Young Ones est classé à tort par certains dans la science-fiction : il comporte certes de très rares éléments de ce genre, dont des robots utilitaires dérivés de prototypes qui existent déjà, mais tient avant tout du western, par son thème. Il montre des fermiers se disputer la terre, subir une sécheresse terrible et le joug des banques, et son intrigue simple repose sur le meurtre d’un père et sa vengeance par son jeune fils. Certains critiques désinformateurs ont parlé de SF avec des Blancs états-uniens pauvres, utopie négative « originale ». Or il existe déjà aux Etats-Unis autant de Blancs pauvres, plus de vingt millions, que de Noirs ou de Latinos, mais leur cas reste beaucoup moins médiatisé, et ils sont certainement moins aidés des autorités.
Toutes les lois du western sont scrupuleusement respectées par le réalisateur Jake Paltrow, avec ses caractères plutôt sommaires, capables du pire derrière des scrupules superficiels, l’usage facile des armes à feu, sans exagération toutefois, les plans longs sur des paysages superbes. Ce western comporte un aspect social original, inspiré probablement de la réalité : il existe sûrement une délinquance causée par la misère. Toutefois la culture de l’excuse des sociologues de gauche, générale en Europe (elle triomphe avec les dernières lois Taubira en France) rend cet aspect un tantinet agaçant malgré tout. Les acteurs jouent tous très bien. Dans un rôle peu flatteur de fille séduite pas très lucide, Elle Fanning, jeune actrice prometteuse, réussit à s’imposer.
On pourra seulement regretter l’absence de profondeur véritable, certes assez liée au genre, et de réflexion morale. Même sans aller jusqu’au pardon chrétien (le pasteur ne figure véritablement que pour le décor), il y aurait eu matière à creuser davantage le fait que l’assassin du père est aussi un membre de la proche famille ; une forme de dilemme a priori évident est pourtant absent de la conscience du vengeur. Young Ones reste cependant un western de fort bonne facture.