La saga Peterson continue : le psychologue clinicien canadien retors, l’éminent professeur hermétique aux oukazes du wokisme, libre de sa pensée et de ses dires, nous livre dans le National Post la suite de ses aventures épiques. Nous en étions restés, en septembre dernier, au fait qu’il ait accepté de se soumettre au cours de rééducation à durée indéterminée sur l’utilisation des réseaux sociaux, réclamé par le Collège des psychologues de l’Ontario.
Aujourd’hui, Jordan Peterson connaît le nom de son « coach ». Son instruction, nettement allégée par le Collège dans un curieux revirement, peut avoir lieu et le délivrer enfin de cette histoire et de ces sanctions qui durent maintenant depuis 5 ans, et même près de 10 ans si l’on compte les affaires médiatiques. Mais il persiste à refuser le huis-clos, seule exigence imposée par le Collège.
Il refuse l’ombre pour la lumière, le mensonge pour la vérité. Car « ce n’est pas la paix qui prospère dans l’ombre, a-t-il déclaré, mais la corruption ». Jusqu’au bout, il fuit la compromission : il ne leur donnera aucune victoire, si petite soit-elle.
« La partie troublée, faible, voire endommagée et malade de moi-même est encline à jeter l’éponge »
Dans une grande tribune publiée le 16 juin par le National Post, Peterson nous apprend qu’après des mois de silence et de retard, en violation de ses propres directives et ordonnances, le Collège des psychologues de l’Ontario (CPO) est revenu vers lui avec une nouvelle proposition bien éloignée de ses menaces initiales. Le psychologue devra subir une seule séance de deux heures, à distance, qui n’inclura aucune formation aux « réseaux sociaux ». Elle sera animée par un certain Harry Cayton, un Britannique qui n’est ni expert en réseaux sociaux, ni psychologue.
On a envie de dire : tout ça pour ça ? Cinq ans d’enquête pour des propos jugés « transphobes, sexistes, racistes », une condamnation par l’Université, une interdiction d’exercer, une défaite en appel, une radiation de Twitter (Elon Musk l’a réintégré depuis)… Et tout cela se solderait par deux heures de parlote en visio ?
Il semble que le système arc-en-ciel soit quelque peu à la peine, pour tenter de balayer si vite une telle affaire. Serait-elle devenue la preuve gênante de leur matraquage erratique et sans fondement ? On peut se poser la question. Le Collège a cédé sur plusieurs éléments : la longueur de la « rééducation », la présence physique obligatoire du « contrevenant », le silence à maintenir sur l’identité du formateur…
Mais le psychologue canadien, internationalement connu, n’a pas cherché pour autant à profiter de cette facilité imprévue. Il pouvait « jeter l’éponge » comme il l’a écrit, fatigué du combat, désireux comme jamais de retrouver sa vie d’avant : « Cette expérience a été horrible » avoue-t-il. Seulement il reste un caillou dans la chaussure. Ils ont lâché sur presque tout, sauf un gros point : la confidentialité des échanges, l’obligation du huis-clos. Et ça, Peterson n’en démordra pas.
Le huis-clos : « le principe de fonctionnement de l’arbitraire autoritaire » pour Peterson
Pourquoi tiendraient-ils absolument à conserver le huis-clos, quand leur coach est supposé délivrer un programme de rééducation modèle, conforme à la rhétorique en cours ? « Si je suis l’idiot intransigeant et qu’il est le magicien qui remet les choses en ordre, pourquoi ne pas faire profiter toutes les personnes intéressées de sa sagesse et leur permettre de participer à la restructuration de mon esprit et à mon illumination éventuelle ? » questionne Peterson. La confidentialité juridique qu’ils invoquent est censée le protéger, lui, « l’accusé », pas eux qui a priori n’ont rien à cacher, étant supposés incarner la voie de la justice et de la vérité…
Pourquoi, alors ? « Parce qu’ils savaient pertinemment que rendre tout cela public provoquerait un scandale sans fin, compte tenu de la validité fondamentale de mes commentaires initiaux, de l’impossibilité de la reconversion et du statut étrange de l’expert en reconversion. »
Le Collège a fait, d’ailleurs, un lapsus intéressant : il a écrit que cette rencontre avait pour but de lui faire « revoir, réfléchir et améliorer son professionnalisme dans ses déclarations publiques ». Au départ, c’était son manque supposé de professionnalisme qu’ils stigmatisaient ! « En fait (et de manière si perverse), c’est précisément mon professionnalisme, qui se manifeste dans ma volonté – que dis-je, mon devoir – de dire ce que je pensais que le Collège souhaite ardemment “améliorer” par cette rééducation, que l’on qualifie désormais si doucement de “coaching” », rétorque Peterson.
Il veut, logiquement, que tout soit public afin que chacun puisse juger par lui-même, en vérité, de ce qui se passe.
« Je sais au plus profond de mon âme – et je prends ces choses très au sérieux – que c’est une grave erreur de s’incliner devant des tyrans mesquins, aussi bien vêtus soient-ils de moralisme et de bonnes intentions. En fait, je crois qu’il est impératif, par-dessus tout peut-être, de ne pas falsifier la pensée et les mots, même par omission. C’est ce que j’ai appris au fil de mes décennies d’études sur la façon dont les forces d’oppression et de malveillance prévalent. Dieu a même accordé à Abraham la rédemption de Sodome et Gomorrhe si dix hommes bons et sincères pouvaient être trouvés dans les environs de ces villes condamnées. Nous sommes tous appelés à faire partie de ces dix », proclame-t-il.
Contre le wokisme, pour la vérité : « Nous sommes tous appelés à faire partie de ces dix »
Dès le départ, son crime a été de ne pas vouloir se taire. Peterson veut assumer cette posture courageuse jusqu’au bout, pour le bien des autres :
« Si ces bureaucrates embrouillés, pharisaïques et camouflés, peuvent me coincer et me réduire au silence, en dépit de tous mes moyens et de mon influence, ils peuvent faire taire n’importe qui – et c’est précisément là le problème. Si je capitule et que je laisse tout ou partie de tout cela se dérouler dans le secret, tous ceux qui occupent des postes d’autorité simplement pour jouir de ce pouvoir arbitraire seront enhardis. »
Inutile de préciser que ce « coach » qu’on veut lui imposer et qui est présenté par son propre site web comme « un conseiller internationalement reconnu en matière de réglementation et de gouvernance professionnelles » est aussi connu pour sa promotion des initiatives en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), comme le note LifeSiteNews.
Car les « fautes » du célèbre psychologue aux 8,72 millions d’abonnés YouTube ont été de dire la vérité sur la théorie du genre, le féminisme, l’apocalypse climatique, à rebours de toute inclusivité néfaste et forcée. Il y a, chez lui, une tension trop évidente vers le Beau, le Vrai, le Bien, les trois dimensions de la réelle Sagesse, de la réelle inhabitation du Saint-Esprit dans notre intelligence, notre cœur et notre âme. Et c’est pour cette raison qu’il est vilipendé quand bien même il n’est pas encore converti à la foi catholique (mais en parle bien mieux que beaucoup de baptisés, comme nous le montrait Jeanne Smits !)
Il l’écrit à la fin de sa tribune : « On verra bien qui cédera le premier. »