Autocollants contre l’avortement sur les vélos en libre-service : JCDecaux et Lyon portent plainte

Avortement Autocollants Vélos JCDecaux
 

Incroyable mais vrai : la société JCDecaux et la ville de Lyon portent plainte contre l’association Les Survivants qui a apposé des autocollants contre l’avortement sur les vélos en libre-service de la ville. Avec des tweets moralisateurs et vengeurs, alors que jamais on ne leur a vu la moindre réaction quand de tels vélos ont été dégradés ou volés. C’est une véritable inversion morale : les propagateurs du massacre des innocents portent plainte contre ceux qui tentent de sauver les plus fragiles, alors qu’ils laissent depuis toujours courir les voleurs et les vandales.

 

A Lyon comme à Paris, JCDecaux s’occupe de vélos

L’histoire des vélos en libre-service dans les grandes villes françaises est un long échec financier au service d’une volonté idéologique sans frein, et une bonne mesure de la décadence morale en milieu urbain. Déjà en 2009 notait que « Depuis le lancement à Paris en juillet 2007, 18.000 vélos ont été dégradés et plus de 8.000 volés. » Et Albert Asséraf, directeur général stratégie-études et marketing chez JCDecaux relevait sans s’émouvoir : « C’est bien simple, en moyenne, chacun des 20.000 Vélib’ parisiens a été remplacé au moins une fois » ; il ajoutait « nous apprenons en roulant ». Bien que les vols (bien plus nombreux que prévu) plombassent ses profits, la société JCDecaux ne fulminait pas alors, pas plus que la mairie de Paris.

 

Le droit sacré à l’avortement « en péril » !

Pourtant celle-ci a porté plainte contre l’association Les Survivants parce que celle-ci a collé des autocollants sur ses Vélibs. Et celle de Lyon va en faire autant pour la même raison : on pouvait lire sur un tiers des « Velovs » lyonnais la phrase suivante : « Et si vous l’aviez laissé vivre ? » Cette fois, c’en était trop ! JCDecaux porte plainte, et les élus de la capitale des Gaules crient leur indignation. Le maire de Lyon a aussitôt condamné une « campagne ignoble ». Et Bruno Bernard, président EELV de la Métropole de Lyon a tweeté : « Dans la nuit, un groupuscule identitaire a dégradé les VéloV de la Métropole de Lyon avec une campagne abjecte anti-IVG. Les équipes sont mobilisées pour retirer ça au plus vite. Les responsables seront poursuivis. L’avortement est un droit (…) ».

 

Autocollants « ignobles », avorteurs vertueux

Ce ne serait que ridicule et disproportionné si le vocabulaire choisi n’était révélateur. Choisir « groupuscule identitaire » pour désigner Les survivants manifeste une double manipulation : le mot groupuscule tente à la fois de réduire l’importance du sentiment anti-avortement et de pousser ses partisans vers les extrêmes ; et le mot identitaire, complètement hors de propos, va dans le même sens. Le mot dégradé est un mensonge qui sonne ironiquement quand on songe au vandalisme chronique qu’endurent ces vélos sans que cela n’émeuve aucun élu. Et si « les équipes » se mobilisent, si l’on poursuit les responsables c’est qu’est mis « en péril » (le mot est du maire de Lyon) le droit fondamental à l’avortement. Pour « défendre » le droit de tuer le plus petit, on traînera devant les tribunaux les « identitaires » « ignobles » qui osent coller cette phrase sacrilège : « Et si vous l’aviez laissé vivre » ?

 

Pauline Mille