L’UE veut nous faire manger des insectes ; du moins l’étiquetage sera-t-il obligatoire

UE insectes étiquetage obligatoire
 

Si la consommation régulière de vers de farine jaunes (larves du Tenebrio molitor), de criquets migrateurs (Locusta migratoria), de grillons domestiques (Acheta domesticus) et de larves du petit ténébrion, Alphitobius diaperinus vous répugne, il est temps de s’armer de bonnes lunettes et d’inspecter la liste des ingrédients d’une belle part des aliments industriels. Séchés ou congelés, réduits en poudre ou en pâte, adultes ou à l’état de larve, les insectes ont la cote à la Commission européenne qui a autorisé depuis 2021 l’inclusion de ces produits dénommés « nouveaux aliments » (« Novel Food ») dans de nombreux produits. La dernière autorisation en date remonte au 5 janvier dernier et pourrait être suivie d’autres, puisque de nouvelles demandes sont en cours de la part de diverses sociétés de production. S’agissant d’allergènes connus, au même titre que les crustacés et les acariens, dans un contexte où près de 5 % des adultes, et près de 10 % des enfants, ont désormais des intolérances alimentaires, la Commission a prévu de rendre l’étiquetage obligatoire à leur sujet, « à proximité » de la liste d’ingrédients.

Las, pas question ici de mettre un symbole clair – un logo de ver ou de scarabée, peu vendeur il est vrai – mais une mention du nom latin de l’insecte concerné, ainsi que le procédé de transformation appliqué. Par exemple : « Larves d’alphitobius diaperinus [petit ténébrion mat] congelées/en pâte » ou « lyophilisées/en poudre ».

 

Avaler des larves et des criquets pour obéir à l’UE

Cet étiquetage, assurent les fact-checkers qui dénoncent les articles de la presse dite « complotiste » sur la volonté de l’UE de nous faire manger des insectes, est une garantie qui réduit à néant les avertissements des insecto-sceptiques.

Peut-être. Encore faut-il être averti (faites circuler cet article, par exemple !) et encore faudra-t-il, à terme, avoir le choix.

La production d’insectes en tant qu’ingrédients pour l’alimentation humaine reste pour l’heure un « marché de niche » en Occident, mais en ira-t-il de même demain ? La liste des produits où il sera possible de les intégrer est déjà longue. Pour les grillons domestiques, elle comprend « les pains et petits pains multicéréales, les biscuits secs et gressins, les barres de céréales, les prémélanges secs pour produits cuits au four, les biscuits, les produits secs à base de pâtes farcies ou non, les sauces, les produits transformés à base de pommes de terre, les plats à base de légumineuses et de légumes, les pizzas, les produits à base de pâte, le lactosérum en poudre, les substituts de viande, les soupes et concentrés ou poudres de soupe, les en-cas à base de farine de maïs, les boissons similaires à la bière, les confiseries au chocolat, les fruits à coque et oléagineux, les en-cas autres que les pommes de terre frites et les préparations de viande, produits destinés à l’ensemble de la population ».

Cette dernière précision est intéressante : le règlement d’exécution du 5 janvier 2023 autorisant le petit ténébrion mat précise ainsi que « les compléments alimentaires contenant de la poudre de larves d’Alphitobius diaperinus ne devraient pas être consommés par des personnes de moins de 18 ans et, par conséquent, il convient de prévoir un étiquetage informant correctement les consommateurs à ce sujet ». Comme les films X ou les jeux vidéo ultra-violents…

 

L’étiquetage sera obligatoire, mais qui vérifiera tout un supermarché ?

Mais demain, en tendant une barre chocolatée à vos enfants ou en ouvrant un paquet de chips pour l’apéro des familles, ou en réchauffant une pizza du commerce pour gagner du temps sur le repas du soir, vous pourriez bien distribuer des larves, des vers, des criquets ou des scarabées sans le savoir si votre emploi du temps ne vous laisse pas le loisir d’inspecter dans le détail l’étiquette de chacun de vos achats. Les hamburgers en Autriche en contiennent déjà – le saviez-vous ? Même la farine utilisée par les boulangers pourra inclure ces « Novel Foods ».

Et si la chose s’étend, ce sera aussi le cauchemar pour les allergiques, qui trouveront de plus en plus difficilement de quoi se nourrir. A quand la mise au point d’applications pour Smartphone permettant d’identifier la présence d’insectes en scannant le code-barres des produits ?

Mais pourquoi veulent-ils à tout prix nous faire manger ces bestioles grouillantes qui donnent des hauts-le-cœur à l’homme occidental ? Raison officielle : il s’agit de combattre le « changement climatique » en réduisant l’empreinte de l’agriculture et de l’élevage, les insectes étant une source remarquable de protéines, de minéraux et de matières grasses. Si bien que l’UE autorise aussi la fabrication de poudre d’insectes dégraissée…

Moins de terres, moins d’espace, moins de temps, moins d’eau : du point de vue des contempteurs de la viande et des émissions carbone dues aux différentes cultures céréalières, les insectes sont la nourriture de demain. On nous dit qu’ils constituent une solution au problème de l’alimentation d’une population croissante (mais en fait orientée vers le rétrécissement dramatique à très brève échéance à l’échelle de l’histoire), alors même que la croissance de la population est allée de pair avec une augmentation spectaculaire de la production et des rendements, et qu’on parle d’un « gaspillage » habituel de 30 % de la production mondiale.

 

Les insectes, espoir d’une « Terre-Mère » où l’homme est de trop

Mais c’est surtout « la planète » qui est invoquée, et pour laquelle l’homme occidental doit sacrifier ses habitudes et ravaler ses dégoûts. Elever des insectes produit ainsi 75 % de CO2 de moins que l’élevage de poules, à protéines égales ; les crickets mangent six fois moins que les vaches selon le même critère. Il n’est sans doute pas anodin qu’il s’agisse d’une nourriture pénitentielle : saint Jean-Baptiste ne mangeait-il pas des criquets ?

On nous explique aussi que les peuples non occidentaux sont moins facilement dégoûtés : près de 2 milliards d’hommes se nourriraient déjà d’insectes (en épouillant leurs proches par exemple… chose vue). Mais s’il est vrai que les choix alimentaires sont fortement liés à la culture, pourquoi vouloir changer à tout prix celle de l’Occident en industrialisant encore un peu plus la nourriture par la multiplication d’additifs ?

Derrière tout cela, il y a avant tout la tyrannie écologique qui cherche à modifier une civilisation désormais honnie. Et s’il faut pour cela recourir à l’ingénierie sociale, on le fera.

 

Anne Dolhein