Avec le 49-3, Manuel Valls fait passer en force la loi sur le travail

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Bien qu’ayant été réécrit, le projet de loi sur le travail aura finalement eu besoin du 49-3 pour passer. Après avoir convoqué en urgence le conseil des ministres sur ce sujet, Manuel Valls a ainsi engagé mardi la responsabilité du gouvernement pour passer en force sur ce texte, affirmant ne pas craindre, malgré une forte opposition de gauche, que son gouvernement soit renversé par une motion de censure.
 
Sur le plateau de TF1, le premier ministre a justifié ce recours à l’article 49-3, qui permet d’adopter un vote sans texte, par le fait que cette loi est « une réforme essentielle pour les entreprises et importante pour les salariés ». Que ni les unes, ni les autres ne le souhaitent, et paraissent au contraire y être opposés n’a pas l’air d’effleurer l’assurance sans vergogne de Manuel Valls !
 

Manuel Valls fait passer en force la loi sur le travail

 
Cette décision a évidemment suscité un tollé de l’opposition de droite et du centre droit, mais aussi de la gauche non socialiste, qui s’est trouvée être la plus virulente lors de la séance des questions d’actualité à l’Assemblée nationale.
 
Le groupe des Républicains, en association avec celui de l’UDI, a décidé de déposer aussitôt une motion de censure qui sera soumise jeudi au vote. Mais Manuel Valls a souligné qu’il ne craignait pas que les frondeurs socialistes ne la votent : « A chacun de prendre ses responsabilités. S’il y a des députés de gauche qui veulent voter la motion de censure de la droite, ils n’ont qu’à le faire. Mais quelle contradiction ! »
 
Il est vrai que, en matière de contradiction, Manuel Valls est devenu un spécialiste hors catégories…
 
De fait, des élus écologistes et communistes ont annoncé de leur côté qu’ils réfléchissaient au dépôt d’une « motion de censure de gauche » à laquelle les frondeurs du PS pourraient se joindre.
 
Mais se faisant, la prétendue opposition de gauche s’avère factice, car il n’est pas sûr désormais, et loin de là, que ni l’une ni l’autre de ces deux motions puissent obtenir les 58 signatures requises pour présenter une motion de censure, et envisager de faire ainsi capoter le gouvernement.
 

Vers un 49-3 permanent ?

 
Il n’empêche que le premier ministre a quelque mal à supporter cette opposition. En engageant la responsabilité de son gouvernement, Manuel Valls a ainsi déploré « le spectacle désolant de la division et des postures politiciennes dû à une minorité de blocage ». On peut dire que c’est là une curieuse conception de la démocratie. Ou alors, il faudrait arrêter de faire semblant, et, après l’état d’urgence permanent, instaurer le 49-3 permanent. Et appeler enfin la république hollandienne par le nom qu’elle mérite, celui de dictature.
 

François le Luc