Le Barnevernet norvégien dans le viseur de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui appelle au respect des droits fondamentaux des enfants

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« Les enfants ont le droit d’être protégés contre tous les types de violence, d’abus et de négligences », ont déclaré jeudi les membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), « mais ils sont aussi le droit de ne pas être séparés de leurs parents contre leur volonté, sauf quand […] c’est absolument nécessaire dans le meilleur intérêt de l’enfant. » Dans une résolution votée à une large majorité sur la base du rapport du vice-président du parlement moldave Valeriu Ghiletchi adopté le 27 avril dernier par la Commission des affaires sociales, de la santé et du développement durable de l’APCE, les parlementaires ont énumérés des conditions strictes qui devraient être satisfaites avant que des services sociaux ne décident de retirer un enfant à sa famille. Rappelons que le rapport de M. Ghiletchi avait été commandé par l’APCE à la suite du scandale de la famille roumano-norvégienne Bodnariu dont les 5 enfants – dont un bébé de 3 mois – avaient été retirés par le Barnevernet norvégien à leurs parents en 2015 et qui ne leur ont été rendus que grâce à de très fortes pressions internationales. C’est la raison pour laquelle la critique des pratiques du Barnevernet occupe une place particulière dans le rapport qui a entraîné le vote pour la résolution adoptée jeudi, même si le rapport et la résolution concernent tous les pays européens.
 

Le vice-président du parlement norvégien confirme devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe les reproches faits au Barnevernet

 
Au cours du débat qui a précédé le vote de la résolution, l’intervention de Morten Wold (à partir de la minute 41’12 de la vidéo des débats) a été particulièrement remarquée. M. Wold est en effet vice-président du parlement norvégien et membre du Parti du Progrès, membre de la coalition gouvernementale en Norvège. Avant son entrée dans la coalition de gouvernement, ce parti était très critique du Barnevernet mais a depuis mis ses reproches en sourdine. Pourtant, devant l’APCE, le parlementaire norvégien a reconnu que les reproches faits aux services sociaux norvégiens dans le rapport Ghiletchi sont malheureusement conformes à la réalité et que les droits fondamentaux des enfants et des familles sont régulièrement violés en Norvège.
 

Une résolution qui pourrait favoriser l’octroi de l’asile à une Norvégienne et sa fille en Pologne

 
Ce vote de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe pourrait aider la Norvégienne Silje Garmo qui a demandé l’asile avec son bébé en Pologne. Silje Garmo attend toujours la décision finale du ministre des Affaires étrangères polonais après que l’Office des étrangers a confirmé en janvier le bien-fondé de sa demande d’asile en raison des tentatives répétées des autorités norvégiennes pour lui retirer la petite Eira sans raisons valables. La deuxième condition pour obtenir l’asile, qui diffère en Pologne du statut de réfugié, c’est néanmoins que l’octroi de l’asile soit dans l’intérêt du pays, et c’est ce qui semble être à l’origine des hésitations du ministre qui a, le 22 juin dernier, reporté le délai pour sa décision au 20 juillet prochain. La Norvégienne jouit cependant de nombreux soutiens en Pologne, et une décision positive du ministre des Affaires étrangères polonais serait pour Oslo une motivation supplémentaire pour s’attaquer enfin au problème des abus commis par les services sociaux en Norvège.
 

Le consul de Pologne à Oslo empêché par le Barnevernet et des policiers norvégiens de fournir une assistance consulaire à une famille polonaise

 
Varsovie dispose par ailleurs d’un nouveau motif pour accorder l’asile à cette mère norvégienne et sa fille. Il y a quelques jours, les autorités norvégiennes ont violé la Convention de Vienne sur les relations consulaires en bloquant physiquement, avec l’aide de la police appelée à la rescousse par les fonctionnaires du Barnevernet, l’accès du consul de Pologne à Oslo à une réunion entre ces fonctionnaires et des parents polonais convoqués après s’être vus retirer leur fils de six ans sur dénonciation de l’école de ce dernier. Le site de l’organisation norvégienne Christian Coalition World a eu accès à une description de l’événement et ces faits ont été confirmé à l’auteur de ces lignes par un activiste polonais contacté par la famille. Le consul de Pologne s’est présenté à la demande des parents polonais convoqués par le Barnevernet afin de leur fournir une assistance consulaire. Quand il a invoqué la Convention de Vienne devant les policiers norvégiens et les fonctionnaires du Barnevernet qui lui barraient le passage, ceux-ci lui ont répondu : « Dans notre pays, nous avons nos propres règles ».

 

Olivier Bault