Mgr Marcelo Sanchez Sorondo est un Argentin, proche du pape François, chancelier de l’Académie pontificale des sciences en même temps qu’il est chancelier de l’Académie pontificale des sciences sociales. Un homme qui compte, au Saint-Siège. Lui qui fut en première ligne des colloques auxquels furent invités, sur le territoire de l’Etat du Vatican, des malthusiens comme Paul Ehrlich, des partisans de l’avortement, des excités du climat vient de franchir un pas de plus dans l’inimaginable : Mgr Sanchez Sorondo vient de témoigner de son admiration pour la Chine qu’il a visitée il y a quelques mois. Il est revenu « enthousiasmé » de Pékin. « En ce moment, ceux qui mettent le mieux en œuvre la doctrine sociale de l’Eglise sont les Chinois », a-t-il déclaré. Sic. Verbatim. Oui, vous avez bien lu.
La nouvelle est rapportée par Andrés Beltramo Alvarez sur le site hispanophone de Vatican Insider. Le vaticaniste y voit une cohérence par rapport aux relations qui s’améliorent entre Rome et la Chine, au point que des évêques de l’Eglise clandestine ont été invités à se démettre pour céder la place à des évêques de l’Eglise patriotique chinoise, contrôlée par le pouvoir communiste qui ne veut pas d’une entité religieuse « soumise » à un pouvoir étranger. L’accord entre le Vatican et Pekin est donné par certains pour proche, tout comme leur « convergence » en vue du rétablissement des relations diplomatiques rompues du temps de Mao.
Mgr Marcelo Sanchez Sorondo fait l’éloge de la Chine (communiste)
Mais revenons à Sanchez Sorondo. Voici ce qu’il a à dire d’un pays où le contrôle malthusien de la population passe par les avortements forcés et les stérilisations de masse, et l’élimination de millions de petites filles avant leur naissance, où le parti communiste contrôle l’économie, où la persécution religieuse se fait de plus en plus pesante, où le marxisme est de plus en plus invoqué par le pouvoir… :
« Eux (les Chinois) recherchent le bien commun, ils subordonnent tout au bien général », a déclaré Mgr Sanchez Sorondo à l’occasion d’un entretien avec Vatican Insider. Il n’a pas trouvé cela tout seul. « C’est Stefano Zamagni qui me l’a assuré ; c’est un économiste traditionnel, très considéré à toutes les époques, par tous les papes. » (Re-sic… Précisons donc, à toutes fins utiles, que ce membre de l’Académie pontificale des sciences sociales est né en 1943.)
Sanchez Sorondo lui-même s’est rendu à Pekin dans le cadre de la « diplomatie de l’art » qui s’est beaucoup développée entre le Saint-Siège et Pékin depuis l’arrivée du pape François : il s’agit des relations entre les musées du Vatican et les organismes culturels chinois.
Il raconte : « J’ai rencontré une Chine extraordinaire ; ce qu’on ne sait pas, c’est que le principe central chinois est le travail, le travail, le travail. Il n’y en a pas d’autre : au fond c’est comme le disait saint Paul – que celui qui ne travaille pas, ne mange pas. On n’y trouve pas de villes-misère, pas de drogue, les jeunes ne se droguent pas. Il y a comme une conscience nationale positive, ils veulent démontrer qu’ils ont changé, ils acceptent déjà la propriété privée. »
La Chine, ou le bonheur du travail, du travail, du travail !
Les points de « coïncidence » entre le Saint-Siège et Pékin sont nombreux, insiste le prélat. Pékin « défend la dignité de la personne » en suivant, plus que d’autres pays, l’encyclique de François Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune, en se plaçant au nombre des défenseurs les plus actifs des accords de la COP 21, rapporte Vatican Insider, qui cite encore Sanchez Sorondo : « Ce faisant, il assume un leadership moral que d’autres ont abandonné. »
Et ça continue :
« L’économie ne domine pas la politique, comme cela se produit aux Etats-Unis, de l’avis même des Américains. Comment est-il possible que les multinationales du pétrole manipulent Donald Trump ? Alors que nous savons que cela fait du mal à la Terre. Selon l’encyclique et selon ce que disent les scientifiques… La pensée libérale a liquidé le concept de bien commun, ils ne veulent même pas le prendre en compte, on affirme que c’est une idée vide, sans aucun intérêt. En revanche, ce n’est pas ce que font les Chinois, ils proposent le travail et le bien commun. »
Alors que l’Académie pontificale des sciences a été vivement critiquée il y a un an à peine pour avoir invité des représentants chinois à un colloque sur le don d’organes, Sanchez Sorondo a tenu à féliciter la Chine en ce domaine. C’est que le don d’organes « a énormément progressé » là-bas, mettant fin l’extraction forcée qu’elle avait reconnu pratiquer et qu’elle avait abolie en 2005. Tout cela grâce à un système numérique « très intéressant » qui relie les donneurs aux receveurs dans l’ensemble du pays. C’est même la « meilleure méthode » que le prélat ait vu puisque les donneurs sont considérés comme des « héros » et qu’on leur réserve même des cimetières à part !
La doctrine sociale de l’Eglise : qui mieux que la Chine ?
Il va de soi que le journaliste de Vatican Insider ne pose pas à ce moment-là l’épineuse question de la mort cérébrale, la « mort clinique » inventée pour permettre le prélèvement d’organes vitaux sur des êtres humains à cœur battant…
Le pape, a poursuivi Marcelo Sanchez Sorondo, « aime le peuple chinois » et « aime son histoire ». Rien d’étonnant à cela puisque le pape jésuite connaît bien l’histoire de Matteo Ricci, le missionnaire de la Société de Jésus qui réussit à se faire accepter à la cour de l’empereur (rapporte encore Beltramo Alvarez) et qui a rapporté en Occident les écrits de Confucius. En ce moment, assure Mgr Sanchez Sorondo, admiratifs, les habitants de ce pays « ont une qualité morale que l’on ne rencontre guère ailleurs ».
Mgr Marcelo Sanchez Sorondo : un scandaleux éloge du communisme à la chinoise
« L’impression, c’est que la Chine évolue très bien. On m’a demandé comment se présentaient les relations entre la Chine et le Vatican, j’ai répondu qu’en ce moment il n’y en a pas de formelles parce que nous n’avons ni ambassadeurs ni nonces, mais qu’en ce moment il existe beaucoup de points de rencontre. Le monde est dynamique et il évolue. On ne peut pas penser que la Chine d’aujourd’hui est celle de Jean-Paul II, ou la Russie celle de la Guerre froide. »
Vive la Chine donc, avec son système de surveillance, ses prisonniers politiques, son mépris de la vie humaine, son matérialisme forcené, son interdiction aux cadres du pouvoir d’avoir une religion, son chef d’Etat Xi Jinping qui impose sa « pensée » radieuse à l’ensemble de la population, sa militarisation à outrance, ses pauvres, sa concurrence déloyale, son « socialisme à caractéristiques chinoises » qui est une adaptation revendiquée du marxisme-léninisme…
Mais si c’est cela, la doctrine sociale de l’Eglise de l’an 2018, c’est qu’elle a été bel et bien vidée de sa substance, toute honte bue.