Le maire de Lampedusa en a assez des migrants : il demande la fermeture du célèbre centre d’accueil

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La Porte de l’Europe, un monument sur Lampedusa, dédié aux migrants décédés en Méditerranée

 

Dans une lettre ouverte envoyée samedi à l’agence de presse italienne ANSA, le maire de Lampedusa demande la fermeture du célèbre centre d’accueil de cette petite île de 6.000 habitants située entre l’île de Malte et la Tunisie. Salvatore (« Totò ») Martello se plaint à la fois du comportement d’une partie des immigrants illégaux (les « migrants ») et du laxisme des autorités, protestant contre le fait que le respect des règles n’est exigé que de la part des Lampedusiens et pas des clandestins. Il parle notamment d’un groupe de 180 Tunisiens qui traînent la plupart du temps dans la rue, et qui peuvent entrer et sortir du centre d’accueil sans aucun contrôle malgré la présence de policiers et de carabiniers.
 
Car le maire proteste aussi contre l’attitude des forces de l’ordre impuissantes face aux nombreux vols, menaces et harcèlements qui sont le fait de ces immigrants arrivant illégalement à Lampedusa par petits groupes, sur des embarcations de fortune parties des côtes tunisiennes. Il demande donc l’intervention directe du ministre de l’Intérieur, regrettant par ailleurs qu’il suffise d’exiger que les règles soient respectées pour se faire taxer de raciste.
 

Recrudescence du nombre de migrants arrivant à Lampedusa de Tunisie

 
Depuis que les garde-côtes libyens refoulent les migrants et qu’ils ont chassé les ONG européennes qui assuraient un service de navette depuis leurs côtes, on observe une recrudescence des arrivées à Lampedusa, de l’aveu même de l’ancien maire Giuseppina (« Giusi ») Nicolini, remercié par les électeurs en juin dernier. Très favorable aux immigrants, Mme Nicolini avait reçu le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, remis par l’UNESCO, en tant que co-lauréate avec l’ONG SOS Méditerranée, une de ces associations pro-immigration auxquelles s’intéresse désormais le parquet de Catane. Aujourd’hui, Giusi Nicolini accuse son successeur de chercher à recréer le climat de peur qui régnait à Lampedusa avant son arrivée à la mairie. Et puisqu’il crée un climat de peur, Nicolini l’accuse de terrorisme !
 

Le maire qui veut aujourd’hui obtenir la fermeture du centre d’accueil n’a pas toujours été hostile à l’immigration de masse

 
La défaite cuisante de la très médiatique lauréate de l’UNESCO avait été attribuée à son attitude en faveur d’une « culture de l’accueil », et Totò Martello affirmait en effet que la politique d’immigration devait être entièrement revue. D’autres facteurs, locaux, ont toutefois pu jouer, et le nouveau maire ne s’était jamais distingué par sa claire opposition à l’accueil des immigrants. Les deux personnages appartiennent d’ailleurs au même parti de centre gauche, le Parti démocrate (PD) du Premier ministre Paolo Gentiloni, dont Nicolini est désormais membre du secrétariat national.
 
C’est sans doute ce qui explique la violence des réactions au cri de colère de Totò Martello lorsqu’il déclare aujourd’hui que son île est au bord du gouffre, et que les habitants et les commerçants en ont plus qu’assez des « incivilités » de ces immigrants qui font peur aux touristes. Nicolini réfute ces affirmations, de même que le curé et le médecin du film documentaire Fuocoammare, qui dirige le dispensaire de Lampedusa et se charge de la première visite médicale de chaque immigrant arrivant illégalement sur l’île. Pour lui aussi, les violences sont le fait d’un petit nombre et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : Lampedusa reste ouverte aux immigrants. Message certainement reçu 5/5 sur le continent africain !
 

Olivier Bault