Des santons à la place de la crèche : c’est ça la droite ultra-droite de Wauquiez ?

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La justice ayant interdit la crèche du conseil régional d’Auvergne, Laurent Wauquiez expose à sa place des santons. Voilà la terrible droite, poreuse à l’ultra-droite qu’Alain Juppé envisage de quitter en rendant sa carte des Républicains si Wauquiez en est élu président. Une mascarade significative.
 
Laurent Wauquiez est malin comme un singe. Ce n’est pas pour rien qu’il est sorti major de la promotion Mandela de l’ENA. L’an dernier, lorsqu’il avait décidé d’installer une crèche au siège du conseil régional d’Auvergne dont il est le président, la ligue des droits de l’homme l’avait poursuivi devant le tribunal administratif de Lyon. Pour cette sourcilleuse gardienne de la laïcité, une crèche en Auvergne est aussi peccamineuse qu’une croix à Ploërmel et le tribunal lui a donné raison, estimant que la crèche en question blessait « le principe de neutralité en l’absence de caractère culturel, artistique ou festif ». Sans doute la région a-t-elle fait appel, un appel suspensif, mais Wauquiez, qui travailla naguère avec Bernard Stasi pour une mission sur la laïcité connaît la pugnacité des laïques et n’a pas souhaité répéter l’expérience.
 

Des santons à la place de la crèche : une ruse puérile

 
Il a donc organisé une exposition de santons à la place. Et d’expliquer, finaud en diable : « Notre Région est très attachée à la défense de ses traditions et de la tradition des métiers d’art. Les santonniers font partie de ces artisans d’art qui doivent être reconnus pour la qualité de leur savoir-faire ». Ca n’a pas convaincu la fleur de l’humanisme local, le PRG, qui a pondu un communiqué attristé : « Du président de Région, on aurait pu s’attendre à ce qu’il assume pleinement son refus de respecter la loi de 1905, mais non, Laurent Wauquiez, tel un enfant, a préféré jouer avec le travail des petits santons pour contourner la loi ». Ledit président, fier de sa trouvaille, a beau répéter « Je respecte ce qu’est la justice et le droit », les braves radicaux de gauche n’ont pas tout à fait tort : la ficelle est un peu grosse. Et elle révèle surtout une Auvergne, un Wauquiez, une France, en perdition.
 

Wauquiez s’incline devant les autorités d’occupation

 
D’abord, c’est admettre comme un fait acquis que la justice française, actionnée par des maçons sectaires, noyautée par les sectaires du syndicat de la magistrature, condamne ordinairement crèches et croix, alors qu’elle n’agit ni contre les prières de rue, ni contre l’égorgement domestique des moutons, ni contre les cantines islamisées, ni contre le voile intégral, ni contre le détournement de la loi de 1905 par des centaines de municipalités qui aident à la construction de mosquées. Le populaire en a assez de ce deux poids deux mesures, et il a raison. La réponse de Wauquiez à cette injustice massive, à ce déni de droit structurel au détriment de la France et du christianisme n’est pas proportionnée. Elle peut amuser l’enfant qu’on l’accuse d’être, mais un homme, un homme politique responsable d’une région qui plus est, aurait dû dénoncer haut et fort l’iniquité des juges et le sectarisme féroce des maçons délateurs, puis passer outre.
 
S’il ne l’a pas fait, c’est qu’il n’a pas osé braver le consensus des prétendues élites. Parce qu’il est en campagne électorale pour l’élection à la présidence des Républicains ? Parce que surtout ce consensus est tout puissant ! La France se trouve soumise aujourd’hui à une véritable armée d’occupation. Wauquiez a des ruses de potache en zone occupée : Ach, Laurent, gross filou !
 

La droite se diabolise elle-même à travers l’ultra-droite

 
Or c’est ce godelureau sans consistance que ses concurrents républicains et les médias ont décidé de diaboliser, dans la course vers la présidence des Républicains. L‘archéochiraquien Debré (Jean-Louis) verrait dans son élection un mal « pour le pays et pour la droite » en ce qu’il ne condamnerait pas assez « l’ultra-droite ». Alain Juppé, l’idole des vieux mous, partage la même crainte, « quand la droite se droitise, elle banalise les idées du FN », et laisse dire qu’il s’en ira si Wauquiez est élu. Riester, Solère, Darmanin, Mael de Calan, l’Obs et Libération, bref, toute la droite d’ouverture, renchérissent dans les termes les plus vifs. On pourrait croire que le diable en personne s’est introduit dans le cercle républicain et qu’il s’apprête à tout chambouler. Tout est donc fait pour le marginaliser. Thierry Solère, le seul questeur de l’assemblée élu dans l’opposition pour siéger dans la majorité, le dit tout net : « Je pense que Laurent Wauquiez ne va pas se faire élire président des Républicains mais président de Sens commun ».
 

