DRAME HISTORIQUE
Tu ne tueras point ♠


 
Tu ne tueras point est un commandement biblique fondamental, donné par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï (Livre de l’Exode) avec les Tables de la Loi. Comment le comprendre précisément ? Pratiquement tous les Chrétiens y voient une condamnation absolue du meurtre. Il est hélas beaucoup plus facile que l’on imagine de tuer son prochain, et un coup malheureux dans une rixe peut tuer, chose montrée dans le film. Il existe des exceptions légitimes à ce commandement : lors des guerres menées par un Etat, ses soldats doivent tuer les combattants adverses ; ils ne se rendent pas pour autant coupables de meurtres. De même, sur le plan individuel, un Chrétien agressé, personnellement ou à travers sa famille, peut devoir se défendre physiquement, et dans des cas exceptionnels tuer, sans enfreindre ce commandement. Certains fondamentalistes chrétiens, comme les Adventistes du Septième Jour, dont il est question dans le film, ou les Mormons ou les Amishs, vont plus loin, en prônant une non-violence absolue : ils refusent de participer aux guerres, y compris défensives, et de se défendre physiquement en cas d’agression. Ces membres de sectes protestantes, clairement très minoritaires mais néanmoins relativement nombreux aux Etats-Unis, posent problème à l’Etat en cas de guerre : au nom de quoi les dispenser de combattre ? Du fait de leur caractère très minoritaire, et sans que ce soit ouvertement proclamé, ils ont été le plus souvent été oubliés des plans de mobilisation ou affectés spéciaux à des postes non-militaires, dans les usines d’armement par exemple. Il y a du reste des degrés dans ce pacifisme intransigeant. La discrétion officielle permet d’éviter sembler exempter tous ceux qui n’ont pas envie de combattre – où s’arrêterait-on alors ?- ou lancer une persécution religieuse.
 

Tu ne tueras point : un beau sujet massacré

 
Nous avons trouvé le sujet intéressant. Le débat est vraiment posé dans le film. Tu ne tueras point réalise le portrait hagiographique d’un des objecteurs de conscience héros de guerre – conjonction en principe ô combien impossible !- brancardier qui sauva des dizaines de vies à Okinawa (1945), petite île tropicale japonaise théâtre de combats très sanglants. Le fait est authentique, lourdement souligné en fin de film par la projection d’actualités de l’époque et de témoignages filmés des personnes concernées, quelques années avant leur mort. Le problème est que ce beau sujet est, selon nous, massacré par le réalisateur Mel Gibson, avec une approche constamment dépourvue de toute finesse, nuance, et parfois crédibilité en bien des scènes…Le film s’avère interminable, sur 2H11, traité de manière lente et grandiloquente, avec une musique voulue héroïque et surabondance de ralentis ; il en paraît le double…Signalons aussi que les scènes de guerre sont particulièrement sanglantes. Tu ne tueras point, et c’est dommage, nous a donc semblé complètement manqué.
 

Hector JOVIEN

 
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