David Pujadas avait fait, jeudi, le déplacement de Berlin pour interroger le chancelier allemand, dans le cadre du journal de 20 heures de France 2, tout spécialement sur les difficultés de la zone euro. En répondant à ses questions, Angela Merkel a fait part de sa volonté d’une « coopération très forte » avec la France, mais sans se départir de la ligne politique qui est la sienne. En définitive, comme elle le dit très clairement, l’Allemagne fera ce qu’elle pourra…
Délicat équilibre que celui auquel était confrontée, dans cette rapide intervention de quelques minutes, Angela Merkel, et qui paraît une transposition exacte de la situation sur le terrain politique. Abordant, en réponse aux questions du journaliste français, les différents sujets auxquels doit répondre, dans une situation de réelle urgence, l’Union européenne, Angela Merkel ne pouvait faire l’impasse sur la question de la croissance. D’autant qu’il s’agit d’un sujet brûlant, nombre de partenaires européens de l’Allemagne lui reprochant son rigorisme en la matière.
Pour la France, l’Allemagne fera ce qu’elle pourra…
Angela Merkel a répondu en deux temps. Elle a remarqué que la zone euro, en tant que zone monétaire, disposait d’un instrument : « le pacte de responsabilité et de croissance », responsabilité et croissance constituant « les deux côtés d’une même médaille ». Ces deux côtés, a-t-elle observé, sont essentiels à la bonne santé de l’économie. Et d’ailleurs, l’Allemagne a prouvé qu’on peut « avoir de la rigueur budgétaire et de la croissance ».
Ayant rappelé le principe européen, et souligné que l’Allemagne était le bon élève de la classe, Angela Merkel s’est autorisé à donner un satisfecit à son voisin, en notant que, « en France, beaucoup de choses ont été mises sur les rails ».
Un bon point qui ne lui coûte guère, et qui surtout lui permet de faire remarquer à François Hollande, si prompt à jouer les fiers-à-bras sur les questions économique et politique, que la deuxième économie de la zone euro qu’est la France n’a, pour l’heure, pas réellement agi.
Ajoutant aussitôt, pour faire passer la pilule, qu’elle « souhaite une coopération très forte » avec notre pays, et que, pour y parvenir, « ce que l’Allemagne peut faire, elle le fera ». Ce qui signifie toutefois que c’est à la France de faire le reste…
Aussi avons-nous eu droit, en trois phrases, à une autre couche de pommade : « La coopération franco-allemande a contribué à relancer la croissance pour nos deux pays. » Si l’on admet que certains coopèrent plus que d’autres, sans doute.
Angela Merkel manifeste plus d’estime pour la Grande-Bretagne
On peut se satisfaire également, à l’Elysée, des expressions plus fermes employées par Angel Merkel à l’égard de la Grèce, par exemple.
Pourtant, il convient de se méfier de ces exercices de diplomatie. Angela Merkel, dans le même temps où elle recevait France 2, répondait également aux questions de la BBC. Sur une autre tonalité.
Elle a en effet admis que les dirigeants européens devaient peut-être envisager une modification des traités communautaires, si cela peut permettre le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne.
On notera que c’est là un discours pour le moins différent que celui que tient, sur le même sujet, François Hollande. Mais c’est surtout un propos qui prouve qu’Angela Merkel, comme elle l’a déjà manifesté précédemment, fait beaucoup plus de cas, sur le fond, du Premier ministre britannique que du président de la République française…
François Le Luc