L’attentat de Manchester, un traumatisme sans fin

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Des fleurs, des messsages, des bougies en mémoire aux victimes de l’attentat, le 24 mai 2017 à Manchester.

 
La presse britannique semble sidérée par l’attentat de Manchester, qui a visé des jeunes, des enfants, surtout des jeunes filles. Un touchant éditorial du Telegraph de Londres a paru hier sous le titre : « Des frères et des sœurs perdus, des petits-enfants qui ne naîtront jamais, des familles mutilées – c’est un traumatisme sans fin ». Réfléchissant, désolée, au massacre des enfants d’Angleterre, Allison Pearson met malgré elle en lumière le vide de notre temps. Ce vide qui appelle le vide de l’islam, sa violence et sa terreur.
 
« Combien de fois ai-je emmené une petite jeune fille impatiente et ravie au concert pour voir sa pop star favorite ? Je regarde les photos sur mon téléphone et les souvenirs déferlent. Kelly Clarkson, Justin Bieber et – ô jour frabieux ! – One Direction. C’est un rituel qui se déroule dans tous les coins du pays, un rite de passage de la jeune adolescence. Le ticket de concert si précieux, acheté des mois à l’avance, pour un anniversaire ou pour Noël, qu’on manipule comme une sainte relique »…
 

L’attentat de Manchester a frappé la jeunesse

 
Oui, voilà le ton : pour ce jour-là, des petites jeunes filles s’habillent, se maquillent, elles l’attendent comme un premier bal, comme une nuit incomparable, mais aussi, véritablement, comme un événement religieux. Samedi soir, c’était pour voir Ariana Grande, née catholique, convertie – comme Madonna – à la kabbale. A 27 ans, elle est également végétalienne depuis quatre ans et elle a multiplié les petits amis dans le monde de la pop music et du rap : sur cette même période, elle en a eu cinq. Elle est tout ce que des parents normaux ne voudraient jamais pour leur fille. Son public : essentiellement des pré-adolescents et des enfants. La star pour ados aime à s’afficher sur scène en tenues sexy. Elle fait partie de ces contre-modèles dont rêvent tant de fillettes aujourd’hui, et que leurs parents, qui ont oublié les normes et la normalité, leur consentent d’avoir en partageant quasiment la même ferveur.
 
Très justement, Allison Pearson imagine le terroriste comme rempli de haine. C’est la religion catholique, ce sont les fidèles du Christ qui apprenne à aimer leurs ennemis et à vouloir leur bien. Et eux seuls, en définitive, si bien que nos cultures anciennement catholiques en gardent la trace. « Nos intelligences peinent à comprendre un tel degré du mal. Nos cœurs sont brisés à la pensée de tout l’amour, tout l’espoir, tous les sacrifices qui ont amené ces familles vers ce stade, et de toute l’angoisse qui se répercutera en ondes de choc depuis l’épicentre de la détonation, vers les foyers, les écoles, les communautés, et ce pour des années à venir. Des frères et des sœurs perdues, des petits-enfants qui ne naîtront jamais, des familles mutilées, les anniversaires qui se transforment en cimetières du souvenir, un traumatisme sans fin », écrit la chroniqueuse.
 

Le traumatisme des familles brisées, des lignées stoppées net

 
Et elle s’indigne : comment peut-on demander aux Anglais de rester calmes et de continuer à vivre comme d’habitude, « alors que nous enfants sont devenus une cible légitime pour les massacres de masse » ? « C’est l’innocence qui a été tuée à Manchester lundi soir », conclut-elle.
 
Le traumatisme qu’elle décrit est terrifiant, et bien réel. Mais si nous avions réellement le sens des réalités, nous saurions que ce mal abominable qui frappe au cœur de nos villes et qui vise si souvent la jeunesse ne s’arrête pas aux attentats suicide et aux atrocités du terrorisme.
 
Notre Occident bien-pensant, oublieux de sa foi, n’est plus « innocent ». Il a fait du mal un bien, il a laissé remplacer – si souvent – l’éducation qui est l’art de d’aider à devenir adulte, par l’intégration dans la tribu, avec ses breloques sans valeur et son culte du néant, il scandalise « ces petits » à longueur de journée en leur laissant croire que le bonheur est dans le rythme endiablé, dans le vagabondage sentimental et sexuel, dans la liberté par rapport aux contraintes ringardes. Il laisse tuer les enfants dans le ventre de leurs mères et dit que c’est un « droit ».
 

La mort sans fin

 
Combien de familles mutilées, combien de petits frères, de petites sœurs perdues, combien de petits-enfants qui ne naîtront jamais, parce que l’enfant qui aurait pu leur donner la vie dans vingt ou trente ans a lui-même été tué avant de naître ? Le massacre des innocents est là, qui a enraciné la violence jusque dans le sein des mères. La tuerie de Manchester en est une comme une image sanglante et tangible, participant d’une même haine de la vie, qu’elle soit consciente ou inconsciente, imposée au nom de la société.
 
Nous avons raison de pleurer les morts, les vies brisées par un fou d’Allah. Mais il faut aussi cesser d’être borgnes : pour que la paix revienne, il nous faut pleurer les morts, les vies brisées par les amnésiques de Dieu.
 

Jeanne Smits