Pour Thanksgiving, jour traditionnellement férié aux Etats-Unis, Barack Obama a solennellement gracié une des innombrables dindes qui finissent d’ordinaire en cette occasion sur les tables familiales. Derrière l’humour bon enfant revendiqué, le président américain s’est livré à un acte de désacralisation du pouvoir.
C’est donc Popcorn qui aura eu la vie sauve, permettant à l’hôte de la Maison Blanche une série de plaisanterie sur la politique et ceux qui s’y trouvent en compétition. On est là clairement et délibérément dans le registre parodique : le roi est en même temps bouffon, et il se moque du droit régalien par excellence, le droit de grâce. Personne n’est oublié dans cette opération de démagogie douce, ni l’Amérique profonde – un coup de chapeau est donné aux actions de grâce des premiers colons -, ni les amis des animaux. Mais peut-être Barack Obama pousse-t-il le bouchon un peu loin, en parlant des conquêtes de la liberté au moment même où le scandale des écoutes américaines secoue le monde. Plus généralement, on peut se demander si le président ne participe pas à la pédagogie visant à discréditer les pouvoirs politiques nationaux, dans laquelle un François Hollande est passé maître. Ils prennent les gens pour des dindes et cela commence à se savoir.