Le Mot : Dôme de chaleur

mot Dôme de chaleur
 

On ne dit plus : « C’est l’été, il fait chaud », mais « La France est coincée sous un dôme de chaleur. » Ça fait plus chic pour parler de la pluie et du beau temps, mais surtout, l’image mentale créée n’est plus celle de la plage, du parasol ou du pastis siroté à la terrasse mais d’un couvercle étouffant sous lequel on cuit sans espoir d’en échapper. A l’heure de la grande peur du climat il n’y rien de tel que le choix de vocabulaire pour impressionner le bon peuple.

France Info a cependant commis l’erreur, en fin de semaine dernière, d’expliquer de quoi il retourne. Une speakerine a doctement annoncé que l’air chaud – une zone de haute pression atmosphérique persistante – est bloqué par l’air froid avoisinant, descendu du pôle (en l’occurrence, la dépression qui a persisté au-dessus du Royaume-Uni et de la Bretagne notamment, où l’on ne sort pas sans gilet depuis plusieurs semaines). Ce phénomène a également son nouveau nom : la « goutte froide ». (Mais que peut une goutte contre un gigantesque « dôme » couvrant des pays, voire des régions dans leur ensemble ?)

 

Dôme de chaleur : pour qu’il y ait du chaud, il faut du froid

Bref, cela n’affecte guère la température moyenne puisque les deux systèmes s’annulent mutuellement, en quelque sorte.

L’expression « dôme de chaleur » est de facture récente, en tout cas pour ce qui concerne autre chose que les « îlots de chaleur urbaine » bien connus. On la doit à la canicule de 2021 en Amérique du Nord, où l’on inventa cette nouvelle manière de qualifier un phénomène naturel, et sans doute vieux comme le monde…

 

Canicule ou dôme de chaleur : le mot qui tue

Quant à la canicule (du nom latin de la brillante étoile Sirius, Canicula, bien visible au cœur de l’été), on s’en plaint depuis l’Antiquité ; ainsi l’évêque Sidoine Apollinaire évoquait l’inclementia canicularis au Ve siècle, pour désigner « la chaleur excessive de la canicule ». On réservait alors les « dômes » à l’architecture, ce qui était certainement sage, et on n’attribuait pas les coups de chaud aux émissions industrielles de CO2, car il n’y en avait pas.

 

Jeanne Smits