Le réalisateur Arnaud Viard, né en 1965, a dirigé Clara et moi (2004), avec Julie Gayet, devenue célèbre depuis pour des raisons qui ne doivent pas à son seul talent d’interprète. Ce film est une tragicomédie des plus convenues sur la rencontre amoureuse, la formation du couple et le SIDA. Puis il n’a pas connu une grande carrière, pour le moins. Il a joué comme acteur dans des publicités, des petits programmes comiques, dont le feuilleton « Que du bonheur » 2008-2009 sur TF1. Il n’a réalisé aucun film. Et pourtant, il « fait » son deuxième film, annonce le titre. Comment procède-t-il ?
 
Dans Arnaud fait son 2e film, il se livre à un exercice d’introspection sur le travail de réalisateur. En soi l’exercice pourrait être intéressant ou amusant. Le cinéphile a songé à Kentoku Banzai / Glory to the Filmmaker – Vive le réalisateur, titre international anglophone – de Takeshi Kitano (2007). La bande-annonce, allusive, montrait peu de choses et proposait le meilleur du film. Eh bien, la première demi-heure s’avère totalement insupportable. Pour expliquer le travail de réalisation, longue et difficile, Arnaud Viard use longuement, images évocatrices à l’appui à l’écran, de la comparaison avec la constipation ou l’impuissance masculine dans les moments de plaisir avec une dame. D’où des consultations de proctologues et de sexologues. Il semblerait que le narrateur, à peu près assimilé au personnage réel du réalisateur en une distance volontairement nulle, ait effectivement souffert de ces désagréments. A quoi s’ajoute une troisième comparaison, celle d’un couple dans l’impossibilité de procréer, liée au deuxième problème et l’âge de la mère potentielle, quadragénaire. Ceci aboutit à des scènes de cliniques de fécondations in vitro, avec explication du processus et du travail à effectuer par le géniteur potentiel…Le spectateur honnête est vraiment pris de l’envie de fuir, tout simplement.
 

Arnaud fait son 2e film, loin d’une grande œuvre

 
Curieusement, après, brusquement, tout s’arrange nettement. Le personnage principal émeut en évoquant son amour pour sa vieille mère mourante. Même un post-soixante-huitard aux idées bien trop larges, impudique, inconstant, aime sa mère, ce qui rassure quelque peu. Puis le réalisateur montre son travail au Cours Florent, école d’acteurs, ce qui frôle le documentaire intéressant, et construit un vaudeville classique en trio entre lui-même, sa compagne et une de ses jeunes étudiantes…Mais rappelons que le premier tiers du film, fondamentalement insupportable, n’est pas racheté par la suite, à peu près honnête, et que l’ensemble ne tient nullement de la grande œuvre.
 

Hector Jovien