue. Nous pencherions plutôt pour un faux habile, mais vraisemblable.
 
Truth : le prix de la vérité est particulièrement intéressant pour son illustration du travail journalistique, avec toutes les limites du journalisme engagé, et le phénomène de guerre médiatique, qui ne respecte rien, surtout pas la vie privée, et broie les individus. La démocratie américaine a des qualités, dont une liberté d’expression plus réelle et étendue qu’en France, mais connaît aussi des dérapages regrettables.
 
Cette vision de la société américaine et du monde des médias présente un intérêt particulier. Mais le caractère engagé du film – à gauche comme il se doit – peut agacer. En outre, le film est long (deux heures), parait long, alors que le cœur de l’intrigue n’est finalement pas si dense.
 

Hector Jovien

 
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