DOCUMENTAIRE
Homeland : Irak année zéro ♥♥♥


 
Homeland : Irak année zéro est un documentaire, qui s’étend sur un peu moins de six heures, subdivisés en deux films de presque trois heures : Avant la chute (2002) et Après la bataille (2003). Le réalisateur irakien Abbas Fadhal, revenu de France pour suivre les événements dramatiques annoncés dans son pays, a filmé sa famille en Mésopotamie. Cette approche simple, qui aurait pu sembler limitée, s’avère en fait fort intéressante. Avec les cousins, qui se visitent régulièrement, une famille irakienne compte ainsi plusieurs centaines de personnes, qui en rencontrent des milliers dès que l’on élargit le cercle aux amis et fréquentations, soit largement un panel de sondage représentatif.
 
En résidant dans le foyer de sa sœur, de son beau-frère, et de leurs nombreux enfants, le réalisateur propose des visions très spontanées des Irakiens, et de leur environnement, à Bagdad, où ils demeurant, et à Hilla, à proximité des ruines de Babylone, chez des cousins – et origine probable de la famille.
 

Homeland, Irak année zéro : un documentaire fort intéressant

 
La famille, du moins dans ce qui nous est montré, parle assez peu de politique et de religion. Le spectateur attentif comprend qu’ils sont Arabes chiites. S’ils n’ont pas soutenu l’invasion de leur pays pour autant, ils ont accueilli avec joie le renversement de Saddam Hussein, dictateur sunnite. La nostalgie ou non du régime renversé permet de deviner dans les dialogues à l’été ou l’automne 2003 assez justement qui est sunnite ou chiite. Hormis ce point de repère, ils parlent tous arabe, et Bagdad est, du moins encore en 2003, une ville mixte, mais avec des quartiers déjà quasiment séparés.
 
Il faut voir les deux films dans l’ordre, suivant la logique chronologique évidente, mais aussi parce que le premier film permet de faire la connaissance des personnages principaux. Discret, et même si davantage de coupes n’aurait pas nui, un travail sérieux de montage est perceptible. Le plus tragique est qu’un peu plus d’une décennie après les faits relatés dans Homeland : Irak année zéro, rien de permet d’affirmer que la situation générale de l’Irak soit meilleure.
 

Hector Jovien

 
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