C’est un rapport du Sénat qui dénonce cette « aberration économique » : la pollution de notre air, de l’air de la France, aurait un coût estimé à plus de 100 milliards d’euros par an, si l’on considère tant les questions de production que de santé, ou de travail.
Plus de 100 milliards d’euros par an : tel serait le coût, pour la France, de la pollution de l’air, selon une commission d’enquête du Sénat, présidée par le sénateur Républicains de Meurthe-et-Moselle Jean-François Husson, qui a rendu un rapport intitulé Pollution de l’air : le coût de l’inaction. Très précisément – et on se demande comment on peut être aussi précis en la matière – 101,3 milliards d’euros. Soit, tout de même, plus de deux fois plus que les 47 milliards du méchant tabac.
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Précisons dès à présent que les estimations des coûts des dommages écologiques sont très fréquemment grossièrement exagérées et démenties par les études scientifiques indépendantes ultérieures. La morale écologique s’accommode fort bien de ces petits accrocs. Enfin le rapport précise, en une seule phrase lapidaire cachée en page 147, que « Le bénéfice net de la lutte contre la pollution de l’air serait de 11 milliards d’euros par an ». Les gros médias n’ont retenu que le coût global, 101 milliards, et non le bénéfice net, 11 milliards, qui retranche du premier le coût de la lutte contre la pollution. Peut-on d’ailleurs faire confiance au gouvernement et admettre que ses prévisions chargées idéologiquement aient une marge d’erreur inférieure à 11 % ?
Les rédacteurs de ce rapport considèrent que l’air est globalement « moins pollué », mais que la pollution « a changé de nature ». Moins concentrée au niveau des sites industriels, elle serait désormais plus diffuse, plus insidieuse donc. Et il s’agit là, nous explique-t-on, d’une préoccupation majeure tant des Français que des autorités. Il est vrai que, selon l’OMS, les particules, particulièrement en pointe lors des pics de pollution, sont responsables, chaque année, de 42.000 morts prématurées en France chaque année. On s’inquièterait à moins…
La pollution de l’air coûterait plus de 100 milliards d’euros par an
Toujours selon le Sénat, le coût sanitaire global (traitements des maladies, mortalité prématurée, absentéisme, etc.) représenterait « entre 68 et 97 milliards d’euros », et le coût non sanitaire (baisse des rendements agricoles, dégradation des bâtiments, etc.) atteindrait 4,3 milliards d’euros. Un coût global néanmoins « largement sous estimé », estime Leïla Aïchi, rapporteur de ladite commission, qui pointe le retard de la France et le « manque de recherches sur cette question ». La preuve en est que la France fait l’objet d’une procédure d’infraction lancée par la Commission européenne pour le non-respect des taux de particules dans certaines zones.
Il convient donc, déclare le Sénat, de s’attaquer aux sources principales de la pollution de l’air. Les transports, qui représentent 59 % des émissions d’oxydes d’azote et entre 16 et 19 % des émissions de particules fines, sont ici particulièrement visés. Avec l’appel à la mise en place d’une « véritable fiscalité écologique » : taxe sur les émissions d’azote, d’oxyde d’azote et de particules fines, renforcement des normes existantes, etc. En proposant de taxer les plus polluants, les auteurs du rapport pointent tout particulièrement le diesel. « A moins de manquer de volonté, il est tout à fait possible de gagner à l’horizon de cinq ans les 17 centimes d’écart entre l’essence et le diesel », déclare Jean-François Husson. Pourquoi, si cela est si dangereux, ne pas tout bonnement mettre en place une suppression progressive du diesel, qui, de bon élève il y a quelques années, est devenu subitement la bête noire de l’écologie ?
La France veut dépolluer avec idéologie
Subitement ? Lorsque le rapport s’attaque à « l’ambigüité persistante des pouvoirs publics », on se demande une fois de plus si écologie ne rime pas avec idéologie. Non qu’il s’agisse de défendre spécifiquement nos politiques, mais l’alignement systématique sur les conventions onusiennes, et la volonté de faire admettre par tous le protocole de Kyoto, avec taxes mondiales à la clef, montre que la protection de la santé de la planète et de ses habitants n’est souvent qu’un prétexte pour la mise en place d’une politique mondialisée.
Oh, bien sûr, la pollution de l’air est un problème grave. Mais les politiques devraient y réfléchir à deux fois avant de créer des systèmes économiques industriels polluants qu’ils trouvent ensuite le moyen de nous faire payer pour lutter contre la pollution. Une pratique à situer, selon les cas et les personnes, entre la bêtise et l’idéologie…