COMEDIE DRAMATIQUE L’Avenir ♥♥♥


 
L’Avenir est un singulier film français, qui propose une forme d’escapade philosophique. Il révise de nombreux aspects des notions-clefs au programme de terminale, comme l’Art, la Vérité, l’Amour, la responsabilité, l’engagement – dans la société ou la politique. La vie d’une enseignante sexagénaire de philosophie de terminale, en un bon lycée parisien, permet de se confronter à toutes ces questions. Son mari, philosophe de profession aussi, enseignant au prestigieux lycée Henri IV, avoue, après des décennies de mariage, une liaison. Aussi décident-ils de divorcer. Cette séparation marque-t-elle la reconquête d’une « liberté » ? Ce serait trop simple et trop optimiste.
 
L’Avenir ose dépasser les clichés de magazines féminins, sinon généralistes. Une femme sexagénaire a statistiquement toutes les chances de rester seule. En outre, une grand-mère a passé l’âge des liaisons amoureuses. Cette réflexion de bon sens, parmi d’autres, fait presque figure d’audace à notre époque, où est matraqué un hédonisme absolu absurde. De même l’engagement politique ne signifie pas nécessairement militer à l’extrême gauche… L’enseignante a cru au communisme dans sa jeunesse, a su confronter son idéal égalitaire aux réalités de l’URSS et des pays communistes, et en tirer les conséquences politiques et morales : au nom de la dignité humaine, de tels systèmes ne peuvent être soutenus. Elle mène un long dialogue avec son ancien meilleur élève, agrégé de philosophie, démissionnaire pour former une sorte de kolkhoze international dans le Dauphiné. Détient-il pour autant quelque vérité plus nette, quelque supériorité morale sur l’enseignante, qui considère que sa mission consiste à apprendre à penser ? C’est vraisemblablement ce qu’elle a de mieux à faire en effet.
 

L’Avenir : un fort bon film

 
Cet iconoclasme réjouissant reste au seuil des provocations dangereuses : par exemple, il y a des vérités historiques que la loi interdit de questionner, il faut surtout obéir. Quant au questionnement sur Dieu et la religion, il reste superficiel, avec des citations brèves de Pascal. Le curé qui enterre à la chaîne des personnes fort peu croyantes, dont la mère de l’enseignante, soupire à peine devant le caractère à l’évidence peu croyant de défunts qu’on lui demande d’enterrer religieusement. Ils sont morts très souvent en délicatesse avec les lois de l’Eglise, en particulier celle du mariage. Cette attitude n’invite guère non plus à la réflexion religieuse ; il ne semble que peu convaincu lui-même, et le plus triste est que ce portrait de clerc désabusé sinon sceptique paraît assez crédible à notre époque.
 
L’intrigue-prétexte est néanmoins bien construite, possède son existence en soi, sa logique. Les différents personnages ont tous quelque consistance. L’interprétation du personnage principal par Isabelle Huppert, à son meilleur niveau, est à saluer par sa justesse.
 
L’Avenir est donc un fort bon film, et un remarquable exercice de style cinématographique à deux niveaux de lecture.
 

Hector Jovien

 
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