Ouganda : sous prétexte de « ré-ensauvagement » et d’action climatique, des villages dévastés…

Ouganda ré-ensauvagement villages dévastés
 

Un projet britannique d’aide de 33 millions de livres sterling (plus de 37,5 millions d’euros) qui avait pour objectif d’aider les agriculteurs ougandais pauvres à faire face aux effets du changement climatique a eu pour résultat de détruire leurs récoltes et leurs maisons. Qualifié d’« inhumain » par les victimes, il les a laissées « au bord de la famine » sous prétexte de « ré-ensauvagement », et ce aux frais des contribuables britanniques.

Pire, ce projet a été monté en épingle par les autorités britanniques comme témoin de la « réussite » de l’aide à la lutte contre le « réchauffement climatique » en même temps qu’il était censé augmenter la capacité des « agriculteurs vivriers » à « gérer l’impact climatique ». Il porte d’ailleurs ce titre ronflant : « Building Resilient Communities, Wetland Ecosystems and Associated Catchments » (Construire des communautés résilientes, des écosystèmes de zones humides et des bassins versants associés).

 

Le ré-ensauvagement pour cause climatique = villages dévastés

Dans les faits, il a vu des exécutants locaux protégés par des forces de sécurité armées – on comprendra vite pourquoi – raser les cultures, les arbres et les maisons sous prétexte de « renaturer » les zones humides dans le cadre d’un projet mené par le Fonds vert pour le climat (GCF), qui a reçu 2,6 milliards de livres sterling provenant des contribuables britanniques.

Le GCF fait partie des organisations qui forment le Fonds international pour le climat, la très dispendieuse initiative du « financement international de l’action climatique » auquel l’Union européenne a pour sa part contribué, pour la seule année 2023, 28,6 milliards d’euros provenant de sources publiques pour financer la lutte contre le changement climatique, sans compter 7,2 milliards d’euros supplémentaires en financement privé afin d’aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux effets du changement climatique.

En Ouganda, donc, dans une opération destinée à préserver des marais, on s’est attaqué à des zones habitées et des villages qui, selon leurs habitants, n’ont jamais été officiellement désignés comme faisant partie des zones humides. Un homme âgé de 70 ans a été tellement choqué lorsque des fonctionnaires, accompagnés de policiers et de soldats armés, se sont présentés à l’improviste et ont coupé ses récoltes, qu’il est mort d’une crise cardiaque, affirment-ils.

 

En Ouganda, des villageois victimes du « ré-ensauvagement »

Une plainte a désormais été déposée contre cette opération qui remonte à novembre 2023 devant l’instance du Fonds vert pour le climat sobrement intitulé « mécanisme indépendant de réparation » (IRM), pour « violations flagrantes » des droits humains et pour la « famine » qui en a résulté.

« Ils ont envahi nos terres, nos maisons et nos plantations d’arbres, de bananes, de café et de cultures saisonnières comme le maïs, les haricots, le millet, le manioc, les arachides et le riz, et ils les ont rasées », détaille la plainte.

« Nous vivons sur ces terres depuis 150 ans, mais quand quelqu’un arrive avec une arme, que peut-on faire ? », a déclaré à la journaliste britannique Hayley Dixon, qui vient de publier une remarquable enquête sur la vérité de nombre dépenses pour le climat, le leader communautaire Ruhinda Kaboss. Celui-ci précise que les fermiers concernés n’ont à ce jour reçu aucun dédommagement de la part du GCF. S’il était attribué un jour, il serait lui aussi payé par le contribuable occidental, ponctionné deux fois…

 

Les investissements climatiques payés par le contribuable

D’autres plaintes au sujet de la même opération sont également en cours d’examen par l’IRM de ce fonds « vert » : dans d’autres villages, les accompagnants armés des préposés au « ré-ensauvagement » sont accusés d’avoir noyé un ouvrier de 17 ans ainsi qu’une fillette âgée de 8 ans.

Le « ré-ensauvagement » est à la mode : il a pour but de « rendre » la nature à la végétation et aux animaux sauvages et se fait par définition contre l’homme, considéré comme l’ennemi numéro 1 de la planète. Et en priorité contre l’homme occidental, la chair à canon de la fiscalité « verte »… Pour ce qui est de la sauvagerie, le processus semble remplir pleinement ses objectifs…

 

Jeanne Smits