Des milliers d’autocollants contre l’avortement sur les Vélib’ à Paris : « Ils ont beaucoup d’argent ! »

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Jeudi matin, les Parisiens ont pu constater qu’une campagne de collage particulièrement efficace avait été réalisée par des militants pro-vie : nombre des vélos de location qui truffent les rues de la capitale avaient reçu sur leur garde-boue arrière un sticker aux mesures et répondant à la charte graphique de Vélib’. Un seul message : « Et si vous l’aviez laissé vivre ? » L’affaire a été largement commentée par les média, notamment par France-Info qui a laissé la parole à Sarah Durocher, co-présidente du Planning familial. Celle-ci assurait : « Ils ont toujours eu des idées, ils ont beaucoup d’argent, ce qui fait qu’ils peuvent faire ce genre de campagne impressionnante. »

Même son de cloche chez Isabelle Rome, ministre déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes : elle dénonçait sur Twitter une campagne « massive anti-avortement (…) inacceptable ». Anne Hidalgo, maire de Paris, si compréhensive avec les éboueurs qui ont transformé sa ville en décharge à ciel ouvert pendant des semaines, a elle aussi fait appel au réseau social d’Elon Musk pour dire son dégoût : « Le collage anti-IVG revendiqué par les mal-nommés “Survivants” est une honte pour notre République, pour Paris et ses valeurs. Je vais prendre toutes les mesures pour que cela ne se reproduise pas. »

 

Paris « couvert » d’autocollants ? Pas si vite !

Des murs d’ordures, c’est acceptable ; l’image, façon schéma de l’évolution, d’un embryon qui devient cycliste, c’est le réveil de la bête immonde, et la preuve de la force occulte et néfaste d’un mouvement sur le point de renverser les « droits des femmes »…

Pas si occulte que cela, en fait : le collage a été revendiqué en effet sur le site des « Survivants » et sur les réseaux sociaux par le groupe spécialisé dans les messages pro-vie qui frappent l’imagination, et donnent à sourire ou à réfléchir. Sa représentante, Alix, a précisé : « On a conscience que c’est parfaitement illégal mais on estime que c’est un mal nécessaire pour faire entendre notre voix et notre message. L’espace public est monopolisé par une seule voix et on voudrait proposer autre chose. »

Eh oui, ce n’est pas si souvent qu’un message pro-vie parvient à briser l’omerta sur l’avortement. Et l’on pouffe de rire devant la mise en garde de la pasionaria du Planning familial dont le financement, largement par le contribuable, se chiffre en centaines et en millions d’euros, contre ces colleurs d’affiches qui « ont beaucoup d’argent ».

 

Une campagne contre l’avortement, délit ultime dans notre « culture de mort »

Beaucoup d’argent, pour faire concevoir une campagne (sans doute par des bénévoles) ? Beaucoup d’argent pour imprimer des autocollants ? Ce serait déjà absurde si les « Survivants » avaient réussi à couvrir tous les Vélib’ de Paris, mais à y regarder de plus près, ce sont « différents secteurs de Paris qui sont touchés, en particulier dans le 14e et le 10e arrondissement », rapporte France-Info. Mieux, les autocollants ont été découverts sur « plus d’une centaine de vélos », selon le SAVM responsable du parc de vélos « partagés » de la capitale. Il suffit d’une dizaine de jeunes un peu dégourdis pour expédier le collage en l’espace d’une demi-heure, et encore, sans sceaux ni brosses ni colle…

Voilà qui fait – allez, soyons généreux, évaluons le prix du sticker à 5 euros l’unité – une campagne « massive », réalisée par des gens qui ont « beaucoup d’argent », à 500 euros TTC (ou 1.000 grand maximum si des vélos décorés sont passés entre les gouttes du décompte officiel). Cela correspond au coût d’un ou deux avortements chirurgicaux au tarif actuel de la sécurité sociale.

Quant au coût d’opération des Vélib’, il était évalué en juin dernier à 44 millions d’euros de fonds publics en quinze ans par Challenges. Pour ce qui est des vélos volés ou « privatisés », il y en a jusqu’à 1.000 par semaine, sans compter ceux qui sont vandalisés pour le plaisir, sans que Mme le maire, M. le responsable des vélos partagés ou le ministre des transports ne s’en émeuve.

A l’aune de la notoriété de la campagne, on peut dire, c’est vrai, que l’investissement des « Survivants » s’est révélé redoutablement efficace. Mais si les défenseurs de l’enfant à naître avaient réellement « beaucoup d’argent », pour aider les femmes enceintes ou pour décrire la tragique réalité de l’avortement, on n’en serait pas à 220.000 « IVG » par an.

 

Mieux vaut voler 1.000 Vélib’ qu’en munir une centaine d’autocollants pro-vie

Tout centime dépensé pour favoriser le choix de la vie représente en réalité une fortune aux yeux des « pro-mort », toute prise de parole contre l’avortement est aussitôt assimilée à une violence faite aux femmes…

La violence, parlons-en. Celle de feu le Dr Xavier Dor ? Lui qui s’était fait condamner pour avoir parlé de la défense de la vie à naître à une femme qu’il pensait enceinte, en lui montrant des chaussons ? Au tribunal, l’avocate du Planning familial avait dénoncé « la violence des chaussons », je l’ai entendu de mes oreilles.

Ceux qui ont participé aux chapelets pour la vie de l’association SOS Tout-petits ont pu apprécier la « violence » de ce vieux monsieur frêle et quasi-aveugle, qui se faisait injurier par les contre-manifestants armés d’œufs et d’autres projectiles, et qu’on entendait scander : « Gloire à Satan »…

Et voilà qui explique tout : l’inversion permanente qui veut qu’on défende les « droits » des femmes en les poussant à éliminer l’enfant qu’elles porte ; qu’on parle de violence pour décrire la douceur dès lors que celle-ci touche au tabou de l’avortement ; qu’on dénonce une campagne « massive » visible sur une centaine de vélos ; qu’on traite de riches et de puissants ceux qui ont dépensé quelques euros et donné de leur temps pour défendre les vrais opprimés de notre siècle de la « mort choisie ».

 

Jeanne Smits