Macbeth est l’une des plus célèbres pièces de Shakespeare, et une des plus sombres. Dans l’Ecosse médiévale, poussé au crime par sa femme, plus ambitieuse et déloyale encore que lui, Macbeth, noble écossais, général victorieux et parent du roi, assassine celui-ci lors de son séjour dans sa demeure. Le crime, atroce, contrevient donc à toutes les lois morales : celle de la loyauté du sujet envers son roi – et un bon roi –, celle de la fraternité envers un parent, celle de l’hospitalité envers un invité.
 
Macbeth réussit à devenir roi d’Ecosse. Mais, ainsi que sa femme, ils sont ravagés par le remords. Shakespeare ne se comprend que dans une société chrétienne. Le film, fidèle à l’essentiel de la pièce, est sorti au moment de l’apparition médiatique du célèbre Jawad de Saint-Denis, assassin sorti depuis peu de prison, et logeur de terroristes, que l’on n’imagine pas une seconde rongé par le remords.
 

Macbeth manqué d’inspiration

 
Les époux Macbeth sont donc tourmentés. Macbeth est bien placé pour savoir qu’il doit se méfier des grands nobles : il les fait donc, les uns après les autres, massacrer préventivement, ce qui provoque assez logiquement des révoltes.
 
Si cette interprétation cinématographique n’est pas franchement mauvaise, elle ne convainc pas vraiment. Elle manque de souffle. Les coupes sont inévitables pour la transposition en film. Mais ont-elles été réalisées aux endroits les plus pertinents ? Il ne nous le semble pas : certains passages nobles ont disparu, tandis que les traits d’esprit vulgaires, d’origine, destinés à détendre l’atmosphère dans une pièce très longue, détonnent particulièrement. Il n’était nul besoin en outre de rajouter une scène initiale, qui se veut explicative, mais peu inspirée, de l’enterrement d’un enfant mort, qui frôle le contresens : la passion du pouvoir se suffit en elle-même, et est précisément au cœur de la pièce. Ce Macbeth, malgré les efforts des acteurs et quelques beaux décors, manque décidément d’inspiration.
 

Hector Jovien