« Nous sommes gouvernés par une narco-dictature » : Mgr Oswaldo Azuaje, évêque de Trujillo au Venezuela

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Si le Vatican cherche à intervenir comme médiateur dans la crise politique au Venezuela, la hiérarchie catholique dans le pays ne partage pas le désir du pape François de mettre d’accord le socialo-marxiste Nicolas Maduro et son opposition, que le régime chaviste accuse d’être « manipulée » par les Etats-Unis. Mgr Oswaldo Azuaje Pérez, évêque de Trujillo, s’est exprimé de manière très ouverte lundi, affirmant que son pays est « gouverné par une narco-dictature » à la fois civile et militaire, qui est en train de « piller » le pays.
 
Pour lui, évêque nommé par Benoît XVI, l’heure n’est pas au ton conciliant du pape François qui, il y a une dizaine de jours, appelait à la fois le gouvernement et les citoyens excédés du Venezuela à « éviter tout autre forme de violence, à respecter les droits de l’homme et à rechercher une solution négociée ». L’opposition vénézuélienne devait rapidement récuser ce conseil en faisant savoir notamment que, contrairement à ce qu’affirmait le pape François, elle n’était nullement « divisée », ainsi que l’a déclaré le candidat d’opposition à la présidence Henrique Capriles Radonski.
 

Mgr Oswaldo Azuaje, évêque de Trujillo, dénonce le régime socialiste de Maduro

 
L’évêque de Trujillo répondait à un entretien téléphonique avec le journal La Prensa, soulignant que le Venezuela ne se trouve pas seulement au cœur d’une crise politique dramatique, mais que le pays fait face à une crise alimentaire grave qui explique la colère de l’opposition descendue dans la rue – et ce alors que le pays est riche. Mgr Azuaje accuse carrément Maduro et les siens de piller les coffres-forts de l’Etat à hauteur de « milliards de dollars ».
 
Le prélat n’a visiblement aucune intention de se laisser couper la parole politique au motif de son statut religieux. Il a déclaré que la réforme de la constitution recherchée par Maduro est à la fois « inutile et dangereuse pour la démocratie au Venezuela, pour le développement humain intégral et pour la paix sociale », l’accusant notamment d’avoir « choisi une Cour suprême au mépris des règlements et des lois et contrairement à l’esprit de la constitution ». « Ce dont les Vénézuéliens ont le plus besoin, c’est de nourriture, de médicaments, de liberté, de sécurité personnelle et juridique, et de paix », a-t-il martelé.
 

Le Venezuela sous la narco-dictature chaviste

 
Il a comparé les actuelles manœuvres du pouvoir aux tentatives de Hugo Chavez d’imposer un État communiste au Venezuela.
 
Mgr Azuaje accuse ouvertement Maduro et sa « clique » – avec notamment l’anticlérical Diosdado Cabello – de porter toute la responsabilité de la crise actuelle. Et il a défendu la ligne dure adoptée par l’épiscopat au nom de la recherche du bien du pays. Expliquant que les évêques avaient cherché à être « constructifs », il note : « Il se passe que le gouvernement est devenu beaucoup plus chatouilleux, de telle sorte que toute critique est aussitôt interprétée comme l’expression d’une opposition partisane ».
 
Les critiques adressées par les évêques concernent notamment « l’autoritarisme croissant » du gouvernement du Venezuela dans un cadre où « la liberté économique n’existe pas ». Dictature socialiste ?
 
Les symptômes en sont tous là. « Personne ne peut comprendre comment un pays aussi riche peut en être arrivé là : il n’y a pas d’industrie, il n’y a pas assez de production, tout est beaucoup trop cher et il faut se contenter de ce qu’il y a et sinon, fermer la bouche », a conclu Mgr Azuaje. Combien de pays riches le communisme n’a-t-il pas mis à genoux ? Le Venezuela nous le fait vivre en grandeur nature et en direct, sous les applaudissements de la presse russe qui ne ménage pas son soutien au régime chaviste tout en dénonçant l’impérialisme Atlantiste qui animerait l’opposition. L’histoire repasse les plats.
 

Anne Dolhein