Le président d’Egypte Abdel Fattah al-Sissi demande à David Cameron d’« achever » sa mission en Libye
A quelques jours de sa visite au Royaume-Uni, le président égyptien Fattah al-Sissi s’est confié au Daily Telegraph pour évoquer, notamment, la situation actuelle du monde arabe. Lorsqu’il rendra visite à David Cameron à Downing Street jeudi soir, le général entend l’appeler à « achever la mission » qu’il a initiée avec les attaques des forces alliées contre la Libye de Kadhafi. « La Libye est devenue un danger qui nous menace tous », a-t-il déclaré.
Le grand promoteur d’un islam mis à jour – soluble dans le relativisme maçonnique ambiant – a plus largement critiqué la réponse militaire limitée de l’Occident face à l’Etat islamique, soulignant le fait que « la carte de l’extrémisme et de l’instabilité s’étend au lieu de se rétracter ». « Nous devons revoir nos priorités. »
Ce ne sont pas de nouvelles frappes que voudrait Al-Sissi en Libye, mais « une aide au peuple libyen et à l’économie libyenne » ; tant le Royaume-Uni que les autres membres de l’OTAN devraient y participer, estime-t-il, en même temps qu’ils devraient « faire cesser le flux d’argent et d’armes » vers les extrémistes.
Bref, des fonds et des actions musclées ?
David Cameron et l’OTAN interpellés par le général Abdel Fattah al-Sissi
Le général al-Sissi visite le Royaume-Uni pour la première fois depuis son accession à la présidence l’an dernier, avec l’objectif de renouer avec David Cameron qui avait soutenu le renversement de Hosni Moubarak lors du Printemps arabe.
Mais son message est au moins partiellement critique. Si les Alliés n’aident pas à « reconstruire » la Libye, celle-ci est en passe de devenir un « Etat failli » comme la Syrie.
« La Libye est un danger qui nous menace tous. S’il n’y a pas de gouvernement, cela ne peut que créer un vide où les extrémistes peuvent prospérer. C’est une mission qui n’a pas été complètement achevée. Ce qui s’est passé, c’est que la Libye a été laissée sans direction au moment où elle avait le plus besoin de notre aide. Maintenant nous avons une situation où la volonté du peuple libyen est prise en otage par des groupes militants. Nous devons soutenir tous les efforts qui visent à aider le peuple libyen et l’économie libyenne. (…) Tous les membres de l’OTAN – y compris la Grande-Bretagne – qui ont participé à la mission du renversement de Kadhafi doivent donner leur aide », a martelé Abdel Fattah al-Sissi.
« Achevez votre mission en Libye », dit le président de l’Egypte
Il rejette quant à lui les revendications selon lesquelles l’explosion d’un Airbus russe au-dessus du Sinaï serait un attentat de l’Etat islamique : cela reste de l’ordre de la « spéculation », a-t-il affirmé. Autrement dit : l’Egypte, elle, est maîtresse de la situation.
Il va de soi que les pays alliés dans le cadre de l’OTAN voient tout aussi bien le chaos qui règne en Libye que le général al-Sissi. Et sous certains rapports ils le voient même mieux puisque le pays peut maintenant servir de voie de transit aux flux interminables de clandestins.
Alors quoi, plus d’OTAN ? A-t-on un seul exemple d’un pays de la zone vraiment stabilisé par les frappes et interventions occidentales ? En réclamant le retour – d’une façon ou d’une autre – de l’Occident, Al-Sissi ne serait-il pas en train de jeter de l’huile sur le feu en justifiant son action ?