Le plus important de cette histoire, c’est qu’il va rentrer chez lui, sur la terre ferme, dans les îles Kiribati. Ioane Teitoa premier « réfugié climatique » au monde qui espérait obtenir le droit de s’installer en Nouvelle-Zélande, s’était vu refuser son visa – familial – en juillet. Trois mois plus tard, son départ programmé pour mercredi prochain ne le condamne pas à la noyade. Il a été considéré par la justice néo-zélandaise comme un détenteur de visa qui a outrepassé ses droits au séjour. C’est un « migrant économique », ont décidé les juges, et non un « réfugié climatique » comme il le prétend.
Il partira avec sa femme et ses trois enfants, tous nés sur le sol néo-zélandais.
Une autre décision aurait eu un effet immédiat : encourager les habitants de l’archipel de Kiribati à frapper à la porte de la Nouvelle-Zélande pour y refaire leur vie, et exercer une contrainte sur les autres nations à accepter bien d’autres populations qui fuient une hypothétique montée des eaux.
Ioane Teitoa, un migrant économique en habit de réfugié climatique
Si le danger avait été immédiat, la Nouvelle-Zélande en aurait décidé autrement. « Je n’écarte certainement pas l’idée qu’un Premier ministre et un gouvernement puissent à l’avenir agir de manière compassionnelle ; et je crois même qu’ils le feraient. Mais ce serait sur le fondement d’une réelle impossibilité pour ces personnes de vivre dans leur pays », a déclaré le Premier ministre, John Key.
Mais voilà : il ne suffit pas de s’appuyer sur les prédictions de l’ONU pour avoir les pieds dans l’eau.
Ioane Teitoa bénéficiait du soutien de militants écologistes et sa cause était devenue emblématique dans le monde entier. Des pasteurs protestants se sont également mobilisés : « Le changement climatique est une forme de persécution et nous avons tenté de sauver cette famille en demandant l’asile en Nouvelle-Zélande », a ainsi déclaré sur Radio New Zealand le révérend Iosefa Suamalie : « Aux Kiribati, il n’y a pas de vie, il n’y a pas d’espoir. Nous renvoyons les enfants dans un endroit qui n’est pas sûr pour eux. »
Les pétitions lancées par ledit révérend et les communautés Kiribati et Tuvalu en Nouvelle-Zélande, notamment auprès des travaillistes et des Verts, n’ont pas été entendus.
La Nouvelle-Zélande reconduira aux Kiribati leur « demandeur d’asile » – puisqu’elles ont encore la tête et les pieds hors de l’eau
Il faut dire que la montée des eaux est bien plus lente qu’annoncée, comme l’explique un rapport de la Global Warming Policy Foundation. Les Kiribati ont beau être l’une des terres les moins émergées, il n’y pas péril en la demeure.
Sur place, en Nouvelle-Zélande, le cas de Ioane Teitoa n’est pas abordé avec le romantisme de la presse de gauche.
Son ancien employeur, Frank Argent, a témoigné sur RadioLIVE du fait qu’il a licencié l’homme de 39 ans il y a quelques mois en raison de son comportement « destructeur ». « Toutes ces personnes le considèrent comme un “pauvre homme” mais je connais l’autre côté de l’histoire. (…) Justice a enfin été faite. » Teitoa a notamment fait l’objet d’une plainte pour agression : elle n’a pas donné lieu à des poursuites pénales mais Frank Argent s’était vu notifier par la police le fait que son employé avait reçu une mise en garde officielle, en même temps qu’elle lui indiquait comment recourir aux services de « soutien aux victimes ».
Voilà qui montre l’affaire sous un autre jour…