Synode sur la famille : on ne peut adapter l’enseignement de l’Eglise aux modes de vie « païens » d’aujourd’hui, dit le cardinal Gerhard Müller

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Dans un entretien accordé au quotidien catholique allemand Die Tagespost, le cardinal Gehrard Müller a mis en garde contre toute tentative d’adapter l’enseignement de l’Eglise aux modes de vie païens actuels, affirmant avec force que c’est la porte ouverte au subjectivisme et à l’arbitraire. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi a parlé de manière ferme contre la tentation sociologique qui demande que l’on parte des réalités du vécu : une manière nette de rejeter la logique du discours de ceux qui veulent modifier la pastorale de l’Eglise au risque d’édulcorer son message. La presse allemande fait le lien avec le synode sur la famille où un autre cardinal allemand, Walter Kasper, a jeté le ballon d’essai de la communion pour les divorcés remariés et où la question des « couples » homosexuels s’est invitée au mépris de l’enseignement de l’Eglise.
 
« Si l’on place ces “réalités vécues” au même niveau que l’Ecriture et la Tradition, cela n’est rien d’autre que la mise en place du subjectivisme et du relativisme, drapés dans une pieuse terminologie à la fois sentimentale et prétentieuse », affirme le cardinal.
 

Le cardinal Gerhard Müller dit l’incompatibilité entre les modes de vie païens d’aujourd’hui et l’enseignement de l’Eglise

 
Il répond ainsi de manière non dissimulée aux propositions de Mgr Franz-Josef Bode d’Osnabrück, en Allemagne, qui avait invité à considérer les « réalités vécues » des personnes comme source d’information des vérités dogmatiques et morales, capables donc de les modifier pour les adapter à l’esprit du temps. Ses propos font également écho à la réunion à huis-clos de prélats, enseignants et chercheurs à Rome dont on sait qu’elle s’est déroulée dans ce même état d’esprit qui cherche une forme de compromis avec le siècle.
 
Les « réalités de la vie sont parfois très païennes » de nos jours, a rétorqué le cardinal Müller, notant que la foi n’est pas un compromis entre des idées chrétiennes acceptables avec des principes abstraits et une « praxis » païenne. « La liberté et la responsabilité individuelle des évêques sont renforcées par Rome, toutefois elles sont menacées par la nostalgie d’Eglises “nationales” et le marchandage en vue d’une acceptabilité sociale », alors que le pape leur a rappelé qu’au synode de cet automne ils auront la charge de « témoigner de la vérité révélée et de l’enseigner ».
 
A propos de la réunion du synode de l’ombre tenue à l’initiative du cardinal Reinhard Marx, le cardinal Müller a déclaré qu’il est bon que chacun puisse à tout moment échanger sur des questions importantes – mais il n’est pas possible d’aménager la vérité, a-t-il précisé.
 

Synode sur la famille : ce sont les « faiseurs d’opinion » qui veulent adapter l’enseignement de l’Eglise

 
« Si l’on adoptait ce principe selon lequel ce qui doit être tenu pour vrai dans l’Eglise est ce qui est mis en circulation par les faiseurs d’opinion, ceux qui se chargent de la conscientisation, alors l’Eglise serait ébranlée jusque dans ses fondements », dit-il avec force.
 
L’Eglise catholique romaine est « Mère et Maîtresse » de toutes les Eglises, a rappelé le cardinal Müller – une allusion aux velléités allemandes de fabriquer une Eglise autonome – qui enseigne et qui ne doit pas être enseignée. « Elle n’a n’a besoin de personne – pour supérieur et bien adapté à notre temps qu’il puisse se croire – pour lui apprendre les notions de la vraie Foi, puisqu’elle garde fidèlement, dans la tradition apostolique, ce que celle-ci a toujours conservé. »
 
Anne Dolhein