Poutine présente le Kinzhal, missile nucléaire volant à dix fois la vitesse du son, et des armes à propulsion nucléaire

Russie missile propulsion nucléaire Kinzhal Vladimir Poutine
 
En cette veille d’élection présidentielle russe, Vladimir Poutine joue la montée aux extrêmes en matière d’armement, alors que le sentiment antirusse est violemment attisé par les médias aux Etats-Unis. Dans un discours prononcé au début du mois, le président de la Russie a affirmé qu’il pouvait gagner une guerre mondiale grâce au tir d’un nouveau missile nucléaire capable de voler à plus de dix fois la vitesse du son, soit quelque 12.400 km/h. Son nom : le « Kinzhal » ou « dague ». Dimanche, la Russie a fait savoir qu’elle avait procédé avec succès à un tir de cette arme, qui se joue des armes anti-missiles de l’Occident.
 
Vladimir Poutine, qui dévoilait sa batterie d’armes de nouvelle génération début mars, avait affirmé que le Kinzhal était une « arme idéale ». Ce missile air-sol est capable de parcourir plus de 2.000 km. Lors de l’essai, il a été tiré d’un MiG-31 supersonique intercepteur qui avait décollé d’un aérodrome du district militaire Sud. Le ministère de la Défense a fait savoir que « le tir avait été conforme au programme » et que « le missile supersonique avait atteint son objectif ». Il a publié une vidéo montrant deux pilotes courant vers un bombardier équipé d’un gros cylindre sous son ventre. Quelque 250 vols ont été réalisés pour tester des tirs de jour et de nuit dans toutes les conditions météorologiques. Le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine a précisé qu’un unique MiG-31 supersonique avait été adapté pour porter le Kinzhal.
 

Le Kinzhal peut se jouer des systèmes de défense anti-missiles

 
Ce développement survient quelques jours après que le président russe a affirmé qu’il déchaînerait une « catastrophe globale » si une troisième guerre mondiale éclatait et menaçait son pays. Vladimir Poutine fait ainsi monter la pression avant l’élection présidentielle du 18 mars, garantissant à ses citoyens une victoire en cas de guerre. Il a affirmé que le Kinzhal pouvait se jouer des systèmes de défense anti-missile, visant directement le projet de bouclier américain. Durant son intervention, un montage vidéo montrait l’impact potentiel du Kinzhal, avec des bombes s’abattant sur la Floride. Poutine a ajouté que la Russie avait testé toute une batterie de nouveaux vecteurs nucléaires « invulnérables » face aux systèmes d’interception. Parmi eux, un autre missile et un drone sous-marin, tous deux à propulsion nucléaire.
 
Vladimir Poutine a martelé que les efforts occidentaux pour empêcher le développement militaire de la Russie se soldaient ainsi par un échec : « Je dis à tous ceux qui ont nourri la course aux armements ces 15 dernières années, espérant acquérir des avantages unilatéraux sur la Russie, à tous ceux qui ont décrété des sanctions illégales destinées à handicaper le développement de notre pays, à tous ceux-là je dis : tout ce que vous vouliez empêcher par vos manœuvres a pourtant eu lieu. Vous avez échoué à contenir la Russie ».
 

Un nouveau missile et un drone sous-marin, armes à propulsion nucléaire

 
Evoquant le nouvel arsenal russe, Vladimir Poutine s’est félicité du fait que le nouveau missile à propulsion nucléaire testé l’automne dernier possède un rayon d’action illimité, une vitesse élevée et une grande manœuvrabilité, lui permettant de se jouer de tous les systèmes de défense antimissile. Quant au drone sous-marin, il aurait selon lui un rayon d’action « intercontinental » et possède la capacité de transporter une tête nucléaire apte à atteindre les porte-avions comme les installations côtières. Il a ajouté que sa profondeur opérationnelle et sa vitesse lui permet de percer les interceptions ennemies, ajoutant : « C’est vraiment fantastique ! » Les noms du missile à propulsion nucléaire et du drone sous-marin n’ont pas encore été arrêtés. « Personne dans le monde ne possède ce genre d’engins », a-t-il ajouté, et s’il en apparaît, « alors nous développerons quelque chose de nouveau ». Vladimir Poutine a par ailleurs déclaré que son pays avait testé un nouveau missile balistique intercontinental lourd, le « Sarmat », doté d’un nombre de têtes supérieur à celui de son prédécesseur de l’ère soviétique, connu à l’Ouest sous le nom de « Satan ».
 

Poutine affirme que la Russie répond au projet américain de bouclier antimissiles

 
Poutine a félicité la nouvelle génération d’ingénieurs russes qui travaillent sur ces nouvelles armes, les appelant « héros de notre temps ». Il a insisté sur le fait que ces avancées en matière d’armes nouvelles n’avaient pas d’équivalent à l’Ouest. Il estime que la Russie répond ainsi au retrait des Etats-Unis d’un traité signé durant le Guerre froide, qui bannissait les défenses antimissiles et à la volonté américaine de développer un tel bouclier : « Personne ne nous a écoutés. Maintenant, ils n’ont plus le choix. »
 
Tout en assurant ensuite que ces nouveaux armements participeraient à l’équilibre diplomatique, Vladimir Poutine avait auparavant assuré que si la Russie était frappée par une bombe nucléaire et menaçait d’être anéantie, alors le monde ne s’en remettrait pas. « J’espère que cela n’arrivera jamais, et notre doctrine pour l’usage de ces armes reste celle des représailles, de la contre-attaque », a-t-il nuancé. « La décision d’utiliser une arme nucléaire ne pourra être prise que si notre système d’alerte-missiles a détecté non seulement un tir, mais fournit aussi une prédiction confirmée de leur plan de vol et de l’instant où les têtes tomberont sur la Russie », a-t-il complété, assurant qu’il s’agirait « d’un droit légal de riposte ». Certes, a-t-il conclu, ce serait « une catastrophe mondiale pour l’humanité, pour le monde » mais, « comme citoyen de la Russie et chef d’Etat, je pose cette question : pouvons-nous concevoir le monde sans la Russie ? »
 

Matthieu Lenoir