Wauquiez, bon petit diable démocrate-chrétien

 
Et pourtant, qui est-il, ce petit Wauquiez en qui le système fait mine d’avoir peur ? Bon bourgeois issu d’une famille d’industriels et de cadres financiers, entré au conseil d’Etat à la sortie de l’ENA, le jeune Laurent a commencé suppléant de Jacques Barrot avant de travailler avec Stasi, l’homme de « l’immigration, une chance pour la France » : c’est dire qu’il appartient à l’origine au centre gauche démocrate chrétien européiste et mondialiste. Il a d’ailleurs voté pour la constitution européenne de 2005.
 
On nous assure qu’il aurait trouvé son chemin de Damas sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont il trouve aujourd’hui les réformes insuffisantes. En 2013 il a manifesté contre le mariage gay, depuis 2014 il critique Bruxelles et préconise une Europe des nations. A la région, il fait des économies, tape dans le parc automobile ou les subventions aux ONG. Il a même critiqué en 2014 « l’immigration du social – ceux qui viennent toucher nos prestations sociales – qui a remplacé l’immigration du travail ». Jusqu’où n’ira-t-il pas ? Rejoindra-t-il un jour Robert Ménard ?
 

La droite et l’ultra-droite lorgnent vers le populisme

 
Le regretté Edgar Faure, chef du gouvernement sous la quatrième et ministre sous la cinquième, aurait rassuré d’une phrase ceux que cette « dérive » (c’est plus qu’un « dérapage ») quasi nauséabonde pourrait inquiéter : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ». Comme tous les observateurs un peu avisés en Europe, comme Sebastian Kurz en Autriche, Laurent Wauquiez a vu que le vent soufflait aujourd’hui vers le populisme et il s’y adapte. Les militants et les électeurs de l’UMP-Les Républicains ont été terriblement frustrés, que leur chef populaire Sarkozy soit écrasé à la primaire de la droite pour les présidentielle, puis que Fillon, qui se droitisait (le Fillon du Trocadéro, avec sa cape de super-héros), soit abattu par les affaires : si un macrono-juppéiste style Maël de Calan se trouvait élu, le désespoir les pousserait peut-être, Marine Le Pen agonisant au fond de quelque sanatorium, jusqu’aux bras musculeux d’Asselineau. C’est pourquoi notre Wauquiez en remet sur le jambon dans les cantines scolaires, les racines chrétiennes de la France et la lutte contre le terrorisme : il fait ce qu’il peut pour tenir la place de l’ogre fasciste qui plaît tant aux foules et sert si bien les élites. Un bon démagogue suit les électeurs qu’il veut diriger.
 

La place vaut bien une crèche, et des santons en prime

 
Mais c’est juste le temps d’une élection. Il l’a bien spécifié : « Ma position n’a jamais varié : pas d’alliance avec la gauche et le FN. Une seule boussole : les valeurs de droite et du centre ». Non sans préciser l’exacte sensibilité de sa boussole : Marine Le Pen « n’est pas une personnalité républicaine ». La droite droitisée ne fraiera jamais avec l’ultra-droite. Et pour cause : Wauquiez partage, malgré ses excès actuels de langage, les « valeurs de la droite et du centre ». Il a fait un éloge remarqué de la franc-maçonnerie. Il a renoncé aujourd’hui à revenir sur le mariage gay. Et s’il revenait au gouvernement, il se comporterait comme il se comportait quand il y était. Ministre des affaires étrangères, Laurent Wauquiez dénonçait dans le Monde « la crispation égoïste d’une Europe forteresse ». Comme un Fabius ordinaire ou un Juppé.
 

Judas Wauquiez dans le plus vieux rôle de la Vème

 
Après avoir taillé en pièce le bilan de Sarkozy, Wauquiez s’est rallié à lui en vue de la primaire de 2016, persuadé qu’il vaincrait. Ses amis de droite l’appellent « tueur », « opportuniste », « Judas ». Luc Châtel, lui aussi ancien ministre sarkozien, résume une opinion assez générale : « Il a zéro conviction mais il bosse énormément, ce qui le rend d’autant plus dangereux ».
 
Quoi qu’il en soit, l’intéressé, rhabillé pour l’hiver, a senti la montée populiste. En tant que papier tournesol, il est intéressant, car sa frénésie verbale donne la mesure de l’exaspération populaire. Mais sa politique n’est qu’un remake d’un film souvent joué sous la cinquième république : il figure un sauveur avide de capter les voix patriotes pour mener, une fois au pouvoir, une politique d’abandon. De Gaulle, Giscard, Chirac, Sarkozy, ont tenu le rôle chacun à son niveau et avec son talent personnel. Wauquiez continue, toujours plus cheap.
 

Pauline Mille