L’agence officielle russe Sputnik s’extasie sur ce qu’elle appelle le « nouveau paradigme global » : l’alliance entre la Russie, l’Iran et la Chine qui, en renforçant leur coopération, sont en train de redéfinir l’équilibre du monde. Les rapprochements récents pourraient être d’une grande signification, souligne l’agence, citant l’enquête de l’auteur américain Carol Gould que celle-ci venait d’évoquer longuement sur la chaîne d’informations iranienne Press TV.
Carol Gould prévoit une « redéfinition » de la situation globale à la fois sur le plan stratégique et politique, facilitée par la levée des sanctions contre l’Iran.
Elle a notamment cité la récente visite du président chinois, Xi Jinping, au pays des mollahs (voir ici sur reinformation.tv) : les rencontres de Téhéran se sont soldées par 17 accords formels de coopération dans de nombreux secteurs, y compris l’énergie, le commerce et l’industrie, avec à la clef une multiplication par dix d’échanges bilatéraux déjà importants menés à la barbe des sanctions occidentales : ils devraient atteindre quelque 600 milliards de dollars à la fin de la prochaine décennie.
L’Iran courtisée par la Chine et la Russie pour renforcer la nouvelle alliance
Xi Jinping et Hassan Rouhani ont également signé un accord conjoint apportant le soutien chinois à la candidature de l’Iran à l’Organisation de coopération de Shanghai, l’alliance créée après la chute de l’Union soviétique en 2001, notamment pour assurer la stabilité des frontières chinoises face aux anciens satellites de l’URSS. Elle regroupe, outre la Russie et la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, auxquels devraient se joindre en 2016 le Pakistan et l’Inde. La Russie est elle aussi favorable à cette entrée de l’Iran dans ce nouveau bloc où d’aucuns voient un contrepoids à l’OTAN.
Fondée à Pekin où se trouve le secrétariat de l’OCS, l’un de ses buts revendiqués est « la création d’un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et démocratique ». Dans ce pays modèle qu’est la Chine ?
Non dénuée d’aspects militaires – de nombreuses manœuvres communes s’ajoutent à la création d’une instance commune de « lutte contre le terrorisme » l’OSC représente une force de frappe considérable avec les gigantesques armées et les capacités nucléaires de la Chine et de la Russie.
L’Iran, doté d’un statut d’observateur auprès de l’OSC, a demandé à y adhérer pleinement dès 2008, chose rendue impossible par le régime des sanctions.
Un nouveau paradigme global facilité par la levée des sanctions contre l’Iran
Leur levée s’est également traduite par un rapprochement entre la Russie et l’Iran puisque les deux Etats ont déjà signé un accord simplifiant les procédures de voyage, qui entrera en vigueur en février. Dès décembre dernier, le ministre russe du Commerce et de l’Industrie, Denis Manturov, s’était rendu à Téhéran pour annoncer que « la Russie est intéressée par un dialogue avec l’Iran à propos du potentiel de la coopération dans les domaines de l’aviation, de la construction navale, de l’énergie, de l’agriculture et des transports, ainsi que des industries de la métallurgie et de la pharmaceutique et bien d’autres encore ».
A la surface, cette nouvelle coopération est d’ordre commercial, plutôt que d’être fondée sur la « force militaire » : c’est ce qu’a affirmé Carol Gould en indiquant qu’elle ouvre le chemin à une nouvelle grande alliance dont la Chine pourrait bénéficier au premier plan dans un contexte de croissance trop rapide de son économie et de rétrécissement de ses échanges avec les marchés occidentaux eux-mêmes en crise. Evoquant une nouvelle crise bancaire comme celle de 2008, Gould a souligné que la Chine avait tout intérêt à se rapprocher davantage de ses partenaires asiatiques.
Mais le rapprochement serait fatalement militaire aussi – et l’on croit deviner que les turbulences financières à prévoir dans les pays de l’OTAN sont considérées comme autant d’atouts par l’axe Chine-Russie-Iran… et quelques autres.