Le pape François parle aux jeunes sur Disney+ : de la « com » à la complaisance

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Le pape François s’est prêté l’été dernier à une session de questions-réponses sans tabous avec un groupe de jeunes pour la chaîne Disney+. L’émission Amén a été étrennée en pleine Semaine Sainte, le 5 avril, bénéficiant d’une publicité bien prévisible, vu la nature des sujets abordés : argent, migration, pornographie en ligne, homosexualité, avortement… Une jeune femme se disant catholique lui a même offert, « avec beaucoup d’amour et de respect » un foulard vert, symbole de la lutte pour le « droit » à l’avortement en Amérique latine, bordé en l’occurrence des couleurs arc-en-ciel des militants homosexualistes et portant l’inscription « avortement libre, sûr et gratuit ». Le pape a accepté le cadeau empoisonné avec un sourire, embrassant la jeune femme en larmes et lui disant « merci ».

Mais qu’est-il allé faire dans cette galère, ont demandé beaucoup de catholiques, à tel point que le très convenable magazine Famille chrétienne a parlé d’un « piège » où le pape s’est laissé prendre, avertissant ses lecteurs qu’il est « inutile… de visionner ce documentaire dans l’espoir d’une édification en cette Semaine Sainte ». Bien vu. Mais la démarche du pape appelle une analyse plus approfondie, des réponses à bien des « pourquoi ».

 

Disney+ : de la propagande homosexualiste à la glorification du mal

Le premier pourquoi concerne précisément le choix du média. L’entreprise Disney est aujourd’hui aux antipodes de Blanche Neige, de Cendrillon et des mignons animaux de la forêt qui faisaient rêver les enfants d’une époque révolue. Les dessins animés les plus récents sacrifient aux idoles de l’idéologie du genre ; en 2017, le film Coco faisait même de la propagande pour les superstitions précolombiennes sur la mort et son royaume. Deux ans plus tard, ce fut le tour de Maléfique, le pouvoir du mal, relecture de La Belle au bois dormant du point de vue de la méchante sorcière désormais réhabilitée, écolo-friendly et dont les amis avaient été injustement précipités dans les régions inférieures de la terre.

Ajoutons que pour voir le documentaire intégralement, il faut s’abonner à Disney+ et ce faisant, participer à la réussite financière d’une entité qui est très clairement au service du rejet du vrai Dieu.

Il n’y avait donc rien à attendre de ce rendez-vous ; sinon éventuellement de faire parvenir une parole de vérité, un début d’évangélisation là où la foi est proscrite ? Si tel était le propos du pape François ou – plus probablement – celui des conseillers qui ont pu lui vanter l’intérêt d’une telle rencontre, l’échec est lamentable. Car loin de tenir un langage clair, qui peut demeurer amène et miséricordieux, François s’est bien souvent laissé embourber, quand il n’a pas carrément favorisé la confusion et la complaisance à l’égard du mal.

 

Le pape François affiche sa complicité avec les jeunes – et c’est la vérité qui en sort amoindrie

Dix jeunes de divers pays ont participé à cette conversation en espagnol, au cours de laquelle le pape a joué la carte de la complicité, accusant l’Eglise de « s’oxyder » dans la mesure où elle se transforme en « club de gens bien qui accomplissent leurs affaires religieuses ». « Il faut sortir aux périphéries ! », martèle le pape. Air connu.

« Veux-tu savoir ce qu’est l’injustice sociale ? Va aux périphéries. Et quand je parle de périphéries, je ne parle pas seulement de la pauvreté, mais des périphéries culturelles, existentielles », dit-il, vantant les « révolutionnaires qui ont su changer les structures ».

Interrogée par une jeune fille originaire des Indes et qui a été emmenée par ses parents aux Etats-Unis où elle étudie la médecine, le pape répond au sujet des migrations et des gens qui meurent en essayant de traverser des mers et des frontières : « Cela se passe aujourd’hui, cela se passe aux frontières de l’Europe et parfois avec la complicité d’une autorité qui les renvoie. Il y a des pays en Europe – je ne veux pas les citer pour ne pas avoir de problème diplomatique – qui ont des petites villes ou des villages presque vides, des villages où il n’y a pas plus de 20 personnes âgées et des champs en friche. Et ces pays, qui subissent un hiver démographique, n’accueillent pas non plus de migrants. » Et de dénoncer la différence d’accueil réservé par les populations européennes selon l’origine des réfugiés : excellent pour les Ukrainiens, froid pour les Africains. Les problèmes religieux, culturels liés à l’immigration massive ne sont même pas évoqués.

 

Un foulard pro-avortement pour le pape

Sur l’avortement, le pape a su tout de même trouvé moyen de contredire son interlocutrice, en notant que les femmes en souffrent profondément et qu’il convient en effet de les « accompagner » : « Je dis toujours aux prêtres que lorsqu’une personne vient les voir dans cette situation, avec une mauvaise conscience, parce que la marque que laisse l’avortement sur une femme est très lourde, je leur demande de ne pas poser trop de questions et d’être miséricordieux, comme Jésus. »

Il ajoutait cependant que l’embryologie nous enseigne que l’enfant conçu « n’est pas un amas de cellules » : « Est-il licite d’ôter une vie humaine pour résoudre un problème ? Ou si j’ai recours à un médecin, est-il licite d’engager un tueur à gages pour ôter une vie humaine afin de résoudre un problème ? Il est bon d’appeler les choses par leur nom. C’est une chose d’accompagner la personne qui a fait cela et une autre de justifier l’acte. »

Mais de conseils quant à la chasteté selon l’état de vie, la juste manière de vivre, il n’y en eu point d’aussi clairs.

Confronté à des lesbiennes, une jeune fille se disant « non-binaire » et à une autre qui gagne sa vie grâce à la pornographie en ligne et qui expliquait comment elle accédait aux demandes de ses clients, le pape conservait sa posture « accueillante », expliquant que tout être humain est « enfant de Dieu » et qu’il n’a pas le droit d’» exclure » quiconque de l’Eglise. Que de confusion et de connivence dans ses paroles. Qu’en est-il du baptême ? Et du péché qui sépare de Dieu ?

 

Disney+ a dû être ravi de diffuser l’émission “Amén” !

Ceux qui osent poser de telles questions sont d’ailleurs rejetés d’une manière fort peu inclusive. Comme le dit le pape à la jeune « non-binaire » : « Ces gens sont des infiltrés qui se servent de l’Eglise au profit de leurs passions personnelles, de leur étroitesse personnelle. C’est l’une des corruptions de l’Eglise. »

A la jeune fille qui vend son corps par internet interposé, il répond que les réseaux sociaux ont la valeur de ce qu’on y met, et qu’en vendant de la drogue par ce biais, on fait du mal. Mais il aborde la question de la responsabilité et de la pornographie de manière indirecte, semblant ne pas vouloir condamner trop frontalement l’activité en tant que telle pour conserver l’agrément d’un dialogue ouvert et compréhensif. Il conclut : « Le sexe a sa dynamique, sa raison d’être. L’expression de l’amour est probablement le point central de l’activité sexuelle. Tout ce qui t’entraîne ailleurs et qui te fait sortir de cette orientation diminue pour toi l’activité sexuelle. » Mais il ajoute que la « catéchèse sur le sexe est encore dans les langes ».

Quelle occasion ratée…

 

Jeanne Smits