Parmi les conséquences putatives du réchauffement du climat, les canicules qui frappent plus particulièrement les personnes fragiles ou âgées sont souvent agitées : or les statistiques sont formelles, le froid tue nettement plus que la chaleur. Une étude de Santé Publique France de 2018 montre qu’entre 2000 et 2010, dans 18 villes françaises, 3,9 % de la mortalité totale était attribuable au froid et 1,2 % à la chaleur, sans d’ailleurs que le plan canicule lancé en 2004 n’y ait changé quoi que ce soit. Ce danger du froid a marqué l’histoire. Notre confère National Geographic vient de nous rappeler qu’il peut prendre des proportions catastrophiques quand, au lieu d’un simple caprice de la météo, c’est le fait du climat. Le début du dix-huitième siècle, avant la fin du petit âge glaciaire, fut terrible en France et en Europe, et l’année 1709 fut la plus terrible. Les habitants qui mouraient par centaines de milliers auraient rêvé d’un réchauffement climatique rapide.
1709 : l’Europe gelait, le froid tuait la France
Les annales sont formelles, c’est le 5 janvier 1709 que le thermomètre est tombé. Dans les jours qui suivirent, partout en Europe, à Oslo, Rome, Londres et Moscou un froid à geler les corbeaux s’étendit, qui devait durer trois mois. La Tamise et le port d’Amsterdam furent prises par les glaces, les voyageurs bien emmitouflés traversaient la Baltique à cheval pour aller de Hambourg à Stockholm, les Vénitiens rayaient leurs canaux de leurs patins à glace, les marins de l’Adriatique gelaient sur leurs banquises et Valence perdit toutes ses oliveraies. Mais c’est en France que l’hiver de 1709 fut le plus terrible. Le froid déjà saisissant de l’année 1708 avait produit de maigres récoltes et la guerre de succession d’Espagne pesait sur les finances. Les pauvres gens bientôt moururent de froid et de faim, pendant que les autres se rationnaient et se calfeutraient en brûlant leurs meubles.
Avec la chaleur, épidémies et inondations tuent une année terrible
A Versailles, la belle-sœur du roi Louis XIV, Elisabeth-Charlotte de Bavière, déplorait devant son feu qui ronflait, emmitouflée dans des fourrures et les pieds dans une peau d’ours, que « le vin gèle dans les bouteilles ». Seul le rhum et le cognac demeuraient liquides. L’huile avait gelé depuis longtemps. Paris ne fut pas approvisionné pendant trois mois. Même les plus chanceux qui avaient accumulé des vivres n’étaient pas à l’abri, le froid les gâtait. Les animaux n’étaient pas mieux lotis que les hommes. Le bétail mourait sur pied, la volaille aussi, les loups qui pénétraient villages et bourgs les mangeaient sans avoir à les tuer. Quant aux arbres, ils se fendaient sous le gel, on entendait leurs fûts claquer et s’effondrer. On crut se réjouir en avril quand un peu de chaleur revint à la fonte des neiges, mais vinrent les inondations, et des épidémies s’abattirent sur des populations épuisées. Avec tout cela, les récoltes de 1709 furent encore pires que celles de 1708. Le prix du blé fut multiplié par six. Louis XIV fit distribuer du pain et engagea les riches à suivre son exemple. Cela ne suffit pas. Il y eut des révoltes. La faim tua autant que le froid. On dut attendre la fin de 1710 pour un retour à la normale. Certains estiment la surmortalité des années 1709-1710 à 600.000 morts, et le déficit en naissances à 200.000.
Climat : l’année 1709 au plus froid du minimum de Maunder
L’année 1709 fut la plus terrible de ce que les spécialistes du climat nomment minimum de Maunder, qui commence en 1645 et finit en 1715. Cette période de froid, due à un ralentissement de l’activité solaire, fait suite au minimum de Spörer (1420-1570) et a été suivie par le minimum de Dalton (1790 – 1830), qui précède immédiatement la sortie du petit âge glaciaire. Aujourd’hui grâce aux progrès de l’activité humaine et au CO2 qui accroît la végétation, l’humanité se trouve à l’abri de tels maux. Un réchauffement ne saurait léser (encore faudrait-il le montrer) que certaines régions très chaudes – et c’est pourquoi les alarmistes du climat se focalisent sur le Sahel. Contrairement à ce que chantait Aznavour, il semblerait à les croire que la misère soit plus terrible au soleil. Mais globalement, le froid tue plus que le chaud. C’est pourquoi la propagande climatiste remplace le mot réchauffement par changement climatique, mettant l’accent sur les « phénomènes extrêmes ». Encore un effort, et le public découvrira la vérité : le climat varie tout seul, et l’homme fait ce qu’il peut pour s’en accommoder.