Après le clash attendu à Strasbourg entre le mauvais élève de l’Union Européenne, le Hongrois Viktor Orban, les fracassantes déclarations du Premier ministre de Pologne Donald Tusk ont fait frémir Bruxelles. Critiquant la politique d’immigration et prônant une suspension du droit d’asile, il a lancé : « Nous ne respecterons ni ne mettrons en œuvre aucune idée de l’UE si nous sommes sûrs qu’elle nuit à notre sécurité. » Or Tusk est le patron d’une coalition des centres droits et gauche organisée pour vaincre la droite nationale polonaise (PiS, Droit et justice), le poulain déclaré de l’Union Européenne, il fut d’ailleurs président du Conseil européen. Cette révolte justifie en quelque sorte l’attitude d’Orban, les réserves en Italie de Georgia Meloni, et les appétits d’autonomie aux Pays-Bas et en Autriche, sans compter les espoirs des populistes en Allemagne ou en France. Bref, cela ressemble à une tempête dans le petit monde de l’Europe mondialiste, et cela a provoqué chez ses soutiens de gauche un tollé – mais il faut bien comprendre que le dirigeant polonais se trouve forcé à ce repli tactique.
En privilégiant la Pologne Tusk révolte sa gauche
C’est devant les militants de sa coalition civique que Donald Tusk a tenu ses propos inattendus. En voici un échantillon : « L’Etat doit reprendre à 100 % le contrôle des entrées et sorties de Pologne. (…) Je serai impitoyable en ce qui concerne l’immigration illégale. (…) La Pologne doit être un pays sûr. Les Polonaises et les Polonais doivent se sentir libres. En sécurité et libres dans leur propre pays. (…) Je dis tout haut aujourd’hui que parmi les éléments de la stratégie de migration figurera la suspension territoriale temporaire du droit d’asile. » A gauche, ça a été la douche froide. Janina Ochojska, ancienne eurodéputée du PO et fondatrice de l’Action humanitaire de Pologne a ironisé : « Cela signifie qu’il a également l’intention de suspendre la Convention de Genève, la Convention européenne des droits de l’Homme et beaucoup d’autres conventions et droits. » Un leader de gauche a même fait référence aux politiques du Troisième Reich : « Si le courant politique dominant adopte le discours de l’extrême-droite, nous nous retrouvons dans l’Allemagne des années 1930. En adoptant la rhétorique des nationalistes, nous devenons des nationalistes. »
Détournement du droit d’asile en Union Européenne : Tusk l’admet
Donald Tusk avait bien pris la précaution de préciser qu’il allait « demander » à l’Union Européenne l’autorisation d’appliquer cette décision. Il avait pris celle aussi de préciser que le droit d’asile est aujourd’hui détourné au profit de l’immigration de masse dans le cadre d’une véritable guerre démographique. Rappelant que la Finlande a suspendu les demandes d’asile en mai, il a affirmé : « C’est une réponse à la guerre hybride que les régimes de Moscou et de Minsk ont déclarée à l’ensemble de l’UE en organisant un trafic massif de personnes à travers nos frontières. (…) Le droit d’asile est instrumentalisé dans cette guerre et n’a rien à voir avec les droits humains. Le contrôle des frontières et la sécurité territoriale de la Pologne sont et resteront notre priorité. » Mais cela n’a pas fait taire les critiques en Pologne ni ailleurs. Car, à ce compte-là, on peut à juste raison noter que le droit d’asile se trouve détourné aussi aux Canaries, en Méditerranée orientale ou centrale.
L’Union européenne sauve sa peau par une nouvelle politique migratoire
Et c’est à bon droit que notre confrère Courrier international estime, avec la gauche en Pologne, que Donald Tusk court après les électeurs du PiS. Mais c’est qu’il s’y trouve forcé, comme le chancelier socialiste Olaf Scholz a rétabli les contrôles aux frontières de l’Allemagne pour tenter de freiner la montée de l’AfD. Tout comme Emmanuel Macron a chargé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de calmer, au moins en paroles, l’exaspération des Français devant les désastres que porte l’invasion. La révolte apparente menée aujourd’hui par le chouchou de l’Union européenne contre la politique de celle-ci est un contre-feu désespéré, elle sera sans doute tolérée d’une manière ou d’une autre, car cette révolte régulée est le seul moyen d’endiguer un raz-de-marée populiste qui, lui, menacerait Bruxelles d’effondrement. Il va falloir dans cet ordre d’idées que la gauche mondialiste avale quelques couleuvres temporaires pour empêcher l’édifice de s’effondrer. Tel est l’enjeu de la Nouvelle Politique Migratoire du socialisme mondialiste en Union Européenne.