Le cardinal Turkson déclare que le pape pourrait intervenir en cas d’échec des négociations de la COP21, et appelle à une forme de contrôle des naissances

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négociations doivent arriver au point mort à la COP21, le pape François pourrait intervenir, a déclaré le cardinal Peter Turkson aux journalistes lors d’une conférence de presse mardi. Le président du Conseil pontifical Justice et Paix, qui a participé de manière active aux diverses rencontres organisées ces derniers temps par le Vatican sur le climat, a lui-même appelé à l’« action internationale », vu que le changement climatique laisse entrevoir « l’horrible possibilité, toujours plus vraisemblable, que la terre devienne inhabitable ». Dans une interview donnée à la BBC en marge de la COP21, il a ajouté que l’Eglise voit dans le contrôle des naissances un élément de « solution ».
 
« Lorsque l’environnement est agressé, ce sont les pauvres, ceux qui ont le moins de moyens pour se défendre, qui souffrent le plus », a-t-il déclaré.
 

Le cardinal Turkson verrait bien le pape intervenir en cas d’échec de la COP21

 
C’est toute l’originalité du discours du Vatican sur le climat : il consiste à présenter la lutte contre le réchauffement (scientifiquement contesté) comme un devoir de justice à l’égard des pays pauvres. Ce discours a été vite adopté par les « réchauffistes » qui y ont trouvé un moyen d’en appeler aux cœurs.
 
Le pape François compte sur les négociateurs de Paris pour arriver à un accord pratique, a insisté le cardinal Turkson. « Si on en arrive à une impasse ou à une situation similaire, il pourra faire une déclaration ou un commentaire ou quelque chose comme ça, mais il se gardera d’exercer un pouvoir coercitif sur les choses, parce que ce ne serait pas son style », a déclaré le prélat.
 
Quel pouvoir coercitif ? Voilà une vraie question, puisque le cardinal Turkson ne dit pas que le pape « n’a pas » ce pouvoir, mais que ce n’est « pas son style » de l’exercer. L’autorité morale ne constitue pas techniquement un pouvoir. Alors, l’excommunication ? On ne voit que ça…
 
Le Vatican, a poursuivi le cardinal, soutient la norme des « 2° C » d’élévation de la température depuis le commencement de l’ère industrielle plutôt que le 1,5° C proposé par certaines nations.
 

Le contrôle des naissances pour contrer les effets du changement climatique

 
Lors d’un entretien avec la BBC, le cardinal Turkson a parlé selon la même logique en affirmant que le « planning familial » peut « constituer une solution » à certaines préoccupations environnementales et au manque de nourriture qu’entraînerait le réchauffement. Il a ajouté que le pape François a « invité les gens à utiliser une certaine forme de contrôle des naissances, parce que l’Eglise ne s’est jamais opposée au contrôle des naissances et à l’espacement des naissances et tout ça. » Il a précisé que ce « contrôle des naissances » correspondait aux méthodes naturelles de planning familial.
 
Il faut savoir qu’en anglais les mots « birth control » (contrôle des naissances) utilisés par le cardinal désignent la contraception. Sa déclaration reste donc ambiguë malgré la précision qu’il a apportée avec une certaine force toutefois : « On ne s’occupe pas d’un bien à l’aide d’un autre mal : l’Eglise veut que les gens soient nourris, alors il faudrait faire ce que l’Eglise ressent comme un mal ? C’est un genre de sophisme que l’Eglise ne partage pas. »
 
Pie XII était plus précis qui affirmait en 1951 : « L’Eglise sait considérer avec sympathie et compréhension les difficultés réelles de la vie conjugale à notre époque. C’est pourquoi, dans notre dernière allocution sur la morale conjugale, nous avons affirmé la légitimité et en même temps les limites – bien larges, en vérité – d’une “régulation” des naissances, qui, contrairement à ce qu’on appelle le “contrôle des naissances”, est compatible avec la loi de Dieu. »
 
Qu’une figure éminente de l’Eglise comme le cardinal Turkson en vienne à affirmer, sur l’autorité de paroles du pape qui n’allait pas jusque-là, que le « contrôle des naissances » puisse constituer une sorte de devoir non au vu des circonstances particulières de chaque couple mais eu égard à la population de la planète constitue une nouveauté inquiétante.
 

Anne Dolhein