Angela Merkel ouvre les frontières de l’Allemagne aux migrants et « sauve » l’esprit européen… cosmopolite

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L’Allemagne, c’est « l’espoir » ! Voilà ce qui jaillit médiatiquement et qui doit être pensé par tous. En ouvrant temporairement ses frontières et en accueillant des dizaines de milliers de migrants, de réfugiés, Angela Merkel s’est dessinée une auréole… qu’elle veut imposer au front de toute l’Europe, État après État. Un geste qui tombe à point nommé après la photo choc du petit Aylan. Désormais, il deviendrait vraiment mal de ne pas agir…
 

800.000 demandeurs d’asile pour 2015

 
Depuis samedi, l’Autriche et l’Allemagne ont accepté d’ouvrir temporairement leurs frontières aux milliers de réfugiés syriens débarqués en Hongrie. Ce week-end, 20.000 « réfugiés » sont arrivés jusqu’à Berlin – encore 10.000 étaient attendus hier, lundi… Une nouvelle enveloppe financière de 6 milliards d’euros pour l’accueil et l’intégration des réfugiés a été décidée. Berlin veut aussi accélérer les procédures d’examen des demandes d’asile et revoir le système d’allocations financières accordées aux demandeurs d’asile.
 
L’Allemagne attendrait donc, cette année, 800.000 demandeurs d’asile, un record absolu dans l’Union européenne. Un journal allemand a estimé samedi que le coût se chiffrerait à quelque dix milliards d’euros, soit quatre fois plus que ce que le pays a dépensé en 2014. Une estimation confirmée par Berlin qui parle de 13.000 euros pour chaque réfugié – mais pour combien de temps ? Et c’est sans compter les postes supplémentaires d’enseignement et d’administration, ainsi que les renforts de police… Mais Mme Merkel a assuré qu’il n’en coûterait rien aux contribuables.
 

L’afflux de migrants va « changer » l’Allemagne

 
Et puis de toute façon, c’est une bénédiction du ciel : l’afflux de migrants va « changer » l’Allemagne, a déclaré la chancelière, lundi – on se demande pourquoi elle a tant attendu. « Ce que nous vivons est quelque chose qui va continuer de nous occuper dans les années à venir, nous changer, et nous voulons que le changement soit positif et nous pensons que nous pouvons y arriver ».
 
Nous, c’est-à-dire aussi l’Europe.
 
Les gros titres du journal allemand Bild am Sonntag sont significatifs : « Merkel arrête la honte de Budapest »… Le Bien et le Mal ont désormais leurs personnifications. On parle de « guide moral » pour l’Europe. Merkel peut, de fait, appeler les États à respecter « leur devoir de dignité, pilier des droits civils universels » : elle se trouve ainsi en position de force pour imposer les quotas à l’ensemble des pays membres.
 

Le geste de Merkel refonde l’esprit européen… cosmopolite

 
Par ce geste « charitable », elle fournit un modèle d’ouverture et de générosité, « saisissant et émouvant » comme elle a qualifié l’arrivée des migrants : l’affect impose son code d’honneur.
 
Médiatiquement, il faut donner l’impression que cette action est auréolée de tout l’esprit européen possible. Alors même que les Etats européens sont profondément divisés, alors même que les opinions populaires restent très méfiantes et que les partis politiques s’opposent. A l’intérieur du bloc conservateur allemand, des divisions ont aussi éclaté : les alliés bavarois de Merkel l’ont accusée d’avoir envoyé un « signal totalement faux » au reste de l’Europe. Et le Premier ministre de la Bavière a été sans appel : « Il n’y a pas de société qui pourrait faire face à quelque chose comme ça ».
 
Mais, comme le disait le professeur de sciences politiques Christophe Bouillaud, dans un entretien à Atlantico, « les pays européens qui ne sont pas d’accord avec cette ligne montrent surtout qu’ils n’ont pas compris les obligations qui leur incombent désormais en tant que partie intégrante de cette puissance humanitaire que prétend être l’Union européenne. L’Europe actuelle n’est ni le club de défense de la race blanche version Guillaume II contre le « péril jaune » ni celui de la défense de la religion chrétienne contre l’athéisme version Pie XII ». C’est clair.
 

Plus de frontières : une nouvelle ère pour l’Europe ?

 
Le geste de Merkel profite des dernières larmes versées sur le petit Aylan Kurdi, pour imposer sa politique au reste de l’Europe, en dépit des derniers courants dits « xénophobes » et « réactionnaires »… En dépit, même, des règles de Dublin qu’elle a transgressées sur le renvoi des immigrés au pays qui les a laissé passer ! Rien que pour cela, la grosse presse canonise l’Allemagne : elle a enfreint la loi pour sauver les valeurs européennes ! (C’est drôle, quand certains veulent passer outre la loi pour sauvegarder des valeurs réellement européennes à travers l’héritage chrétien, confer le mariage gay, ils sont davantage jetés dans les fers.)
 
Hollande, en tout cas, apprend très vite : il a aussitôt annoncé lundi que la France était prête à accueillir 24.000 personnes en deux ans, et a plaidé pour un mécanisme de quotas entre les pays européens. Il ne faudrait pas manquer la médaille de la Vertu européenne.
 

Clémentine Jallais