Vers la fin des méga-banques décrétée par les banques centrales ?

Vers la fin des méga-banques décrétée par les banques centrales ?
 
La Haute Finance est dans le collimateur des autorités boursières, de régulation et des banques centrales, s’il faut en croire un article du Daily Telegraph qui s’interroge sur l’avenir des méga-banques : les établissements tellement énormes que leurs problèmes ont des répercussions économiques globales. La décision d’imposer des obligations toujours plus lourdes en matière de réserves de capital pourrait aboutir à la fin des banques systémiques, assure l’article : en échappant aux nouvelles règles les établissements plus petits qui résulteraient de leur éclatement pourraient afficher de meilleurs profits et mieux rémunérer leur actionnariat.
 

Les méga-banques et les grands noms de la Haute Finance dans la ligne de mire

 
La banque JPMorgan (Rockefeller) est particulièrement en ligne de mire à l’heure où des analystes de sa grande rivale, Goldman Sachs, viennent de soutenir que la méga-banque pourrait valoir bien moins que la somme de ses parties. Une plus-value estimée à 50 milliards supplémentaires, dégagés en échappant à la pratique actuelle qui consiste à capitaliser la banque selon les nouvelles règles en puisant dans les profits.
 
Il arrive forcément un point, assure l’article du quotidien britannique, où le coût de fonctionnement d’une méga-banque devient plus lourd que les profits qu’on tire de la concentration. Dans le cas de JPMorgan, comme de HSBC, les exigences sont extrêmement importantes.
 
Le directeur exécutif de JPMorgan, Jamie Dimon, se montre furieux devant ces considérations.Il a déclaré que le dépeçage de son établissement serait « anti-américain » : « Il faut bien que quelqu’un apporte ses services aux multinationales globales autour du monde. C’est pour des raisons de politique publique que je n’aimerais pas voir une banque chinoise jouer le rôle du prochain JPMorgan. » Et d’assurer que les Etats-Unis doivent leur force économique à leur rôle de leader des marchés de capitaux mondiaux ces dernières 50 ou 100 années. JPMorgan le sert grâce à ses importantes « synergies », a-t-il affirmé.
 
La Royal Bank of Scotland a déjà pris acte des nouvelles règles. Avant la crise financière, c’était la plus grosse méga-banque du monde. Elle a réussi à échapper aux lourdes règles de capitalisation mise en place par la Federal Reserve – la Banque centrale américaine – pour les banques systémiques en s’engageant à réduire suffisamment sa présence aux Etats-Unis pour tomber sous le seuil de 50 milliards de dollars d’actifs américains.
 
Elle n’est pas seule : d’autres méga-banques revoient leurs ambitions à la baisse alors que les règles ne cessent de se multiplier : exigences de conformité, restrictions de bonus et autres mesures sévères poussent à la fermeture d’unités qui ne sont pas conformes aux nouvelles normes, qui se révèlent souvent très coûteuses. Un détricotage des fusions qui se sont multipliées avant la crise ?
 

Les banques centrales contre la Haute-Finance

 
Une chose est certaine : les patrons des plus grosses banques, forts du prestige que leur donne l’emprise mondiale de leur établissement, ne sont pas demandeurs de mesures de réduction. Mais il est tout aussi net que les Banques centrales ont décidé de prendre la main. Indépendantes et souveraines à leur manière, ce sont elles qui dictent les règles et façonnent l’économie.