La Turquie menace de boycott les négociations sur la Syrie si les Kurdes y participent

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Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, lors d’une conférence de presse à Ankara, le 25 janvier 2016.

 
La Turquie ne participera pas aux pourparlers de paix sur la Syrie, qui doivent débuter vendredi à Genève, si les Kurdes syriens du Parti de l’union démocratique (PYD) y participent. Cette menace de boycott a été faite mardi par le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu.
 
« Si le PYD est invité aux négociations de Genève, alors bien sûr nous boycotterons la réunion », a déclaré le ministre lors d’un entretien à la chaîne d’information NTV, soulignant que, pour son pays, ce parti est une organisation terroriste. Au même titre donc que les djihadistes de l’Etat islamique…
 

La Turquie menace de boycott les négociations sur la Syrie

 
Et d’insister : « A quel titre le PYD serait-il autour de la table ? Est-ce qu’une organisation terroriste peut être considérée comme représentative du peuple ? (…) Ces négociations réunissent le régime et l’opposition, pas les organisations terroristes. »
 
Quelques heures plus tôt, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait déjà opposé un refus catégorique à la présence non seulement du PYD mais aussi de la milice kurde des YPG (Unités de protection du peuple) aux discussions de Genève.
 
Pour Ankara, le PYD et les YPG sont des affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui depuis 1984 est en rébellion contre les autorités turques.
 

Les Kurdes entre Moscou et Ankara

 
Les YPG sont pourtant généralement considérées comme l’un des fers de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique sur le sol syrien. Et, dans le cadre de la coalition militaire antijihadiste, les Américains fournissent armes et assistance aux Kurdes de Syrie. Mais les Turcs, qui redoutent que les Kurdes n’étendent leur influence le long de la frontière turco-syrienne, ne veulent pas en entendre parler.
 
Le débat paraît d’autant plus stérile que, d’une part, la Turquie ne participe pas directement aux discussions de Genève entre le régime de Damas et son opposition, mais n’y a qu’un rôle d’observateur ; et, d’autre part, que l’ONU, qui a envoyé mardi ses invitations aux groupes participants, n’en a pas précisé la liste. Personne ne peut donc dire si les Kurdes sont, oui ou non, invités…
 
Cela dit, les pourparlers, qui devaient commencer lundi, ont déjà été reportés en raison d’un blocage sur la composition des délégations. Et ce sont les Russes qui, mardi, ont déclaré que ces discussions ne pourraient donner aucun résultat si le PYD n’était pas invité.
 
Or, si le gouvernement turc a rejoint la coalition antidjihadiste, il a cependant fait de son combat contre le PKK sa priorité.
 
De là à conclure que cela constitue un nouvel avatar de la tension entre Moscou et Ankara, il n’y a qu’un pas…
 

François le Luc