Lors d’une conférence de presse commune avec Jarosław Kaczyński donnée mardi depuis le siège du parti Droit et Justice (PiS) pour marquer les deux ans de son gouvernement, le Premier ministre Beata Szydło a déclaré que la Pologne avait gagné sa dispute avec l’UE en ce qui concerne les quotas de migrants. « L’Union européenne a modifié sa manière de voir la crise migratoire sous l’influence de l’attitude décidée et ferme de la Pologne en ce qui concerne la manière dont il faut gérer la politique migratoire », a affirmé Mme Szydło, ajoutant que c’est grâce au gouvernement polonais que « La manière de concevoir la politique migratoire dans l’UE est toute autre » aujourd’hui, avant de conclure : « Nous avons gagné cette dispute avec l’UE. »
Beata Szydło fait le lien entre les quotas de migrants et le risque terroriste
La Pologne, qui a refusé d’accueillir les demandeurs d’asile arrivés illégalement en Italie et en Grèce, « est un pays libre de tout terrorisme », a également souligné le Premier ministre polonais. « Après la décision du Premier ministre Kopacz [qui avait remplacé Donald Tusk après le départ de ce dernier à Bruxelles, NDLR], Jarosław Kaczyński avait dit que nous agirions autrement. Il y aura de l’aide humanitaire – nous coopérons avec Caritas et la fondation Aide à l’Eglise en détresse et nous réalisons différents projets. De plus en plus d’argent est consacré à l’aide humanitaire. »
Beata Szydło a encore annoncé au cours de cette conférence de presse que la Pologne et le Groupe de Visegrád continueraient de montrer comment « la politique migratoire doit être gérée pour que les Européens se sentent en sécurité ».
Les attaques de l’UE contre la Pologne ne se résument pas à la question des migrants
Il se trouve que le Parlement Européen organisait mercredi un débat (le cinquième en deux ans !) sur la démocratie et l’état de droit en Pologne. Une résolution a été adoptée, à 438 voix contre 152, qui permet de lancer le processus pouvant déboucher sur le recours à l’article 7 du traité de l’UE, un article qui permet éventuellement, à l’unanimité des autres Etats membres, de suspendre un pays dans ses droits au sein des institutions européennes. Si la question des quotas de migrants n’était pas au centre des discussions, il est évident que le refus des politiques immigrationnistes européennes par Varsovie est au moins en partie à l’origine de ses problèmes avec la Commission et le Parlement Européen. Du reste, officiellement, la résolution était principalement motivée par les projets de réforme de la justice en cours de discussion au parlement polonais. A-t-on jamais vu le Parlement Européen et la Commission européenne s’ingérer de la sorte dans le débat législatif des États membres à l’étape des projets de loi ?
Selon les informations fournies à Réinformation.TV par le député polonais au Parlement européen Marek Jurek, plusieurs intervenants ont d’ailleurs avancé comme argument contre le gouvernement du PiS la grande marche patriotique organisée samedi à Varsovie non pas par le PiS ou le gouvernement mais par les nationalistes polonais. Pour en faire un élément à charge, certains n’ont pas hésité à reprendre à leur compte les mensonges diffusés par certains grands médias à propos de cette manifestation.
Avec les quotas de migrants, la Pologne a sans doute, avec les autres pays du Groupe de Visegrád, gagné une bataille contre l’UE, mais elle n’a pas encore gagné la guerre.