“Amoris Laetitia”
L’exhortation apostolique du pape François
Entretien exclusif à Rome avec Roberto de Mattei


 
 
Vendredi 8 avril 2016, le pape François rendait publique son exhortation post-synodale Amoris Laetitia sur l’amour dans la famille. Si, dans l’ensemble, le document de 260 pages a été reçu avec enthousiasme par un grand nombre de médias occidentaux, de gauche en particulier, il n’en a pas été de même pour les courants « conservateurs ».
 

La vive inquiétude de Roberto de Mattei

 
Roberto de Mattei, que nous avons rencontré à Rome ces derniers jours, dit sa grande inquiétude en raison d’une dérive toujours plus grande de l’enseignement de l’Eglise Catholique. Célèbre professeur à l’Université européenne de Rome, auteur de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues – parmi lesquels Vatican II, une histoire à écrire – il a été consulteur au Conseil Pontifical des Sciences historiques. Roberto de Mattei, « l’intellectuel le plus fin du traditionalisme italien » selon Alberto Melloni, est actuellement Président de la Fondation Lépante et de l’agence d’information Correspondance Européenne.
 

Un changement de doctrine voulu par le pape François ?

 
A propos de l’accueil des divorcés-remariés par exemple et de la communion pour ces mêmes couples auxquels le pape « ouvre la porte », Roberto de Mattei estime qu’on ne peut « changer la praxis sans changer la Doctrine. La position traditionnelle de l’Eglise nous enseigne qu’il n’est pas possible de donner la communion aux couples divorcés-remariés. Mais la nouvelle position affirme qu’en pratique, on peut voir certaines exceptions. Or, si on ouvre la porte pour certains, cela va relativiser le principe. Ce qui caractérise la morale, c’est qu’elle est absolue. Si on accepte quelque exception, toute la morale tombe ».
 

Amoris Laetitia en contradiction avec la morale catholique ?

 
L’intellectuel italien ne voit pas comment la communion donnée aux couples divorcés remariés pourrait mener à « une situation positive pour l’Eglise ». Le texte dit en effet qu’il existe des situations, qui sans être parfaites sont sur la ligne du mariage. Mais cela signifie aussi, affirme Roberto de Mattei, « l’abolition du péché mortel, du pêché grave ».
 
Entretien réalisé à Rome par Armel Joubert des Ouches
 

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