L’opposition vénézuélienne de droite a remporté dimanche la majorité absolue au parlement. Un succès si l’on veut bien considérer que le parlement monocaméral était contrôlé par les socialistes depuis 1999, c’est-à-dire depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez qui avait profité de la circonstance pour refonder la constitution vénézuélienne et supprimer, dans le même mouvement, le Sénat, resserrant ainsi son emprise sur le pouvoir.
Le président de la République Nicolas Maduro a, avant même que soient connus les résultats définitifs, reconnu la défaite de son camp, qui est le pire échec du mouvement chaviste depuis que son fondateur Hugo Chavez était parvenu au pouvoir en 1999. « Nous sommes ici (…) pour reconnaître ces résultats négatifs », ainsi déclaré le chef de l’Etat dans un discours dont l’idéologie n’était pas absente : « Nous sommes venus avec notre morale, avec notre éthique, pour reconnaître ces résultats adverses, pour les accepter et pour dire à notre Venezuela que la constitution et la démocratie ont triomphé. »
Ce qui ne l’a pas empêché de mettre ce revers sur le compte de la « guerre économique » menée à son encontre, alors que l’on pourrait penser que l’actuelle récession du pays frappe d’abord les Vénézuéliens. Conséquence de cette défaite, les célébrations prévues par le Parti socialiste unifié du Venezuela ont été annulées.
Au Venezuela, victoire de l’opposition de droite
La défaite est en effet nette. Alors même que les résultats définitifs n’étaient pas encore connus, l’Union démocratique, qui rassemble une trentaine de mouvements d’opposition au chavisme, s’assurait d’ores et déjà le contrôle de 99 sièges sur les 167 que compte l’Assemblée nationale, les socialistes n’en obtenant, selon la commission électorale, que 46. Quand bien même ils obtiendraient les 22 sièges restant, les socialistes ont donc perdu, et de façon d’autant plus nette que la participation au scrutin d’hier s’établit à 74,25 %.
Il va de soi que la coalition Union démocratique a tiré parti du mécontentement généralisé chez les 29 millions de Vénézuéliens devant un taux d’inflation qui est le plus élevé au monde. Le président Maduro l’estimait récemment à environ 80 %, mais plusieurs instituts indépendants affirment qu’elle a dépassé les 200 % ! Un chiffre qui justifie, à lui seul, le mauvais accueil désormais réservé à la politique de Nicolas Maduro.
« Ce sont les résultats que nous espérions. Le Venezuela a gagné. C’est irréversible ! », a déclaré, plein d’optimisme, l’ancien candidat à la présidentielle et l’une des principales figures de proue de l’opposition, Henrique Capriles, qui espère bien que l’Union démocratique contrôlera en définitive 113 sièges. Autrement dit, qu’elle obtiendrait la majorité des deux tiers, ce qui lui permettrait de pouvoir réformer les institutions…
Majorité absolue au parlement, et peut-être plus
Mieux encore ! Les chefs de file de l’Union démocratique espèrent pouvoir imposer à Nicolas Maduro, dont le mandat présidentiel court jusqu’en 2019, de convoquer une nouvelle élection présidentielle dès l’année prochaine. L’Union démocratique espère bien, on le comprend, surfer sur sa poussée actuelle. Mais, pour y parvenir, elle doit auparavant réunir quatre millions de signatures, qui correspondent au seuil nécessaire pour organiser un referendum.
La bataille pour le pouvoir ne fait que commencer…