Personal shopper est un métier particulier, relativement rare, mais existant réellement. Une grande dame, fort riche, personnalité qui considère qu’elle dispose de trop peu de temps pour s’occuper elle-même de l’intendance, délègue complètement ses achats à une personne de confiance : cette dernière est donc qualifiée d’acheteuse personnelle, ou Personal shopper en anglais. Ce métier est exigeant, puisque celle – ou pourquoi pas celui, mais ce serait plus rare – qui l’exerce doit connaître très précisément les goûts de la personnalité qu’elle sert. Elle doit suivre régulièrement les apparitions publiques de sa cliente, analyser la garde-robe choisie par elle, se conformer à sa tendance vestimentaire du moment, tout en ne proposant surtout pas des choses absolument identiques…
Ainsi l’héroïne du film voyage entre les grandes boutiques de luxe de Paris et de Londres, choisit des robes ou des chaussures, en discutant au besoin avec les vendeuses qui connaissent aussi sa cliente et ses goûts. Mais elle sait trancher rapidement. Elle achète toujours par trois ou cinq produits différent, laissant toujours un choix final à sa cliente. Cette dernière dispose vraiment de moyens financiers considérables. Le réalisateur Olivier Assayas s’est amusé à donner le rôle principal de Personal shopper, personne de l’ombre, à l’actrice américaine paradoxalement très connue Kirstin Stewart. Il essaye de renouveler l’expérience réalisée avec elle dans un rôle proche d’assistante générale-clef dans Sils Maria (2014).
Personal shopper, une œuvre assurément mineure
Le réalisateur a cherché à jouer au cours de sa narration sur le contraste entre un univers professionnel fondamentalement matérialiste, et une quête bizarre de l’héroïne, qui cherche à communiquer avec son frère jumeau défunt depuis peu. Elle posséderait des dons de « médium » permettant de communiquer avec les morts. Au terme d’une nuit dans l’ancienne et vaste maison du défunt, elle croit l’avoir rencontré et voit son spectre, tout comme le spectateur. Mais n’est-ce pas là le fruit de la fatigue, de l’imagination, le tout conjugué avec une obsession, soit toutes les conditions requises pour engendrer une hallucination ? Ce qui est triste est que notre époque oscille en effet entre le matérialisme le plus brut, niant l’existence de l’âme et son immortalité – point de vue exprimé dans le film par un personnage secondaire – et les recherches spirites vaines ou dangereuses – le spiritisme pouvant mettre en contact avec des démons – en ne parlant jamais de Dieu et encore moins des vérités chrétiennes. Le reflet de notre époque est donc juste. Le récit est bien mené. On regrettera seulement une scène indécente et parfaitement inutile. Quant au message du film, il est pour le moins confus, s’il existe. Réalisateur capable, Olivier Assayas ne propose ici qu’une œuvre mineure, pas franchement manquée, mais assurément mineure.
Hector JOVIEN